dimanche 31 octobre 2010

T'as d'la suite dans les idées, Johnny Suntag

Tu chôme peu, Johnny Ramoneu
Les idées divaguent et se ressemblent
Tu diverges vers divers ensembles.
Faudrait te calmer, Johnny Sunflower.

On fait des rimes pourraves,
C'est pas pour la galerie qu'on s'éclate
C'est fini l'été. Faudrait en rev'nir.
Tu t'amuses, Jo la Cerise
Oublies tes p'tits conflits pis mange des fruits confits.

T'as la banane bien édentée, Johnny Peté
Relis tes phrases, fais tes dedo, tes dedos, tes devoirs, petit espoir de malheur.
Par la fenêtre on va lancer des fleurs, mon p'tit cœur.
Au salon, au plaisir de lire, au San-A.
Ah, tes p'tits tours de malfrats, je les connais, Johnny Bonnet.

Le sommeil est lourd, mon sale troubadour de joueur de tour.
La carcasse fume, et t'es là à regarder les nuages.
Mais qu'arrivera-t-il de bon avec toi, mon Johnny Flamand?

Heureusement, ya les jours gris
Tu panique, tu frémis, à présent, qu'a sonné l'heure
Désolé un instant, prêt à recommencer... oh là!
Tu te trompe de chanson, Jo Les Caleçons Longs!

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c'est don' le foune de faire du direct. La magie de la télé sans filet, mesdémes zé mécieurs.

vendredi 29 octobre 2010

C'n'N

Musique: Erik Satie, Trois Gymnopédies.

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La télévision passe un programme sur les ondes courtes. Le son est bas. Lasse, Natalie ferme le poste. Le ciel est bas, l'humidité pèse sur le quartier de Laval-des-Rapides. Dans le 4 et demi, Claude et Natalie sont quelque peu distants. L'une observe le vent cogner à la fenêtre, l'autre lit son journal, la tête posée sur sa main gauche. Les nuages rendent sa lecture plus difficile d'ailleurs, mais il ne sent pas le besoin d'allumer le globe au dessus de sa tête pour autant. Arrivé aux annonces d'emploi, Claude touche du bout des doigts son stylo sur la table. S'ils avaient eu un chat, il serait sorti du salon pour aller sur la galerie, puis reviendrait sur ses pas aussitôt, annonçant quelques gouttelettes passagères. Seulement, il n'y a personne d'autre que Claude et sa copine. Au loin, on peut entendre de faibles cris, les enfants des voisins, une voiture qui passe. Et c'est le silence. Le stylo ne patine plus sur le journal depuis plusieurs jours.

Natalie tourne la tête vers Claude, perdu dans ses lignes de vie, sans savoir que sa tête divague vers d'autres horizons, l'esprit léger.
-Would you marry me?

Sorti de ses pensées, Claude relève le menton, ses yeux suivent patiemment. Les deux se regardent, sans évoquer aucune émotion, ni tension, ni passion. À moitié dans sa bulle, Claude réfléchit à la question comme s'il s'agissait d'une offre d'emploi à considérer avec minutie.

-You mean, like, now?
Sa copine ne répond pas sur le champ; elle préfèrerait se coucher dedans... ce qui l'incite à continuer.
-Je sais pas... Oui, probablement.
-I mean... sooner or later, it doesn't matter. Not to me. I just wanted to know if we could... work together. As married people, you know?

Natalie baisse la tête, se mordille le côté du pouce, rongée par le malaise d'avoir posé une question pareille. "I'm sorry. Nevermind."

-No, don't be.

Son regard revient sur ses océans d'offres et de demandes avant de fermer le journal. Les mains collées entre elles sous la table, la mine basse, Claude affiche un subtile sourire. Il lui retourne la question.
-Would you, Natalie Schmidt, marry me, Claude Robitaille?
Son ton laisse passer une pointe d'incrédulité, et s'en apercevant rapidement, il ne regrette pas sa question. Elle pose un regard doux sur son visage perplexe.
-Yes. Sure. Why not.

La faible pluie cesse de pianoter sur la porte de la galerie, remplacée par un vent frais qui circule par la fenêtre de la chambre à coucher. Seul le sifflement habite la demeure. Claude se lève puis s'installe près de Natalie.

-Tu le ferais vraiment?
-Yeah... Comme je le dise, why not. Je va pas go away comme le wind... I mean, I'm not that kind of girl. And... I like you...

