jeudi 18 octobre 2012

18 octobre - The Monster inside

C’est jeudi et personne ne me l’a dit! C’était aujourd’hui que je devais commencer les auditions pour une nouvelle amie de cœur, comme disait un de mes oncles. So, who’s ready?
Mes caractéristiques:
Je suis sarcastique, cynique, et gratteux (bien que j’insiste toujours pour tout payer, pour que les gens m’aiment pour mon fric et non pour ma personnalité). Je m’habille avec plus d’élégance qu’il y a un an, voire toutes les années précédentes, ce qui ne m’empêche pas de m’adonner au plaisir odieux de garder une main dans les boxer, just for the feel of it, je préfère parler musique et politique plutôt que de décoration ou de bouffe, j’aime aussi la mode (j’étais accroché à la télé chaque fois que passait FashionTv, avant qu’on coupe l’émission), les chats et pas les chiens (sauf s’il s’agit d’un labrador et qu’il soit silencieux), la marche rapide, même si j’aime prendre mon temps. J’aime les filles qui portent fièrement la (les) tresse(s) mais pas les frisottis, les cheveux courts mais surtout les longs, ceux qui vont jusque dans le dos. I enjoy strip clubs, not dancing ones. Je fume abondamment, chain-smoker tbh, et je ne tousse jamais. Je suis aussi ultra-mince comme un minipad sanitaire, et aussi léger, ce qui ne m’empêche pas de me plaindre à propos de ma “bédaine” de bière.
Je recherche:
Une fille qui réussira à me complexer par rapport à ma vision décalée du monde, des valeurs qui ne sont pas partagées par les autres, ainsi que de la sexualité en générale. Elle doit être plus petite et avoir moins de connaissances que moi, pour me faire sentir intelligent et augmenter mon égocentrisme pathétique, tout en ayant mille fois plus de couille et de caractère pour me ramener à la réalité et me donner un bon coup dans le bas-ventre à chaque regard partagé avec une représentante du sexe faible (reste à savoir si c’est les hommes ou les femmes). Elle devra aussi comprendre mes envies de m’habiller en vraie salope et d’essayer de coucher avec chaque mec qui porte la barbe juste bien faite et qui parle de Julia Kristeva sans rire. Les soupers incluant du pesto seront essentiels pour me rappeler à quel point je ne sais pas me comporter dans un restaurant. Les soupirs sont requis, en tout temps. Le port de fourrure (manteau, bottes, écharpe, chapeau), quoi qu’optionnel, est fortement encouragé pour me garder dans ma dépravation et mes fétiches louches et mal regardés par la société. By the way, I cry a lot. So, if she’s willing to call me baby names, like “wuss” or “sissy”, that’s perfect too.
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Vous pouvez envoyer vos CV par message privé. Attachez-y une photo de cheveux, de vos yeux, et de votre sourire (better be cute, not like a horse smile. Salut Jessica Parker). The rest, I don’t really mind.
-The monster.

dimanche 5 août 2012

5 août - On les aperçoit gisant



Un soir d’automne, après un spectacle de bar en compagnie d’une belle amie de ma blonde, on voguait sur De Lorimier et Viger sous l’air frais du pont, se faisant mutuellement des frayeurs. “Faut pas rester ici, on va se faire tirer dessus! Haha!” D’une fenêtre d’appartement pas trop loin, ou était-ce une voiture passante, une musique glaçante a percé ma chemise… Dans la brume Sous la brume Jusqu’au bout de ma plume, Tu restes avec moi… Une ombre a bougé. Je l’ai prise par le bras, une fraction de seconde penser l’utiliser comme bouclier, puis raisonner et tenter de la protéger. Faire mon show off, quoi. Mais après s’être tapé un festival de David Lynch, les ombres, on les interprète de dizaines de façons horrifiantes. Un bum, un éclopé, un être déformé, un monstre. Ç’aurait pu être le Diable, pour ce que j’en sais… Tout ce qui sortait de l’obscurité terrifiante, c’était un râle silencieux. Un putain de souffle angoissant qui l’a fait se glisser entre mes bras frigorifiés, ses cheveux fins et noirs de jais son mon menton. Ç’aurait pu n’être qu’un putain de chat possédé par Satan, avec une grosse boule de poil dans la gorge, qu’est-ce qu’on en savait. On a figé un instant avant qu’elle ne me sorte de ma rêverie: “On s’en va, please…maintenant.” En toute sécurité ou à l’article de la mort la plus brutale, allez savoir, faut toujours que je reste conscient le plus longtemps possible. Dénouer les mystères. Ou en créer, peu importe. Mais sa joue contre la mienne, ses lèvres fines qui murmuraient: “…Now…”, mon éthique des relations en grande bataille intérieure contre mon érection grandissante, j’ai cédé.

On a couru, d’un trait, droit, continu. On s’est arrêtés dans une grande avenue où une église affichait un néon quétaine sur les péchés. J’ai souri, complètement essoufflé, mais satisfait de notre course. Elle, par contre, son visage, blanc comme un œil de murène. J’avais surement manqué un détail qui l’avait frappée… Ses jambes se sont bloquées momentanément, un frisson parcouru sa peau sous son petit chandail en laine. Dis-moi. “J’ai vu mes yeux reflétés sur la lame du couteau.” Sous la lune, dans la brume, j’te prends dans mes bras. J’suis là.
Après le plus long et le plus étranges des baisers que j’ai jamais échangé, elle m’a reconduit jusqu’à l’appartement de ma copine dans un silence absolu, mais parsemé ici et là de main glissée sur une cuisse. En sortant de la voiture, elle a prononcé mon nom. “Tu lui as jamais fait ça, hein?” Non. C’était la première fois, ce soir. “Le couteau, je veux dire… Elle, a le prendrait pas comme moi. Utilise-le juste avec moi, ok?” Ok.
God do I date masses of weirdos, like me…

lundi 23 juillet 2012

22 juillet - Making amends, part 2



J'ai coulé à répétitions deux cours de cinéma, au cégep, simplement parce que les profs ne me convenaient pas, ou j'étais trop paresseux, blasé de tout, sans conséquence directe sur ma vie. Mais j'ai continué à foncer dans le tas, plutôt que d'abandonner et fouiller ad nauseam dans d'autres départements. Je voulais faire comme Moreti et tourner seulement des paysages en mobylette, pas créer un climax au deuxième nœud et détendre le tout avec une mauvaise blague. Je jalousais mes potes de La Plaine qui faisaient n'importe quoi tout en retirant une quelconque gloire, un hype créé entre nous, c'est tout. Mais hype tout de même. J'ai compris en tournant mon premier vrai court métrage que jamais je n'arriverais à supporter un acteur qui ne joue pas exactement la scène comme dans mon esprit; qu'il fallait que je me débarrasse des acteurs/actrices médiocres. Et, contrainte oblige, il ne me restait plus que la route qui m'a bercé depuis mon plus jeune âge. Contaminé ici et là de ces gens que j'avais idolâtrés.

