lundi 4 juillet 2011

Bilan part three

After one year, after (presque) two years: Les années cégep

2005:
Récapitulons. Entrée au cégep en grand, en douce. Clique 2005-06, c'est Simz, Caro, Pierre-Luc, Maude, René, peut-être même Mathieu "19e siècle" Forget. On parle de films trash, ça fume à gauche et à droite. Sinon, ya les cours de tennis avec la délicieuse Cynthia Landry, à qui je trouvais des airs semblables à Jess. Bref, elle me liftait à chacun de nos cours près de la future station Cartier. Dans ces cours, j'y ai aussi fait la connaissance d'une vraie bombasse belge: Natalie. Avec son accent cassé et sa voix éraillée, ses longs cheveux d'or, ses yeux félins, et ses seins pointus, j'en avais pour des nuits à suer, complètement bandé. La rigolade, c'est qu'en rentrant d'un match du Canayen, elle était dans la même rame de métro que moi, mon frère et son pote qui n'arrêtaient pas de me pousser vers elle. J'ai fini par lui demander son numéro, que j'ai écrit en quelque part, que j'ai perdu quelques jours plus tard. Merci destin!
Côté couple/amours/etc, Laurent et Cynthia ont vu leur appartement chier dans leurs mains. Puis se fut le tour du couple. J'étais un peu déçu, mais pas tant que ça. On s'est ramassé avec plusieurs de leurs chatons, dont Mimine junior et Noireaud. De mon côté, j'ai reçu la dernière lettre à vie de mon ange gardienne qui venait avec un CD mix de plusieurs titres, en général plutôt cucu-la-praline. À plusieurs occasions, j'ai voulu lui réécrire, et puis finalement, ça n'a jamais été le bon moment... Alors on s'est perdus de vue.
C'est aussi le 31 octobre 2005 où j'ai ma première visite au légendaire bar Le Dallas, ainsi que ma première vraie brosse: avec Patrick Aubin, un fendant de la clique finissante, je bois plus d'une demi-douzaine de Smirnoff Ice en moins de deux heures. Inutiles de dire que j'ai passé l'heure qui suivait la tête couchée de côté sur mon avant-bras à vomir MA VIE. On finit l'année 2005 en grand à la projection avec nos merdes dont on était tellement fier, mais surtout avec un auteur qui sera mon mentor pour les années à venir: Jerome David Salinger.
Pris d'une certaine maladie, j'ai dû me rendre à la clinique où j'allais poiroter un bon moment, alors je m'étais apporté une lecture. L'attrape-cœurs. Mise en contexte: je viens d'avoir 16 ans, j'ai coulé plusieurs cours (plus de la moitié en fait) et craint affreusement un renvoi du cégep ainsi que de la maison. Et voilà que je lis le récit d'un gars de 17 ans, expulsé de son collège et qui refuse de rentrer chez lui, sous peine de se faire engueuler solide, alors il traine dans la grande ville de New York... J'ai partagé ses pensées, ses craintes, ses haines, comme les vrais petits cons que nous étions à tout envoyer chier, sans jamais rien apporter de quoi de constructif pour un meilleur monde. Bref, c'était le début d'un amour fou avec cet auteur.

2006:
Après avoir relu "Zombies" de Bret Easton Ellis, je décide que l'histoire de Cheryl Laine sera le scénario de mon film de 5 minutes pour le "real deal". Mais bon, le prof trouve ça trop complexe et préfère me mettre dans l'équipe des bouffons. Leur idée de film: un gars qui badtrip sur une olive. Moi qui tripais mise en scène, dramatique, on me refourgue la place du technicien son sur une comédie à deux sous. Fine. Au moins, ya la charmante Jade Lauzon et la petite chix Alexandra Falcon. Fin janvier, méga panne de courant, juste après un examen d'histoire du cinéma. Ça nous empêche pas de nous rendre au Dallas pour boire comme des trous, jaser philo et jouer au billard avec des profs. Si ma mémoire est bonne, c'est aussi ma vraie première puff de cigarette. Merci Bob Despaties!
Vers février mars, je découvre la beauté de Tegan and Sara. Puis, on tourne à Saint-Eustache; durant l'aller, chose Drolet met "Je joue de la guitare" de Leloup, et me dit à quel point c'est un génie, ce à quoi j'acquiesce sans trop savoir de quoi il parle. Sur place, ya des amis d'Alex qui arrêtent pas de déconner et c'est chiant. Au retour, on manque de se péter la gueuler solide quand on me ramène dans mon quartier pourri. La fin de la deuxième session, c'est aussi mon assistance sur un plateau de 2e année pour être photographe et faire l'affiche de leur film. Première journée dans un quartier éloigné de Montréal, l'actrice qui se trouve à être la tante de la réalisatrice, Kader Akyol, pète un plomb et offre la clope à tous et toutes. Moi inclus. Ma première top au complet, le buzz. Second et troisième jour, on se trouve dans des décombres, près de l'école Sophie-Barat. Rencontre avec le frère de Kader, un brillant avocat qui jubile devant mes photos. On finit la session avec nos films, et je trouve honnêtement que notre film rock plus que les autres. Je commençais à accepter mon sort de gars du son.