Ses yeux fixent ses genoux puis le vide avant de trouver les yeux de Claude. Toutes paupières closes, les deux posent leur tête sur celle de l'autre. Leurs doigts s'enserpentent et se gardent au chaud.
-I like you too, Nat.






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J'aurais peut-être dû continuer en cinéma... beaucoup de regard, de gestes subtiles, une petite musique, peu de parole...
Faites attention, en passant. Ce texte ne traite pas d'amour! Hein. Qu'on ne se méprenne pas, là. They like each other. Like c'est pas comme love, hein. C'est une réflexion, point barre, presque à la manière de Robert Bresson (sans émotion). C'est pas non plus de la grosse déprime: il ne pleut pas à boire debout, il fait gris, c'est tout.

JD
20h12, vendredi 28 octobre 2010

mercredi 27 octobre 2010

Ailleurs

(il faut cliquer-droit ici, ouvrir dans une autre fenêtre. Écoutez, tout en lisant.)


...j'irai.
... se trouve le secret du bonheur.
Ici il n'y a rien qui ne me satisfait.
Il me faut aller...

Prendre les grandes routes, partir pour des heures et des jours.
Ne pas regarder derrière nous. Ne pas penser que de là-bas, mon chez moi sera...
Mes pas dans le sable, le vent qui se rafraichi, le soleil couchant, les nuages se superposant.
J'irai... pour ne pas penser à ici, oublier les années qui m'ont vu grandir.

Prendre les sentiers vagues, partir pour des semaines et des mois.
Rêver aux anges qui bercent le paysage. Toucher à une guitare et espérer d'être déjà...
Mes mains plongeant dans une bassine et nettoyant mon visage, purifiant mon esprit.
D'ici peu, je serai... pour n'attendre qu'un signe divin, qui me dirait: "Mon fils, tu es rendu bien loin. Va retrouver les tiens."

Courir en furie dans les plus grands canyons, partir pour des années et des décennies.
Toucher le ciel, connaître toutes les constellations. Ne plus penser à personne.
Et lorsque je serai... je continuerai ma route, toujours en marchant, en m'épuisant.
Jusqu'à ce que j'atteigne la cime des cieux, une étoile au creux de ma main, je continuerai.
J'anticiperai l'... et je regarderai droit devant. Je marcherai droit devant. Je volerai droit devant.
Jusqu'à ce qu'un voix me dise: "Mon fils, tu es perdu. Va vite retrouver les tiens."

Et lors de mon dernier souffle, après des jours, des semaines, des mois, des années, et des décennies,
Certain de ne jamais avoir regarder derrière moi, de n'avoir jamais cesser de croire en l'...
Je serai en paix avec mon âme, je ferai désormais parti des cieux.
À ce moment précis, un voix me dira: "Mon fils, tu reviens enfin chez nous. Tu peux enfin prendre repos. Plus jamais tu n'ira..."

Les yeux fermés, l'air chaud du désert me caressant le visage, un sourire à l'esprit.
Je serai parti...


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C'est ça que ça donne d'écouter "Silver Stallion" de Cat power 10 fois en ligne.
JD


dimanche 17 octobre 2010

My first try of experimental drug

*Loadez don cette toune là, mettez la sur repeat, lisez*

Ô journée pluvieuse, Ô journée de marde
Grand bien te fasse de me pourrir la vie
Il ne me suffit que d'attendre la camarde
Et de l'appeler j'en ai tellement envie...