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J'ai quitté la première fille que j'aimais vraiment, parce que ma solitude me manquait plus qu'elle, et qu'un simple "On devrait arrêter là" ne suffira jamais à créer un gouffre aussi solide entre nous deux que ce que j'ai pu lui sortir comme bêtises. Parce que je préfère que les gens me détestent pour me foutre la paix. Les amis, ils insistent, ils restent, ils collent... pénètrent ma bulle. Et ma bulle va à des kilomètres à la ronde. Je l'ai quittée, elle et ses multiples remarques à la "Ouais elle, j'la baiserais bien, humm!". Elle et sa volonté envahissante de se croire aux deux sexes. Je l'ai quittée parce qu'elle écoutait les chansons de Leloup, mais pas ce qu'il avait de plus précieux à dire à propos de son enfance, ce texte qui m'a traversé à jamais. Je l'ai quittée un matin de mars 2008, parce que j'avais pu de job, en plus du film à finir, et qu'elle ne voulait plus prendre ma main. Je l'ai quittée sur du Coeur de Pirate, une toune de Malajube, une autre de Alegria, encore une autre de Bran Van 3000. Laisse-Moi avant que je m'en aille, Rester m'étouffera toujours comme le mot amour; c'était avant que ça sorte en CD...
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Toi, tu m'auras appris à m'habiller avec goût, tu m'auras fait goûter milles saveurs, toutes plus délicieuses les unes que les autres, moi qui se rebutais sans cesse aux pizzas/hot-dogs/sandwich margarine moutarde jambon. Mais surtout, je n'ai jamais risqué d'écouter de la musique avec toi. Et je t'en suis grandement reconnaissant. Je n'ai encore jamais souffert d'écouter une chanson qui me rappelle toi. Et pourtant, tu m'habites encore comme personne ne m'a habité. Je suis la maison de souffre, dans laquelle tes pieds n'ont jamais allumé quelque feu. Mes Bon Iver sont réservés à Soleil, mes Leloup et Pirate à Lune, mes Pink Floyd à CouCassé, mais toi, tu n'as laissé aucune trace musicale qu'un Cohen qui m'a passionnément endormi, un Watson qui ne m'éveillait rien, et des Smiths qui m'ont tout simplement irrité. J'ai encore mes Boards of Canada qui me ramène à la banlieue de Saint-Hubert, fin 89; mes Massive Attack entourés de potes du cégep; et mes Gainsbourg qui ont éveillé mes nuits montréalaises en compagnie de mon frère de plume.

Te souviens-tu, à peine une semaine avant que tu ne fasses le premier geste... J'avais innocemment publié une chanson hip-hop, en écrivant: "Avant qu'on ne devienne quelque chose, apprend ça par cœur et je t'aimerai tout de suite". J'aurais trouvé ça amusant, une fille qui semble pognée à première vue et qui, finalement se met à te rapper dans la figure les paroles de Daddy G et Del Naja...

Je te l'ai déjà dit, tu n'écoutais pas, tu n'écoutais jamais, mais je le répète: ce que tu m'as apporté comme bien, jamais personne ne l'avais fait avant. Ça prenait des couilles d'acier pour me faire bouffer un sandwich avec de la putain de mayo et que je l'apprécies. Pareil pour le look. Je vais juste citer Jack dans Fight Club, pour la suite... "I'm grateful! Thank you! For EVErything you've given me!... But this is too much!!! This is not what I want!!" Tu voulais tout contrôler à ton image. Alors que la clé avec moi, c'est de me laisser faire, en poussant tranquillement. Ouais j'suis encore un gamin. Quoi, t'as arrêté de l'être entièrement toi?

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Merci pour tout, mais non merci. Voilà comment je pourrais résumer l'entièreté de mes expériences. Ou presque. Pas ma job. Rien ne me fera détester mon boulot. J'ai couru après pendant trop de temps, j'ai trop chialé contre les shit-jobs qui ne gratifiaient pas ma petite personne, s'il fallait que je crache sur le seul emploi qui m'a fait sentir au sein d'une deuxième famille, en plus de se sentir gratifié et gratifiant à chaque journée passée là-bas.

Merci pour les cours de ciné, mais non merci. Pas besoin de savoir que rendu au milieu, les personnages sont censés être établis. M'en fou.

Merci pour les sorties dans les clubs, et pour Leloup, mais non merci. Ton besoin constant d'attention, il m'a trop étouffé.

Merci de m'avoir appris à devenir un homme, en apparence, mais surtout, d'être restée loin de la musique que j'aime écouter. Même si tous les estis de jours depuis le 10 mai dernier, je n'arrive pas à t'enlever de ma tête, pour cesser d'être en colère contre toi. J'avais un closure avec les autres... J'arrivais à être en paix avec elles, après un certain temps. Cette fois, c'était tellement différent... Il n'y a que de la hargne qui s'est bâtie en moi, contre l'image que j'ai de toi. De la putain d'envie de te tabasser avec tes DVD de Sex in the City. Pas étonnant que tu t'identifie avec la fille qui ressemble à un cheval... En me rabaissant, tu m'as appris sans le savoir que je valais mieux. Mais GOD que tu m'as blessé dans ta manière de juger tous ces gens...

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Je veux regarder une fille pendant des heures sans que jamais elle ne dise: "Arrête, tu m'énerve, quessé que j'ai dans 'face?". Parce que j'm'en crisse des totons, quand chu en amour. À la poubelle, les sextos. Je veux des yeux pleins de oui oui, pas des puits sans fond. Des cheveux qui suivent le vent, des sourires pas trop plein de dents, sincères.
Je sais pas si je veux Lili...

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Et voilà maintenant que j'ai adopté une nouvelle soeur. Une qui soit une dyke, une vraie, en plus. Si Lacia et son manque d'athlétisme laissait entrevoir une quelconque attirance ever again, ce n'était certainement pas chez les filles qu'elle allait la trouver, même chez les dykes les plus renforcées.
Bref, au total, un frère transgenre refoulé, une demi-soeur qui prétend être bi et une soeur carrément gaie. Ça me fait penser à la blague du père et ses deux filles gaies. "Crisse yen a pas un dmes enfants qui aime les graines" et le fils de répondre "Moi" *trollface*

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Lundi 23, 6h13 am

jeudi 24 mai 2012

Katherine et Marie-Christine

En partant, Kath a laissé son image, bien encrée dans ma mémoire vive. Était-ce le soir même ou le lendemain, je revisitais en rêve mes histoires de cœur. Et d'un revers puissant, mes souvenirs se sont fondus entre réalité et fantaisie. «Mais non, tu n'as pas connu que ces deux filles-là. Comment as-tu pu oublier que t'étais déjà sorti avec Kath?» De là, les images sont revenus: elle dans mes bras, au milieu de la cuisine blanche, le comptoir, le garde-manger, mon nez dans ses cheveux frais coupés... J'en avais les larmes aux yeux. Comment avais-je pu oublier cette histoire avec une fille d'aussi haut calibre? Quelques minutes ont passé, j'ai basculé du rêve à la réalité, toujours sous le charme de la sublime Kath, et ma joie d'avoir déjà partagé des moments avec elle... pour me rendre compte que tout cela n'était que mensonge.