Simz m'avait parlé d'un groupe... Les portes... Right. J'vais essayer d'écouter ça. J'achète un bestove des Doors. "Riders on the storm"... Oh God. En vélo, je passe par le boulevard Sainte-Rose pour m'arrêter sur rue des Charmes, je m'installe dans le pré, et j'écoute la pluie de la track. Sérénité just kicked in. J'ai commencé à chercher les parcs, à lire Rimbaud, à écrire des poèmes, à fumer mes premières cigarettes (indiennes) by myself. C'est aussi mon petit séjour à Embrum chez Karianne et ses parents, notre trip à Ottawa, le show punk, sans oublier mon dernier passage à La Ronde, avec mon frère, durant lequel j'ai seulement fait deux ou trois manèges maximum, préférant lire les nouvelles de Salinger. Summer's Almost Gone, et je commence le bouquin d'Aldous Huxley sur le peyotl à la fête de la famille du père. Un gars dans la trentaine (un cousin ultra éloigné dont on entend jamais parler) avec des costumes m'invite à jouer avec les enfants. La clope au bec, le nez dans le bouquin sur les drogues hallucinogènes, je le regarde avec un air qui dit: "Tu te fous d'ma gueule, ou...?" Le gars a l'air trop content, avec une petite voix aiguë, et il insiste. Moi aussi: "Nah marci. Je lis et c'est suffisamment intéressant."
Et je viens d'apprendre que ce 30 juin 2011, ce même type s'est pendu, après une dépression de 4 ans.
Des fois, je me dis que je suis chanceux d'être amorphe par moment. Quand on est jamais trop joyeux, ni trop malheureux, ya jamais le danger de finir ça aussi brutalement...
Parlant de mortalité. Mon premier chat, je l'ai eu pour mes 2 ans. J'ai grandi avec un genre d'ami slash demi-frère slash souffre douleur pendant plus de 15 ans. Pendant les plus grandes peines, il était là, pendant les plus grandes colères et les plus importantes joies. Il est parti, puis revenu. Et vers la fin de mes 17 ans, il a commencé à avoir des convulsions, il courrait après sa queue pour l'arracher, et non pas pour jouer. Il était maigre à mourir. J'osais à peine le flatter, sa colonne étant trop prononcée.
Alors on l'a fait piquer à la SPCA... Comme j'étais en voiture avec mon père, je n'ai pas osé une larme. Ni en laissant Mimine dans une cage, pleurant sa délivrance, ni en sortant de la SPCA, ni dans le retour en voiture. Je n'ai jamais pleuré la mort de mon meilleur ami et confident... Et je le regrette encore aujourd'hui.
Ma chambre ne pouvait plus rester la même depuis son départ. Alors on a décidé des couleurs )blanc, bleu ciel, vert forêt) et on s'est mis au pinceau. Fini le vert lime pâle. Bonjour zen. Adieu poster de gamins (nintendo et Safarir, kicked out), bienvenue Morrison et Lennon.