On commence le compte à rebours:
1- Dans le lit: j'entends mon frère parler à quelqu'un, ou quelque chose. D'abord j'ai l'impression que c'est sa grosse truie possessive, ensuite quand je l'entends dire "Assis! Assis!! A-ssis! bon..." j'ai un faible sourire en pensant qu'il parle à elle, mais je réalise vite qu'il s'agit du bâtard de chien. Alright, décrisse, gros cave. ...Je l'entends mettre le système d'alarme... Total? NON GROS ÉPAIS! Ça va sonner en malade quand j'va sortir de ma chamb... too late.
2- Lever: L'alarme pète un plomb. SWEET, calisse! Bip..bip bipbip... Bon tu vas la fermer, là...
2,5- La centrale appelle: C'est mon crétin d'imbécile de frère qui a oublié que j'vivais icite, mot dpasse, blabla, merci, BYE. cal...
3- Tiens, la fille nowhere du Classeur qui me salut sur msn. "Blabla...attend min, t'es qui au juste? Montre ta photo. ....Ahhh ok me semblait aussi, jt'ai pris pour quelqu'un d'autre, bye." Fuck you bitch! Crisse, c'est quoi la joke, tu peux pu me parler maintenant que tu sais pas plus qui j'suis?!? Apprend donc à m'connaitre, épaisse, avant dme raccrocher la ligne au nez!
4- J'sors du net pour revenir à mon lit, j'vois que j'ai manqué un appel! Sweet.
4,5- Je connais pas le nom sur l'afficheur; texte "T'es qui", answered "Un cochon", and i say "herp derp". AGAIN: WRONG FUCKING NUMBER!
4,9- D'abord Msn: Wrong number, là c le cell: Wrong number, bye slut. C'est quoi le prochain??? On va sonner à ma porte Wrong Number?? M'envoyer des mails Wrong Number?... ça j'ai déjà anyway.
5- J'me fais un snack chisp-pespi, oui oui du bon vieux peSpi, qui me va direct dans les poumons, que je recrache en malade sur mon lit et moi, trop pressé de pas crever là, tout d'suite. Et je tousse en malade, et je gueule en tabarnak pendant que je me change, que je vais chercher des guenilles pour ramasser le tout, pendant que ma mère (à même pas 3 mètres de la scène) s'en contre-calisse totalement, préférant se soucier de son osti d'imbécile de fils ainé qui se claque un ticket de vitesse parce qu'il doit se grouiller à aider sa truie à déménager, tout ça sous ses pills anti-dépressives.
6- Et moi qui en a plus que mon osti de calvaire de passer en 2e place, ou 3e si jcompte la crisse de grosse truie de Cynthia. Et moi qui pogne des pills de mon frère. Et moi qui a envie de popper toute la st-ciboire de boîte en face de la mère pis qu'a finisse par ouvrir ses yeux de vache folle.
7- Je n'ai rien popper encore, mais je reste en méga fucking pétard de l'inattention de la mère qui souhaite juste m'ignorer jusqu'à ce qu'elle crève pour ne plus supporter ma sale gueule. Elle call le souper. Seuweet, esti.

8- C'est la viande la plus dégueux qui traîne dans le fond d'une assiette aux couleurs vomissantes. Ça tombe bien, car je mets la côtelette d'agneau dans ma bouche et c'est le même effet: ça ressort vert bleu et jaune, comme l'assiette.

Ben fuck off.

9- Ma chambre, je sors le bagease avec les pills, jme cut une line. Bye bye Picadilly. I've had enough with this crappy day. "Hope you're happy, mommy and daddy. Your son is [blablabla]. I hope you all fuckin rot in hell [blabla]" (jpeux même pas retranscrire correctement la citation parce que j'ai passé Less Than Zero, pis qu'on me l'a toujours pas rendu!! Quin: 10- J'ai toujours pas récupéré mon Less Than Zero! FUCK!)

So, this is it. I took the pill. It's been like fifteen minutes now... First I had a rush, but then I thought that it could only be my head messing up things like: ouh wow it's my first real drug ever. I started writing this like five minutes after taking it, and still, you could tell I'm still pissed as hell. Should've taken the whole thing, and not just an half...

I'll be back with the results.
For now, you can all go fuck yourselves. Merci.










edit: il est rendu 20h09. Ça s'est calmé. J'ai eu le temps de stressé pour l'école au lieu de la vie.

jeudi 14 octobre 2010

Slide to Dream (jeudi 14 oct 2010)

Je suis à l'arrière de la voiture, la ceinture qui me coupe la respiration. À l'avant, du côté passagé, un ami semble aussi anxieux que moi, mais pour d'autres raisons. Que sais-je...
Je vis un rêve; reste à savoir s'il tournera au cauchemar ou non.

La porte s'ouvre du côté du conducteur. Ni rassuré, ni en danger, ma tête fait de petits sauts à l'intérieur du crâne. Entre malaise et confort, je laisse la voiture nous guider vers nulle part. Le regard tombe souvent dans le vide pour chacun de nous trois et je commence à me demander: "Mais, on va où, là, au juste?". Tous trois silencieux, tous le regard au loin ou sur ses genoux. Puis, on me propose de donner la prochaine destination. Dans mes pensées vagues, je souris, fais semblant d'avoir compris la question, et pointe dans le vide. La voiture prend alors un tournant...