Ton esprit a fusionné une image récente (cette fille) avec un environnement connu et harmonieux (la maison où habitait autrefois ma première copine)... Le malaise envers moi-même! La honte! «T'as vraiment cru, pendant une bonne demie-heure, que t'avais déjà vécu de quoi, AVEC ELLE?! HA!»


Et bien, à menteur, menteur et demi. Cette nuit, aux bras de Morphée, je profitais d'un autre fantasme, sans me leurrer pour autant. «Je sais qu'elle n'est là qu'en rêve. Qu'importe, j'ai du fun. Je ferai pas semblant d'être triss juste pour que les autres se sentent bien.»

vendredi 27 avril 2012

Changez le champ lexical...

Ces mots, noms et phrases que je ne suis plus capable d'entendre:
-Jeter de l'huile sur le feu
-Parc Émilie-Gamelin
-Nadeau-Dubois, Line Beauchamp, Léo et Nadine
-condamner la violence (ou tout le jargon de la langue de bois)
-CLASSE, FECQ et FEUQ
-casseurs
-pacifiques
-"Ben oui c'est ça, faites rien au cas où quelque chose de pas bien survienne."
-manifestation déclarée illégale

Grévistes, journalistes, changez votre champ lexical. On ne fait que lire la même histoire jour après jour.

jeudi 26 avril 2012

Lemonade vire sûrette à propos des manifs

Étudiants, grévistes, manifestants, vous voulez qu'on arrête de vous gazer à tout bout de champ? Arrêtez de vous planter par milliers en plein cœur de la ville pour provoquer les flics. Pardon? Ahh, vous ne provoquez pas? Ah ben oui, bien sûr, c'est uniquement la faute du Black Bloc, un groupe d'environ 10 à 15 personnes, qui casse les vitres et fout le merdier... à travers une marée de dread lockés qui fument leur gros joint devant la police. Ben non vous ne provoquez pas, qu'est-ce que j'ai dit là, hein!

Une trêve de deux jours, trop dure à supporter, ben oui, ben oui. Vous sentez qu'on veut vous museler, ben oui, ben oui.
Non.
C'est juste que ce serait bien, pendant deux jours, qu'on puisse se rendre à Montréal sans avoir à se soucier si le métro va bloquer, sans avoir peur de se faire matraquer par la police parce qu'on marche sur Ste-Catherine, sans avoir à entendre chiâler les ostis de protestataires à chaque putain de jour. Y'en a marre. D'un côté comme de l'autre! Représentants de la CLASSE, un appel au calme, ça permet de réfléchir. Vous accusez le «michant gour'nement» de jouer sur les mots, mais vous aussi vous travaillez fort avec votre dictionnaire, refusant de condamner parce que vous n'avez pas de toge de juge. Fuck off, guys... Sans toge, je peux dire: Non à la destruction de vitres, au lançage de peinture dans les auditorium, sur les édifices, JE - CONDAMNE - LES - ACTES - DE - VIOLENCE. Messieurs et mesdames ministres, ouvrez vos jambes un peu. Vous jouez les vierges offensées, et jouez sur les mots, au lieu d'utiliser ce qu'autrefois les dictateurs n'avaient pas peur d'employer: la vraie peur. Pensez à Trudeau qui se foutait royalement de se faire détester par le peuple québécois: «Just watch me», tout doucement, plein d'horreur citée implicitement avant de déclarer les lois de mesures de guerre. On voit les forces armées ramper sur les rues de Montréal, donnant une image apocalyptique de la ville, sans les têtes fortes au-dessus. Ils se cachent derrière des rideaux de larmes, de «Oh mon doux, ils ont cassé les lunettes de ma sécrétére, tsééé, bouhou». Act like a man, bande de flancs mous. Si c'est vous qui avez le pouvoir, JUST PROVE IT!

L'argument qui me revient le plus souvent au visage: Ben oui, bravo, c'est en restant che' nous que la situation va évoluer... Big fucking whoop. Fais-la, ta manif avec tes amis poteux. Mais il me semble que une fois par semaine, c'est suffisant. Tous les jours, c'est pénible. Refuser d'arrêter de manifester la SEULE fois qu'on demande une trêve, c'est carrément abruti. C'est faire la sourde oreille, tout en accusant le michant gour'nement de faire la sourde oreille, c'est ça le message que je vois. Vous vous dites pacifiques, vous parlez de marches silencieuses. Ben tant qu'à rester silencieux, ne vous regroupez pas. Vous savez très bien que les groupuscules violents vont se mêler à vous.

C'est ridicule. Je n'ose plus aller en ville, de crainte qu'on me lynche parce que je ne suis pas en faveur des manifestations ni du maudit carré rouge qu'on veut m'épingler de force sur le front, et de crainte que la flicaille aveuglée me prenne pour une saloperie de hippie anti-étatique. Je n'ose pas plus parler à mes amis qui se disent ouvertement pro-grève, de peur de tomber sur le sujet et me faire enfoncer dans la gorge leur refrain de hausse ridicule, de même que d'entendre les parlementaires qui veulent distribuer les sucettes à ceux et celles qui l'acceptent sans dire un mot.

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CLASSE, FECQ, FEUQ, condamnez les actes de violences, parlez avec raison de la hausse; grévistes, manifestants, fermez vos putains de gueules pendant qu'ils sont à table avec le parlement que VOUS avez laissé gagner en décembre 2008; messieurs et mesdames du gouvernement, essayez donc de jouer aux adultes, acceptez les sujets sur la table, discutez raisonnablement! Entendez-vous sur les des frais, disons 100$ de plus chaque année, au lieu de 325$ par session.
Étudiants, ne soyez pas idiots: vous ne l'aurez jamais votre gratuité, oubliez le gel aussi.

Cessez les foutus manifs, que je puisse magasiner mon prochain iPhone 5 en paix, l'été qui s'en vient. :)
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26 avril 2012, 19h15

dimanche 19 février 2012

Désolé de la longueur du post

Mais c'est une nouvelle qui en vaut VACHEMENT la peine. :)
Bonne lecture!