La première semaine d'août 2006 reste un des meilleurs moments de l'année. J'ai été pour la première fois au Cinéma du Parc qui annonçait sa fermeture avec une merveilleuse programmation: j'y ai vu (ou revu) entre autres Requiem for a Dream, Lost Highway, Mullholland Dr., Down in the Valley, Lost in Translation et Eraserhead. Une semaine complète de films, dans un minuscule ciné sous-terrain, je vous le jure, c'était l'euphorie! Et ça continue quelques jours plus tard, avec un signe de Dieu. J'avais commencé un recueil de textes sur les premières fois en amour, en parallèle des discussions avec une amie de Saint-Constant, Marie-Ève. Le 17 août 2006 au soir, épuisé par mon célibat éternel, je me suis promené loin, et suis tombé sur l'école Twin Oaks. Assis sur une balançoire, j'ai demandé à Dieu si mon jour allait venir, celui où je tiendrai une fille dans mes bras, avoir nos cœurs battre à la même mesure; pas par pression sociale ou quoi que ce soit, mais simplement par envie naïve. En rentrant, je me branche sur MSN et Marie me jase, m'invite à passer la journée avec elle à Montréal (à travers milles commentaires d'amour niais). J'ai sauté sur l'occasion, et remercié le ciel de m'avoir offert un présent si rapidement. J'ai donc passé la journée (18 août) avec elle, entre Berri et Mont-Royal, à la regarder tendrement, à fondre devant la robe qu'elle voulait s'offrir pour sa fête, à jubiler dans le photomaton, tous deux collés à faire des faces bidons, des bisous... à la caméra. Je retourne dans mon patelin, plein de belles images...
À la rentrée des classes, j'avais de nombreux cours à rattraper, dû aux multiples échecs. Puis, Simz avec son recueil de poésie et son Essai 1, Mélissa (une nouvelle), la soirée d'accueil (avec les téquilas chez Olivier, suivit du joint à côté du Pizzadélic qui m'a fait virer vert).

9 octobre 2006, deuxième rencontre avec Marie-Ève... Je l'attend à Berri, on va sur St-Laurent, voir des courts métrages sur l'amour au Ex-Centris, après quoi on s'assoit au square St-Louis, et on jase (avec une courte interruption d'un itinérant qui lui dit qu'elle a des beaux yeux et tout). On se rend ensuite à la station de métro... Devant les tourniquets, on reste plantés comme des piquets... Un éclair sa main dans mes cheveux ses lèvres sur les miennes les langues pénètrent la chaleur dévastatrice les yeux fermés le paradis.
Mes lunettes sont croches, ma fourche raide, la tête ailleurs, elle part, moi aussi... Au bas de l'escalier, chacun attend son train. Je me place devant elle, de l'autre côté. Elle est assise, le regard sur ses espadrilles, les yeux en larmes, et je panique, pense à traverser les tracks... Mon métro arrive, je rentre, mes yeux toujours fixés sur elle... J'ai envie de pleurer de tristesse, mais une joie embarque tout de même. Mon tout premier baiser. J'en étais si perturbé que je suis descendu de l'autobus près de 10 km avant mon arrêt...
Un autre évènement marquant: celui que j'avais laissé couler au fond de sa bouteille de vodka, à l'après-bal, Mathieu, et bien il est revenu à la vie. Je ne me souviens plus qui d'entre nous deux a fait les premiers pas, mais j'ai repris de ses nouvelles, comme quoi il allait au collège Dawson et qu'il se félicitait d'avoir quitter Brébeuf, tout comme moi. À peine quelques jours plus tard, aux nouvelles, on parlait d'un gars qui avait fait une fusillade à ce collège. J'ai paniqué, et j'ai appelé Mathieu aussitôt que j'ai pu. La chance était de son côté, ayant foxé les cours ce jour-là.
Party d'Halloween chez Olivier, Simz qui frenche sans cesse sa Sandrine (Sablerine for the win), ma première job en tant que caméraman pour le collège (bar des sciences où le frère de mon père participe)...

On finit l'année plutôt maussade avec un autre amour impossible, pour ne pas dire complètement stupide et primaire. Fred, la femme punk aux milles couleurs de cheveux, au sac spiky. Pour elle, en une soirée, j'ai écouté la presque totalité des albums de Pink Floyd, juste pour la séduire, lui montrer à quel point je m'intéressais aux mêmes choses qu'elle (PHONY! =D). Après la projection des documentaires (dont je ne fais pas partie, merci Milieu et Méthodes encore failed), j'essaie de faire des "premiers pas" vers Fred Boobarella. En la corrigeant sur une date d'album des Floyd, je la renfrogne. Ben bravo, big boy. Et tout au long de la soirée, ya René qui la spot aussi pas mal souvent... Ça finit en queue de poisson, et personne n'a gagné. Noël: je reçois ma première guitare (tiens, je pense à Dassin et ses plus belles années! Humm... Ouaiiiiiis...) et mon cadeau auto-given: un best of majestueux de Massive Attack qui tourne sans arrêt. Plus tard, dans un party de famille à Québec, je lis un post de René qui fait une sorte de déclaration à la miss. Réaction: je pète un plomb, bois plusieurs Mojito de mon cousin, et sors fumer et jaser avec mon frère pendant une marche au grand froid obscure. God que les femmes me font rusher... Le lendemain, on loue des films. Après Click d'Adam Sandler et Ice Age 2, il ne reste plus que moi, plongé dans la pénombre de minuit à regarder Last Days de Gus Van Sant. On quitte la capitale avec un clavier électronique. Je finis de lire "Les Mains Sales" de Sartre, après avoir dévoré Huis Clos (et l'imaginer mis en scène avec Fred, moi et une autre greluche).