Au moment de changer de direction, je me retrouve soudainement sur la banquette avant de la voiture, mon ami maintenant à l'arrière. Ni à la place du passager, ni totalement au volant, je regarde droit devant. La musique me berce, l'odeur ambiante change. Je vois tout à coup de magnifiques paysages, peu visibles de l'arrière. Mon visage rougit, je deviens plus serein et je sens le volant se glisser légèrement sous mes doigts. I grip the steering wheel as hard as I can. À moitié en cuir glacé et moitié tissu carotté, je prend le contrôle qu'il me permet d'avoir pendant de courts instants avant de repartir dans un autre sens, revenir et repartir, toujours et encore. La musique qui joue me fait planer, un morceau puis un autre, puis un autre, puis un autre. L'émotion me prend au cœur, j'en ai des sueurs, je suis pris de vertige qui me fait voir pour la première fois que je suis maître de mon rêve! Après toutes ces années sur le siège arrière, je suis enfin capable de diriger la voiture là où je souhaite aller... Certes, il faut suivre le code de la route, et heureusement, je suis assez éveillé pour le suivre. Mais on m'incite implicitement à dévier quelques fois, me laissant dans une euphorie sans borne... Le nez collé sur le volant, j'hume le parfum enivrant jusqu'à ne plus voir clair... Les paysages défilent, et se ressemblent, mais sont toujours d'une beauté inouïe.

Après avoir voyager par moi-même une bonne demie-heure, je décide de reléguer le volant à mon ami, presque épuisé, sur le bord de me laisser bercer dans un profond sommeil rêveur au fond du premier rêve. Je suis soulagé, vanné, et émerveillé. Et tout ce temps, jamais je n'ai vu le visage de cette personne qui me passait le volant... Mais tout ça n'a plus d'importance.

Pour la première fois, je conduisais mon rêve selon ma volonté. La hantise n'est plus.
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JD
jeudi soir, 14 octobre 2010, minuit

mercredi 13 octobre 2010

Dans mon golliwok

Pauvre Johnny Sansouci, ta vie n'est qu'un petit radis.
Tu souhaite le malheur de tous tes amis,
Et voilà que la malchance s'abat sur ton crâne.
Bien mal pris qui croyait prendre!

Petit citron complètement bidon,
Tu te dis assoiffé de sentiments rebondissant.
Et voilà que le fond du baril te saute sur la tête.
Bien bravo pour tous tes ressentiments!

La vie, petit Johnny, n'est pas JoJo
Tu cries: "C'est paaas juste" à tort et à travers
Et voilà qu'une jolie jeune femme te creuse le mystère...
Bien à vous, mad-emoiselle, mais je suis aussi cinglé qu'un Mad-Hatter.

Ah cher Lucien! Comme vous avez des grandes oreilles, un énorme pif, et de globuleux petits yeux!
Faites-moi découvrir votre secret, comment vous les faites tomber dans vos filets.

Et je me prend le pain baguette, Ya d'la joie!


...Et voilà que je suis face à moi,
Sans savoir quoi dire, quoi faire.
Ici, avec vous, ma chère...

C'est l'Enfer.

samedi 2 octobre 2010

Stressed Eric

-So do you want to drink somethin', beer, cola? i say to my friend.
-Uh, no, no I'm okay. Maybe just a glass of water. Thanks.
-Good. Good... Is it okay if I drink? I mean, it won't bother you, right?
-No, man, it's okay.
-Good.. Good. So, hum, I'll just, uh, grab a beer, then.
-Alright, man. It's your home after all.
-Right, right.

I open the fridge, take one of the hundred bottles that stare at me, open it, and drink half of it.