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19 février 2012

19 fév - This Sandwich Has No Mayonnaise

Nouvelle de J.D. Salinger, publiée dans l'Esquire XXIV, en octobre 1945 (six ans avant la sortie de son premier roman, The Catcher In The Rye). Il met en scène le grand frère de Holden, un soldat de guerre qui apprend que ce dernier est manquant à l'appel.
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I AM INSIDE THE TRUCK, too, sitting on the protection strap, trying to keep out of the crazy Georgia rain, waiting for the lieutenant from Special Services, waiting to get tough. I’m scheduled to get tough any minute now. There are thirty-four men in this here veehickle, and only thirty are supposed to go to the dance. Four must go. I plan to knife the first four men on my right, simultaneously singing ‘Off We Go Into the Wild Blue Yonder’ at the top of my voice, to drown out their silly cries. Then I’ll assign a detail of two men (preferably college graduates) to push them off this here veehickle into the good wet Georgia red clay. It might be worth forgetting that I’m one of the Ten Toughest Men who ever sat on this protection strap. I could lick my weight in Bobbsey Twins. Four must go. From the truck of the same name….Choose yo’ pahtnuhs for the Virginia Reel!…

And the rain on the canvas top comes down harder than ever. This rain is no friend of mine. It’s no friend of mine and these other gents (four of whom must go). Maybe it’s a friend of Katharine Hepburn’s, or Sarah Palfrey Fabyan’s, or Tom Heeney’s, or of all the good solid Greer Garson fans waiting in line at Radio City Music Hall. But it’s no buddy of mine, this rain. It’s no buddy of the other thirty-three men (four of whom must go).

The character in the front of the truck yells at me again.

“What?” I say. I can’t hear him. The rain on the top is killing me. I don’t even want to hear him.

He says, for the third time, “Let’s get this show on the road! Bring on the women!”

“Gotta wait for the lieutenant,” I tell him. I feel my elbow getting wet and bring it in out of the downpour. Who swiped my raincoat? With all my letters in the left-hand pocket. My letters from Red, from Phoebe, from Holden. From Holden. Aw, listen, I don’t care about the raincoat being swiped, but how about leaving my letters alone? He’s only nineteen years old, my brother is, and the dope can’t reduce a thing to a humour, kill it off with a sarcasm, can’t do anything but listen hectically to the maladjusted little apparatus he wears for a heart. My missing-in-action brother. Why don’t they leave people’s raincoats alone?

I’ve got to stop thinking about it. Think of something pleasant, Vincent old troll. Think about this truck. Make believe this is not the darkest, wettest, most miserable Army truck you have ever ridden in. This truck, you’ve got to tell yourself, is full of roses and blondes and vitamins. This here is a real pretty truck. This is a swell truck. You were lucky to get this job tonight. When you get back from the dance—Choose yo’ pahtnuhs, folks!—you can write an immortal poem about this truck. This truck is a potential poem. You can call it, ‘Trucks I Have Rode In,’ or ‘War and Peace,’ or ‘This Sandwich Has No Mayonnaise.’ Keep it simple.

Aw, listen. Listen, rain. This is the ninth day you’ve been raining. How can you do this to me and these thirty-three men (four of whom must go)? Let us alone. Stop making us sticky and lonely.

—Somebody is talking to me. The man is within knifing distance. (Four must go.) “What?” I say to him.

“Where ya from, Sarge?” the boy asks me. “—Your arm’s gettin’ wet.”

I take it in again. “New York,” I tell him.

“So’m I! Whereabouts?”

“Manhattan. Just a couple of blocks from the Museum of Art.”

“I live on Valentine Avenue,” the boy says. “Know where that is?”

“In The Bronx, isn’t it?”

“Naa! Near The Bronx. Near The Bronx, but it ain’t in it. It’s still Manhattan.”

Near The Bronx, but it isn’t in it. Let’s remember that. Let’s not go around telling people they live in The Bronx when in the first place they don’t live there, they live in Manhattan. Let’s use our heads, buddy. Let’s get on the ball, buddy.

“How long have you been in the Army?” I ask the boy. He is a private. He is the soakingest wettest private in the Army.

“Four months. I come in through Dix and then they ship me down to Mee-ami. Ever been in Mee-ami?”

“No,” I lie. “Pretty good?”

“Pretty good?” He nudges the guy on his right. “Tell ‘im, Fergie.”

“What?” says Fergie, looking wet, frozen and fouled.

“Tell the Sarge about Mee-ami. He wantsa know if it’s any good or not. Tell ‘im.”

Fergie looks at me. “Ain’tya never been there, Sarge?”—You poor miserable sap of a sergeant.

“No. Pretty good down there?” I manage to ask.

“What a town,” says Fergie softly. “You could get anything you want down there. You could really amuse yourself. I mean you could really amuse yourself. Not like this here hole. You couldn’t amuse yourself in this here hole if you tried.”

“We lived in a hotel,” the boy from Valentine Avenue says. “Before the War you probly paid five, six dollars a day for a room in the hotel we was at. One room.”

“Showers,” says Fergie, in a bitter-sweet tone which Abelard, during his last years, might have used to mention Héloïse’s handle.

“You were all the time as clean as a kid. Down there you had four guys to a room and you had these showers in between. The soap was free in the hotel. Any kinda soap you wanted. Not G.I.”

“You’re alive, ain’tcha?” the character in the front of the truck yells at Fergie. I can’t see his face.

Fergie is above it all. “Showers,” he repeats. “Two, three times a day I took ‘em.”

“I used to sell down there,” a guy in the middle of the truck announces. I can barely see his face in the darkness. “Memphis and Dallas are the best towns in Dixie, for my dough. In the wintertime Miami gets too crowded. It used to drive you crazy. In the places it was worth goin’, you could hardly get a seat or anything.”

“It wasn’t crowded when we were there—was it, Fergie?” asks the kid from Valentine Avenue.

Fergie won’t answer. He’s not altogether with us on this discussion. He’s not giving us his all.

The man who likes Memphis and Dallas sees that, too. He says to Fergie, “Down here at this Field I’m lucky if I get a shower once a day. I’m in the new area on the west side of the Field. All the showers aren’t built yet.”

Fergie is not interested. The comparison is not apt. The comparison, I might and will say, stinks, Mac.

From the front of the truck comes a dynamic and irrefutable observation: “No flying again tonight! Them cadets won’t be flyin’ again tonight, all right. The eighth day no night flyin’.”

Fergie looks up, with a minimum of energy. “I ain’t hardly seen a plane since I’m down here. My wife thinks I’m flyin’ myself nuts. She writes and tells me I should get outta the Air Corps. She’s got me on a B-17 or something. She reads about Clark Gable and she’s got me a gunner or something on a bomber. I ain’t got the heart to tell her all I do is empty out stuff.”

“What stuff?” says Memphis and Dallas, interested.

“Any stuff. Any stuff that gets filled up.” Fergie forgets Mee-ami for a minute and shoots Memphis and Dallas a withering look.