J'essaie de faire mon choix de cours pour la session d'hiver 2007... Ah tiens. Expulsé. Recoucou, Holden.

2007:
Je fais tout de même un tour au collège, question de voir les potes, avoir des nouvelles. Fin janvier, je propose à Mélissa de venir avec moi à un concert d'Amélie Veille, puis cinq jours plus tard, c'est elle qui m'invite à faire de quoi. On va d'abord à son appartement où plusieurs colocs nous voient entrer, avant de quitter pour les cités d'or, j'ai nommé les bars de Montréal. En bref, on s'est gelés un max avant de trouver l'intime St-Ciboire, où on a jasé pendant deux bonnes heures. Après cette sortie, j'ai fini mon double recueil de poésies et de nouvelles, puis suis allé en ville avec le paternel où j'ai eu mon premier breakdown. En plein centre-ville (Peel), j'ai paniqué devant les milliers de personnes dans la rue, sous le poids de mon expulsion, ainsi que la fin de mes écrits. Quel but avais-je alors? Si je n'ai plus rien à faire, à écrire... Mélissa m'offre alors un boulot de rêve: jouer dans un film. Bon, le scénario est un peu prechi precha, mais j'aime faire partie d'un plateau, même si je dois en partager le tiers avec ma mère qui y participe aussi! Puis, je passe trop de temps à déprimer sur la guitare, alors je divague sur Facebook, nouveau réseau social un peu étrange. Je retrouve plein de gens de Brébeuf, dont Alexandra Adgeg, une blonde écossaise. Oups, non j'te connais pas, j'me suis trompé, mais tant qu'on y est, on peut jaser, ouais d'accord! Elle est copine avec une autre fille de Brébeuf qui habite pas trop loin de chez moi, alors on fait une mini rencontre improvisée en vélo dans le coin de la rue Édith, j'apprends à connaître Celtic Woman, STARS, mais surtout Imogen Heap. On s'entend bien, alors je l'invite à aller en ville, où je veux acheter des billets pour le film des Daft, 'Electroma', puis une visite au Archambault avant d'aller se taper un film magnifique, 'After the Wedding'. Pendant tout le film, je sens sa jambe sur la mienne, je n'ose pas poser ma main sur la sienne, le stress, quess qu'elle est jooolie...
En mai, je porte les premiers CV de ma vie... Résultat, on m'embauche presque aussitôt à l'épicerie du coin, à la boulangerie. En fait, le lendemain de la projection d'Electroma...
Métro, mes premiers punch in punch out, mes pains mous pas assez cuits, l'étuveuse qui coule, le four l'envie de brûler, dormir dans le frigidaire, Jeffrey les palettes noires, la commande du dimanche matin, le surplus de tout, la machination, panini sac de 4, kaiser sac de 6. Bref, tout ça roule trop vite pour moi, mais j'ai du fric! Je m'achète une petite enregistreuse numérique, écoute du Daft Punk, Chemical Brothers et Everything But The Girl derrière mon comptoir à étiqueter les sacs. Vers la fin juillet, ça commence à chier sérieusement, alors je rends mon tablier. Juste pour qu'on ne m'appelle pas le 7 août qui suit. On quitte en bons termes, je suis libre, et de l'argent dans le compte en banque. Première révolte.

Le concert ALIVE 2007, c'était toute la magie. Depuis plusieurs mois, j'écoutais le concert de Coachella '06, connaissais les moindres détours, les tweaks, j'avais réservé ma chambre d'hôtel, le même que Simz et moi avions été pour Meddley Poetry, y avais déposé tous mes disques des Daft et la revue des Inrocks... Et j'étais seul au show, seul dans ma chambre, ce soir-là, à écouter 'Blow up' d'Antonioni qui venait de mourir... Le lendemain, je suis revenu chez moi, déposer mes trucs, manger un peu, puis retour en ville, au St-Sulpice, boire à la santé de Mathieu Forget, qui n'est plus avec sa copine, Lacia, qui fête ses 18-19 ans peu importe. Avec lui sont rassemblées quelques personnes de sa job, dont une jeune femme de 26, petite mais chaude, mature. "Est-ce que tu m'embrasserais?" je lui dis. "Seulement si tu embrasse Mathieu". I didn't mind. J'étais ivre de musique électro de la veille et quelques pichets, et je voulais seulement l'embrasser, cette femme. Most majestic kiss ever. Ses doigts dans mes cheveux, la langue, les rires, le wow, putain. LE WOW. Je finis sur le sofa de Mathieu, me lève vers 8h am. Les cours recommencent bientôt. Mélissa est partie, il reste Fred et une autre. Ah tiens, c'est Lacia, l'ex à Mathieu. Parle-parle