-So, uh, when is she coming? I mean, what time is she supposed to come?
-She said... lemme check... Well, she wrote "around three".
-Good, good. Alright. Say, that's a cool phone you got there. Is it new, is it okay?
-Gee, man calm down. You look so tense.
-Do I look tense? Really? Jeez... Uh, I probably am tense. Do I look stressed out?
-Dude, I'm telling you: just chill the fuck out. It's alright.
-Yeah, I do believe I'm quite stressed. I should cool it, yes. Yes. But really, I mean, do I really look tense? I'm just gonna, uh, take another beer.
-Let go of the beer, man. Seriously, you're freaking me out.
-Yeah, maybe I shouldn't drink that much... I'll just take one last. For the luck, you know.
-Do you have a, uh, like a drinking problem?
-Do I look like a have a drinking problem? Oh God, I hope not, Jesus, fuck. I look like a mess, don't I? Oh God... Right, I'm just gonna put some music. Somethin' cool. Any preferences?
-I don't know... Got any classical music? Maybe some blues?
-Uh, lemme check... Nope sorry. Care for some electro dance? I've got this great Justice bootleg and..
-Jimbo. Stop that. Now. You don't need to stress me out too.
-Jeez, I'm so... I need a beer.

There goes an akward silence.

-Is this thing of "her, coming over" that's making you crap in your pants?
-What? No, absolutely not. I mean, I'm not that tense, am I? I mean, no, it doesn't have anything to do with her or anything. No, I'm, I'm, I'm... fine. I'm fine, yeah. Yeah, no I'm alright with this situation. Really. It's all, under control! Ha, ha.. Totally fine with this.
-... If you want, I can ask her not to come...
-No, no, no! Don't! I, I, I... It's cool, really. It's cool, I'm cool, you're cool, she's cool. Everybody's just... perfectly fine. It's cool. No, don't call her. I'll look like a total dumbass...
-... I won't tell it's from you, you know. You sure?
-Yeah. Totally sure. No call. It's... alright. Everything's fine. She'll come, we'll talk and have fun. It's easy. It'll be just great.
-Okay, man. You're the boss. Now chill the fuck out, for crying out loud. Sit down, and be cool with it, alright?
-Right. Right... Right. So, uh, do you want a beer?

.....ughh.....

Cab remixed


"T’as vu, aux nouvelles? Le type qui est mort." Le chauffeur du taxi, un nègre, baisse le son de la radio. "On parle pas d’assassinat, mais je sais qu’elle l’a tué, la vieille. Y avait du sang partout, t’aurais pas aimé être là. Je l’ai vu, moi, baignant dans sa marre. Old buddy of mine. C’est dégueux, la vie, des fois. Ça te prend par en arrière, et BANG, t’es mort. La vieille, elle s’appelait Justine. Une vraie chipie, celle-là, toujours à pleurer, à raconter ses malheurs. Michel a tout fait pour la supporter, mais en moment donné, un gars s’écœure. Bon, c’est sûr, ça se tapait dessus, mais rien de grave. Une taloche pour lui fermer la gueule. Évidemment, la bonne femme la fermait jamais, elle rapportait toujours à la police ou whatever… Les crisses de colonisés, la tête baissée dans le fond du trou du cul, moi ça me fait vomir. S’abaisser aux règles de madame, c’est franchement vomitif. Vraiment, ce gars-là a souffert pour elle; elle s’en est jamais rendu compte, par contre, non! Juste pour une partie de fun avec une p’tite fille qui, ELLE, n’a jamais dit un mot sur les méthodes de Michel, la crisse de folle pète un plomb pour de bon, lui casse la tête, lui fourre un concombre dans le trou d’balle, et pisse dessus! Tu trouve ça normal, toi? » J’offre au chauffeur dix dollars supplémentaires s’il cesse de piailler et qu’il remonte le volume de la radio. Il préfère cependant continuer à déverser son torrent, son fleuve de discussion de ghetto. « L’autre jour, y a beaucoup plu, hein? Es-tu sorti, mercredi? L’autoroute était complètement bloquée, c’était le Saint-Laurent sur la 15. Ah oui, y a aussi l’autre, Charest avec ses magouilles. C’est tu pas un crosseur, lui quand même! Franchement, prendre NOS fonds publics pour financer un procès qui mène nulle part. Je vais te le dire, moi : on est tous des Michel qui se font rentrer profond par en arrière pis on dit pas un crisse de mot parce qu’on est trop tight ass pour faire un move!"

"T’aurais-tu du feu", je lui demande. "T’es bien fin, mais là, ton discours, ça ne mène à rien. T’as beau être révolté, tu ne feras rien pour changer quoi que ce soit. Deal with it." J’allume une cigarette, malgré l’interdiction, puis continue. « Je dois être au mariage dans dix minutes, alors dépêche". Je mets mon casque d’écoute sur les oreilles.