“Oh,” says Memphis and Dallas, but before he could continue Fergie turns to me. “You shoulda seen them showers in Mee-ami, Sarge. No kiddin’. You’d never wanna take a bath in your own tub again.” And Fergie turns away, losing interest in my face—which is altogether understandable.

Memphis and Dallas leans forward, anxiously, addressing Fergie. “I could get you a ride,” he tells Fergie. “I work at Dispatchers. These here lieutenants, they take cross-countries about once a month and sometimes they don’t already have a passenger in the back. I been lotsa times. Maxwell Field. Everywhere.” He points a finger at Fergie, as though accusing him of something. “Listen. If you wanna go sometime, gimme a ring. Call Dispatchers and ask for me. Porter’s the name.”

Fergie looks phlegmatically interested. “Yeah? Ask for Porter, huh? Corporal or something?”

“Private,” says Porter—just short of stiffly.

“Boy,” says the kid from Valentine Avenue, looking past my head into the teeming blackness. “Look at it come down!”

—Where’s my brother? Where’s my brother Holden? What is this missing-in-action stuff? I don’t believe it. I don’t understand it, I don’t believe it. The United States Government is a liar. The Government is lying to me and my family.

I never heard such crazy, liar’s news.

Why, he came through the war in Europe without a scratch, we all saw him before he shipped out to the Pacific last summer—and he looked fine. Missing.

Missing, missing, missing. Lies! I’m being lied to. He’s never been missing before. He’s one of the least missing boys in the world. He’s here in this truck; he’s home in New York; he’s at Pentey Preparatory School (“You send us the Boy. We’ll mold the Man—all modern fireproof buildings...”); yes, he’s at Pentey, he never left school; and he’s at Cape Cod, sitting on the porch, biting his fingernails; and he’s playing doubles with me, yelling at me to stay back at the baseline when he’s at the net. Missing! Is that missing? Why lie about something as important as that? How can the Government do a thing like that? What can they get out of it, telling lies like that?

“Hey, Sarge!” yells the character in the front of the truck. “Let’s get this show on the road! Bring on the dames!”

“How are the dames, Sarge? They good-lookin’?”

“I don’t really know what this thing is tonight,” I say. “Usually they’re pretty nice girls.” That is to say, in other words, by the same token, usually they’re usually. Everybody tries very, very hard. Everybody is in there pitching. The girls ask you where you come from, and you tell them, and they repeat the name of the city, putting an exclamation point at the end of it. Then they tell you about Douglas Smith, Corporal, AUS. Doug lives in New York, and do you know him? You don’t believe so, and you tell her about New York being a very big place. And because you didn’t want Helen to marry a soldier and wait around for a year or six, you go on dancing with this strange girl who knows Doug Smith, this strange nice girl who’s read every line Lloyd C. Douglas has written. While you dance and the band plays on, you think about everything in the world except music and dancing. You wonder if your little sister Phoebe is remembering to take your dog out regularly, if she’s remembering not to jerk Joey’s collar—the kid’ll kill the dog someday.

“I never saw rain like this,” the boy from Valentine Avenue says. “You ever see it like this, Fergie?”

“See what?”

“Rain like this.”

“Naa.”

“Let’s get this show on the road! Bring on the dames!” The noisy guy leans forward and I can see his face. He looks like everybody else in the truck. We all look alike.

“What’s the looey like, Sarge?” It was the boy from near The Bronx.

“I don’t really know,” I say. “He just hit the Field a couple of days ago. I heard that he lived right around here somewhere when he was a civilian.”

“What a break. To live right near where you’re at,” says the boy from Valentine Avenue. “If I was only at Mitchel Field, like. Boy. Half hour and I’m home.”

Mitchel Field. Long Island. What about that Saturday in the summer at Port Washington? Red said to me, It won’t hurt you to see the Fair either. It’s very pretty. So I grabbed Phoebe, and she had some kid with her named Minerva (which killed me), and I put them both in the car and then I looked around for Holden. I couldn’t find him; so Phoebe and Minerva and I left without him. . .At the Fair we went to the Bell Telephone Exhibit, and I told Phoebe that This Phone was connected with the author of the Elsie Fairfield books. So Phoebe, shaking like Phoebe, picked up the phone and trembles into it, Hello, this is Phoebe Caulfield, a child at the World’s Fair. I read your books and think they are very excellent in spots. My mother and father are playing in Death Takes a Holiday in Great Neck. We go swimming a lot, but the ocean is better in Cape Cod. Good bye!. . .And then we came out of the building and there was Holden, with Hart and Kirky Morris. He had my terry-cloth shirt on. No coat. He came over and asked Phoebe for her autograph and she socked him in the stomach, happy to see him, happy he was her brother. Then he said to me, Let’s get out of this educational junk. Let’s go on one of the rides or something. I can’t stand this stuff…And now they’re trying to tell me he’s missing. Missing. Who’s missing? Not him. He’s at the World’s Fair. I know just where to find him. I know exactly where he is. Phoebe knows, too. She would know in a minute. What is this missing, missing, missing stuff?

“How long’s it take you to get from your house to Forty-Second Street?” Fergie wants to know from the Valentine Avenue kid.

Valentine Avenue thinks it over, a little excitedly. “From my house,” he informs intensely, “to the Paramount Theayter takes exactly forty-four minutes by subway. I nearly won two bucks betting with my girl on that. Only I wouldn’t take her dough.”

The man who likes Memphis and Dallas better than Miami speaks up: “I hope all these girls tonight ain’t chicken. I mean kids. They look at me like I was an old guy when they’re chicken.”

“I watch out that I don’t perspire too much,” says Fergie. “These here G.I. dances are really hot. The women don’t like it if you perspire too much. My wife don’t even like it when I perspire too much. It’s all right when she perspires—that’s different!…Women. They drive ya nuts.”

A colossal burst of thunder. All of us jump—me nearly falling off the truck. I get off the protection strap, and the boy from Valentine Avenue squeezes against Fergie to make room for me…A very drawly voice speaks up from the front of the truck:

“Y’all ever been to Atlanta?”

Everybody is waiting for more thunder. I answer. “No,” I say.

“Atlanta’s a good town.”

—Suddenly the lieutenant from Special Services appears from nowhere, soaking wet, sticking his head inside the truck—four of these men must go. He wears one of those oilskin covers on his visored cap; it looks like a unicorn’s bladder. His face is even wet. It is a small-featured, young face, not yet altogether sure of the new command in it issued to him by the Government. He sees my stripes where the sleeves of my swiped raincoat (with all my letters) should be.

“You in chahge heah, Sahgeant?”

Wow. Choose yo’ pahtnuhs…

“Yes, sir.”

“How many men in heah?”

“I’d better take a re-count, sir.” I turn around, and say, “All right, all you men with matches handy, light ‘em up—I wanna count heads.” And four or five of the men manage to burn matches simultaneously. I pretend to count heads. “Thirty-Four including me, sir,” I tell him finally.