dimanche 3 juillet 2011

3 juillet - Bourgogne

Musique: Sur le fil
---

Ses lèvres avaient pris la couleur du vin. Quelques uns commencèrent à entrer suite à une délicate pluie, s'annonçant plus torrentielle. La serveuse suggéra de les suivre, mais elle préférait observer la scène sous le parasol. Ses yeux prenaient une teinte orangée sous les éclairs, tandis qu'elle contemplait le sol martelé, reflétant le parc à la manière des impressionnistes. On aurait tenté de peindre son visage nuageux qu'il aurait fallu mille et une toiles, tant son expression changeait devant chaque gouttelette. De ses pupilles fines, une lumière subtile. Une aura; de bonheur, ou de tristesse, nul n'aurait deviné.

Les doigts longilignes sur la cigarette qu'elle porta à sa bouche, elle inspira puis souffla d'un tremblement inavouable. Une jambe par dessus l'autre, la robe suivant les ondes légères du vent et les orteils lovés au creux de leur habitacle, deux simples souliers de travail à talon. Ses paupières s'éteignirent lentement, comme s'il avait fallu déplacer monts et vallées pour les clore. Un second éclair, et d'un coup, ses iris flambaient à nouveau, presque émerveillés. Elle but une timide gorgée, puis reposa sa coupe, descendant les doigts jusqu'au pied, les posant là, à la base, l'index caressant le verre.

L'autre main peigna ses cheveux ténébreux et lisses comme la soie avant de s'arrêter entre son cou et son étole bourgogne qui la protégeait du froid. Son regard devint de glace lorsqu'il s'arrêta sur moi.

Elle éteignit son mégot avec douleur, dans laquelle j'ai cru sentir une certaine hargne. Puis elle s'est réfugiée avec les autres, sur une chaise au bar.

Mes yeux à moitié clos l'avaient fixée tout au long de sa silencieuse et immobile parade, tandis que la pluie me noyait, seul et sans parasol. Et je m'en voulus de ne pas avoir goûté au vin porté à ses filiformes lèvres, dès son invitation à m'assoir près d'elle que j'avais refusé d'un rire étouffé, toujours trop gêné et paranoïaque pour croire à une telle chance...

vendredi 1 juillet 2011

1er juillet - Canicule blues

Nostalgie. Non pas d'une époque passée, car chacune a son charme et ses faiblesse, mais plutôt d'une période de la vie: l'enfance.

C'est une longue phase, sur le plan du développement, mais pourtant si courte sur l'échelle d'une vie normale (moins d'un dixième). On apprend à parler, à marcher, on se fait des amis, parfois même une ou plusieurs copines, tellement la notion d'amour est floue et sans importance. Avec l'âge, on se frappe à des murs, comprend que certaines choses ne peuvent être dites ou faites, sous peine de se ramasser une claque dans la figure ou se faire envoyé promener. Graduellement, la désillusion prend le dessus et on se contrôle, par peur que tout acte puisse devenir répréhensible.

Bref, la notion de liberté diminue et devient pratiquement inaccessible. Un tel, à un âge avancé, ne peut plus se permettre de dire simplement: "Veux-tu devenir mon ami/ma blonde?" au simple premier regard. Il faut parader, se vendre, autant physiquement que mentalement. Deux adultes qui se compliquent la vie pour être ensemble, parfois séparés de plusieurs dizaines de kilomètres, et qui au final, donnera une vie commune tout aussi complexe: compromis sur le pain à acheter, compromis sur les positions au lit, compromis face à la famille.

Un garçon traverse sa rue. Juste devant sa maison, habite une petite fille. Ils sont dehors, se font un bisou, marche au parc, à un coin de rue. Ils se tiennent la main.

Les plus belles histoires d'amour ne peuvent être écrites, ou filmées. Les mots sont superflus. N'importe que le sentiment de bonheur, simple et partagé, indescriptible. Sans compromis, ni philosophie ou poésie. Aucune complication, dans la tête d'un enfant pour qui tout est possible, des monstres sous le lit à l'amour réel.

Je suis trop vieux pour cogner à la porte devant moi, et faire "tu veux prendre une marche au parc?", sans risquer un rire mesquin, un claquage de porte ou un pied dans la fourche.