The young lieutenant in the rain shakes his head. “Too many,” he informs me—and I try to look very stupid. “I called up every orderly room myself,” he reveals for my benefit, “and distinctly gave orduhs that only fahve men from each squadron were supposed to go.” (I pretend to see the gravity of the situation for the first time. I might suggest that we shoot four of the men. We might ask for a detail of men experienced in shooting people who want to go to dances.)…The lieutenant asks me, “Do you know Miz Jackson, Sahgeant?”

“I know who she is,” I say as the men listen—without taking drags on their cigarettes.

“Well, Miz Jackson called me this mawnin’ and asked for just thi’ty men even. I’m afraid Sahgeant, we’ll have to ask four of the men to go back to their areas.” He looks away from me, looks deeper into the truck, establishing a neutrality for himself in the soaking dark. “I don’t care how it’s done,” he says to the truck, “but it’ll have to be done.”

I look cross-eyed at the men. “How many of you did not sign up for this dance?”

“Don’t look at me,” says Valentine Avenue. “I signed up.”

“Who didn’t sign up?” I say. “Who just came along because somebody told him about it?”—That’s cute sergeant. Keep it up.

“Make it snappy, Sahgeant ,” says the lieutenant, letting his head drip inside the truck.

“C’mon now. Who didn’t sign up?”—C’mon now, who didn’t sign up. I never heard such a gross question in my life.

“Heck, we all signed up, Sarge,” says Valentine Avenue. “The thing is, around seven guys signed up in my squadron.”

All right, I’ll be brilliant. I’ll offer a handsome alternative.

“Who’s willing to take in a movie on the Field instead?”

No response.

Response.

Silently, Porter (the Memphis-Dallas man) gets up and moves toward the way out. The men adjust their legs to let him go by. I move aside, too…None of us tells Porter, as he passes, what relatively big, important stuff he is.

More response… “One side,” says Fergie, getting up. “So the married guys’ll write letters t’night.” He jumps out of the truck quickly.

I wait. We all wait. No one else comes forward. “Two more,” I croak. I’ll hound them. I’ll hound these men because I hate their guts. They’re all being insufferably stupid. What’s the matter with them? Do they think they’ll have a terrific time at this sticky little dance? Do they think they’re going to hear a fine trumpet take a chorus of “Marie”? What’s the matter with these idiots? What’s the matter with me? Why do I want them all to go? Why do I sort of want to go myself? Sort of! What a joke. You’re aching to go, Caulfield…

“All right,” I say coldly. “The last two men on the left. C’mon out. I don’t know who you are.”—I don’t know who you are.—Phew!

The noisy guy, who has been yelling at me to get the show on the road, starts coming out. I had forgotten he was sitting just there. But he disappears awkwardly into the India ink storm. He is followed, as though tentatively, by a smaller man—a boy, it proves in the light.

His overseas cap on crooked and limp with wet, his eyes on the lieutenant, the boy waits in the rain—as though obeying an order. He is very young, probably eighteen, and he doesn’t look like the tiresome sort of kid who argues and argues after the whistle’s blown. I stare at him, and the lieutenant turns around and stares at him, too.

“I was on the list. I signed up when the fella tacked it up. Right when he tacked it up.”

“Sorry, soldier,” says the lieutenant, “—Ready, Sahgeant?”

“You can ask Ostrander,” the boy tells the lieutenant, and sticks his head inside the truck. “Hey, Ostrander! Wasn’t I the first fella on the list?”

The rain comes down harder than ever, it seems. The boy who wants to go to the dance is getting soaked. I reach out a hand and flip up his raincoat collar.

“Wasn’t I first on the list?” the boy yells at Ostrander.

“What list?” says Ostrander.

“The list for fellas that wanna go to the dance!” yells the boy.

“Oh,” says Ostrander. “What about it? I was on it.”

Oh, Ostrander, you insidious bore!

“Wasn’t I the first fella on it?” says the boy, his voice breaking.

“I don’t know,” says Ostrander. “How should I know?”

The boy turns wildly to the lieutenant.

“I was the first one on it sir. Honest. This fella in our squadron—this foreign guy, like, that works in the orderly room—he tacked it up and I signed it right off. The first fella.”

The lieutenant says, dripping: “Get in. Get in the truck boy.” The boy climbs back into the truck and the men quickly make room for him.

The lieutenant turns to me and asks, “Sahgeant, wheah can I use a telephone around heah?”

“Well, Post Engineers sir. I’ll show you.”

We wade through the rivers of red bog over to Post Engineers.

“Mama?” the lieutenant says into the mouthpiece. “Buddy…I’m fine…Yes, mama. Yes, mama. I’m fixin’ to be. Maybe Sunday if I get off like they said. Mama, is Sarah Jane home?… Well, how ‘bout lettin’ me talk to her?…Yes, mama. I will if I can, mama; maybe Sunday.”

The lieutenant talks again.

“Sarah Jane?…Fine. Fine…I’m fixin’ to. I told mama maybe Sunday if I get off.—Listen Sarah Jane. You got a date t’night?…It sure is pretty bad. It sure is. Listen, Sarah Jane. How’s the car? You get that thing fixed? That’s fine, that’s fine; that’s mighty cheap, with the plugs and all.” The lieutenant’s voice changes. It becomes casual. “Sarah Jane, listen. I want you to drive oveh to Miz Jackson’s t’night…Well it’s like this: I got these boys heah for one of those pahties Miz Jackson gives. You know?…Only this is what I want to tell you: they’s one boy too many…Yes…yes…Yes…I know that, Sarah Jane; I know that; I know it’s rainin’…Yes…Yes…” The lieutenant’s voice gets very sure and hard suddenly. He says into the mouthpiece, “I ain’t askin’ you, girl. I’m tellin’ you. Now I want you to drive ovuh to Miz Jackson’s right quick—heah?…I don’t care…All right. All right…I’ll see y’ll later.” He hangs up.

Drenched to the bone, the bone of loneliness, the bone of silence, we plod back to the truck.

Where are you Holden? Never mind this Missing stuff. Stop playing around. Show up. Show up somewhere. Hear me? Will you do that for me? It’s simply because I remember everything. I can’t forget anything that’s good, that’s why. So listen. Just go up to somebody, some officer or some G.I., and tell them you’re Here—not Missing, not dead, not anything but Here.

Stop kidding around. Stop letting people think you’re Missing. Stop wearing my robe to the beach. Stop taking the shots on my side of the court. Stop whistling. Sit up to the table…

jeudi 5 janvier 2012

5 janv - Cheap

Dav me regarde faire, lâche un gras: «Gros! T’es pas sérieux?» Quoi, j’suis broke, man. Je fais ce que je veux, je réponds en sortant une cannette de Pepsi de mon manteau, à notre table du Patio Vidal. «Je suis cheap, moi, monsieur!» coule de ma bouche, avec le sourire dehors, la honte de ma vie à l’intérieur. Et j’ai attendu que mon cadran passe de 3h59 à 4h am pour écrire ces lignes, parce que je sais que tu dors tôt, que tu ne liras pas ces lignes. J’en profite pour te dire quelque chose qui ne te plaira probablement pas, dans ton fort intérieur. Je ne t’aime pas. Probably never will. Don’t get me wrong; I like you, but… En fait, c’est probablement mieux ainsi. Je repense à cette petite anecdote, preuve de ma vanité, ma cheapness, en lisant un passage de Simard… C’est fou, que ça me prenne deux semaines avant de lire une seule ligne d’un livre, puis d’en lire une centaine de pages en trois heures, au beau milieu de la nuit… Dans le fond, j’ai peur des auteurs comme lui, des livres comme celui-ci, qui me rappelle à quel point je suis ordinaire, ni petit ni grand, ni laid ni beau, auteur paumé pas trop mauvais, mais qui ne souhaite pas à tout point être publié. Ma seule ambition, pour le moment, c’est de transformer ma job en métier. Être libraire. Et ça ne me dérange pas de ne pas t’imaginer classer les livres à mes côtés. Tant que tu me laisses un message aux deux jours, le monde peut s’écraser dans sa fin du monde, ça m’est bien égal. Je suis cheap au point de sauver le plus de mots quand on se retrouve face à face, ou juste à jaser en direct, afin de les classer, les réajuster, jouer avec, et les empiler dans des paragraphes fleuves. Et en général, je n’ai plus les mots, devant toi. I just don’t care about them, they’re just too much, I don’t need them. Mais ne prends pas ça pour de l’amour. Je n’ai plus de cœur depuis trop longtemps. Pas que je n’ai pas voulu recoller les morceaux, j’ai essayé. Mais à trop mettre de scotch tape tout croche, j’ai pété un plomb un soir et j’ai tout écrasé moi-même à la masse, j’en ai fait de la poudre, je l’ai laissée au vent de la Berge-des-Milles-Îles, la fois où j’ai embrassé une fille pour la première fois, et que je me suis trompé d’autobus lors du retour. Un jour, si ça t’intéresse, et si je me sens prêt, je te raconterai. La portion d’invention, et de vérité.

J’aurais pas dû prendre du Pepsi à 2h30…

4 janv - Think about you

J’ai pensé à nous deux. Ce que ça donnerait. Encore. J’essaie de penser uniquement aux bons moments, à ceux où tu as souris en même temps que moi. Les mauvais, j’essaie de les laisser au placard, en espérant qu’ils se décomposent comme un corps mort. Je n’ai pas de photo de toi, mais ça m’importe peu. J’ai des images de toi plein la tête, on dirait les affiches qu’on colle sur les panneaux dans la rue, avec les plis, et des affiches qui s’empilent par dessus, qui essaient de faire oublier les évènements passés, et qui, malgré tout, restent collées. Maintenant, le premier souvenir qui me revient en pensant à nous, c’est sur le sofa, à la lueur d’une faible lumière, à côté du piano, ma tête sur tes genoux. Le spaghetti que tu n’as pas fait collé. Mon disque de Coltrane qui jouait «Everytime We Say Goodbye», et je t’ai prise dans mes bras, danser un slow, le premier et le dernier que j’aie jamais dansé.

Les nuits d’été, mon corps en sueur par dessus les couvertures. Les matins avec les griffes d’Edgar sur mes orteils. Le disque de Damien Rice qui te faisait pleurer, celui de Bran Van que je t’ai acheté. La rupture que je repoussais sans cesse, «Now’s not the right time. Attendons après le Pow Wow…» Tu m’as pris de court, en citant Forest, du Loup. «L’illusion de ce bonheur n’est-il seulement que l’habitude?» Et moi qui a pleuré toute la nuit, maudissant Allen et sa Barcelone de t’avoir mis cette idée en tête. On s’est quitté, on s’est disputé, on a baisé, on s’est détruit, et cette nuit-là, à des kilomètres de nous, à quelques mètres de ta collègue newly-wedded, je t’ai fait écouter Duet Tacet, ta tête sur mon abdomen, we started to kiss. De toutes le fois, je crois encore que c’était la plus honnête. Tu savais que je n’avais qu’une blonde un peu cruche en tête. But we did it anyway. Et c’est ce qui a fonctionné. Sans amour, c’était plus simple ainsi. Mais ce soir, dans ton appartement, sur ton ordinateur, j’ose écrire une fois encore… Que serions-nous, aujourd’hui, si nous étions encore «nous»?

Sans le physique, sans les autres, sans tes amis ni les miens (je n’en ai plus, de toute façon), sans le stress de l’école, sans ton boulot, sans mon écriture… Si on effaçait tout, retirer chaque affiche sur la rue pour ne laisser que la nôtre, couper les plis à l’exacto, donner une nouvelle couche de vernis. Would you believe this is real? I’m asking you, because I know… I know you’ll never read this. Parce que j’ai peur que ta réponse soit positive. J’aime penser que je suis le seul à rêver. Que j’étais le seul à te respecter comme tu le mérites, à jouer le grand frère avec ta petite sœur, à blaguer avec ton père et partager une bière à ses côtés. Tu dors… J’en profite pour te piquer la dernière Boris. Et partir comme un voleur, sans faire d’erreur. No love messages this time. But I’ll admit, I like you, kid.

2 janv - Les enfants gourmands

«There’s nothing to do, But I don’t mind when I’m with you.»

Je sais. Je devrais dormir, j’ai travail demain. Mais tu sais ce qu’une sieste fait. J’ai besoin de sortir un paquet de trucs qui me trottent en tête. Comme la phrase Les enfants sont gourmands. Ils passent la main dans un sac de chips, se coupent l’appétit avant le souper. Je le sais, c’est encore ce que je fais. Je me gâche le souper, celui que tu as préparé, en me gavant de petites chips, pensant rigoler un peu avant les trucs sérieux. Mais voilà, j’ai l’estomac noué, maintenant. Et je risque de manquer le souper. Et je réalise que ça crée un malaise dans la famille. Ouais je sais, je fais le pitre et ça ne fait plus rire les enfants. Peut-être que je deviens papa. Oui, je sais, les paroles, les paroles. C’est bien beau. Mais ce sont les actions qui comptent. La prochaine fois, je préparerai le souper. Et quand bien même qu’un enfant gourmand plongerait la main dans les chips avant le repas, je sais que je l’aurai cherché.

La première chose que j’ai faite, dans la maison vide, était de regarder ce vidéo de cet enfant, carotte entre les dents toutes neuves, repousser les avances d’une fille. «Fais pas ton gêné, Jean, pis donne un beau câlin à Amélie.» Noël 1991. En vingt ans, l’histoire fait un tour d’horloge, les deux aiguilles reviennent enlignées. Un autre vidéo, dans la cour de ma grand-mère Auger, sur les genoux de mon père à envoyer un poing dans sa main. «Tu veux dire au revoir à grand-maman? …Tu veux partir tout de suite? Tu dis pas au revoir?…» Fuck. L’histoire ne change pas. En écoutant en boucle Suburban War, avec ce passage en boucle, ma petite main dans sa paume, la maison de grand-maman à Laval-des-Rapides, c’était les rapides sous mes yeux fatigués. Pendant cinq bonnes minutes, dans la maison vide, la tête de Bruce sur mon torse, j’ai pleuré en silence, de peur de déranger. Parce que j’ai toujours l’impression de déranger. D’être de trop, de créer des malaises, de tout faire croche, alors je préfère me tirer avant de trop en faire, ou pas assez. But I don’t mind when I’m alone with you. Seul avec toi, parce qu’à trois, la magie ne passe pas, on dirait, comme une tension invisible dans ma tête. Peut-être qu’elle n’existe pas, j’ai peur de tout, je ne sais pas. J’imagine des engueulades si je fais un move de trop devant d’autres personnes. La vérité c’est que je suis une personne pas forcément solitaire, mais profondément triste. Pendant un moment. Puis c’est l’euphorie totale. Pendant un moment. Mais sans masque aucun, je crois être une personne viscéralement plongé dans le chagrin, constamment tourmenté par des moments ou des gestes du passé qui ne devraient plus avoir d’importance. …Je repense à mon enfance. J’ai tout eu, la santé, les études, les amis. Mais je n’arrive pas à essuyer les blessures, que j’ai subies, mais surtout celles que j’ai fait subir, mon caractère impossible à tolérer, les amours, les trahisons.

Je sais que l’amas de peinture dans le visage m’empêche de vous apparaître comme une personne réelle. Mais sans les masques, tout revient en mémoire. Personne ne veut d’un type constamment visité par ses fantômes, qui déprime l’audience à coup de «J’avoue, j’en ai bavé, pas vous, mon amour». Sans les masques, je n’arrive pas à oublier, à vouloir te faire rire, voire même moins ambitieux, te faire sou-rire. Et ne pas voir ton sourire, ça me fuck l’estomac, plus que de manquer le repas. Laisse-moi un seul masque, celui avec le smile, juste pour passer la soirée. Je fondrai plus tard, dans la voiture, dans l’autobus, peu importe. non, je ne suis pas heureux. Mais laisse-moi te faire croire que tout va bien. Par amitié, ne perds pas ton sourire, pas pour moi.

29 déc - Neighborhood I, II, III

I: la guitare du père à Jay (27 décembre)

Tout a commencé avec Jay. On jouait à cache-cache dans son sous-sol, dans la chambre des machines. Une guitare électrique, rouge, abandonnée. «C’est à toi? Ton père? Il en joue pu? Pourquoi, est super belle…» Je me foutais d’être trouvé, je voulais gratter les cordes, sortir des mélodies. Mais j’ai toujours eu des doigts en pouce, Jay m’a dit que j’étais mieux de taper. J’ai pris une baguette chinoise du souper, commencé un petit rythme sur le chauffe-eau. On commençait à écouter Bloodhoung Gang, même si on ne comprenait pas les calls vraiment dirts. On se trouvait hot, quand on réussissait à faire une toune complète. On gueulait «Suck it!» sans savoir trop ce que ça voulait dire. Puis, mon frère m’a initié à Millencolin. On voulait faire du punk. Jay a dit non, je suis resté derrière mon premier set de drum. J’ai demandé une guitare pour mes 12 ans. C’était la seule chose qui m’aurait fermé la gueule pour entrer dans une école aussi répugnante que Brébeuf. J’attendais d’être dans le parc du Petit Prince le soir pour en jouer, en été, loin des bums qui fumaient de la drogue ou je ne sais quoi. J’ai commencé à écrire sur eux, qu’ils me foutaient la trouille, qu’ils m’inspiraient. J’avais peur, qu’on me frappe, qu’on me pique, ou qu’on pique ma guitare. Mais une fille m’a approché. J’ai tenté de la repousser, je me suis mis devant ma guitare et pas le contraire. Elle m’a demandé de jouer Wish You Were Here. Je connaissais pas, alors elle m’a sifflé l’air. «We’re just two lost souls, vas-y avec l’air, moi j’vais chanter… We’re just.. non, un peu plus bas, ouais là.» J’ai voulu faire entendre du Floyd à Jay, mais lui préférait Blink… J’ai demandé à mon frère de m’accompagner. Lui, préférait la basse. In the neighborhood, I was playing the goddamn guitar, and I think of the smell of her hair, she was getting drunk, pressed her shoulder against mine, getting drunk for her. J’ai découvert Disturbed, Craddle of Filth, et trop tard, Arcade… Putain qu’elle a joué souvent dans ma chambre, Neighborhood #3. Des fois, c’était seulement à la batterie. Ensuite, les Doors, le jazz, les solos de Take Five ou Blue Rondo.

Pendant cinq ans, je restais dans le parc de mon école primaire pour jouer avec les bums, à essayer de durcir ma carapace, ne pas laisser paraître les années du moi souffre douleur. À découvrir Green Day, The Ramones, Black Sabbath, Metalica, trouver des riffs, la nuit, dans mon lit, tromper le sommeil avec des mélodies que je n’aurais pas pu leur faire entendre. Jay a déménagé, la fille punk est partie aussi, et ma copine qui préférait les Destiny’s Child, les Aiguilera, pour ne plus m’écouter rejouer pour la centième fois Something In The Way. C’était loin d’être la plus dure à jouer, mais elle avait quelque chose dans le ventre, cette estie de toune. «It’s okay to eat fish, cause they, don’t have any feelings…» And I can still hear the scent of your hair on my shoulder, girl, but I saved that kiss for another, a later story. Je ne lui tenais plus la main, on ne s’aimait pas, on jouait aux cons, et puis de toute façon, on n’a jamais baisé, rien ne nous a scellé. Quand elle s’est enfuie de moi, j’ai juré que plus jamais, la vie à choisir entre les filles et la guitare. Les filles du quartier, elles sonnaient toutes phonie. J’ai lu Catcher in the Rye, je traitais tout le monde de phony. Je me suis fait mettre dehors du cégep. Et puis, c’était Leloup. En l’écoutant, je n’avais plus envie de jouer. Plus jamais, la musique. J’essayais de jammer comme lui, mais je faisais honte à l’instrument, je l’ai senti. Personne ne peut jouer de guitare sans se sentir soi-même phony, après Johnny Guitar. Alors j’ai mise ma guitare au rencart, dans la chambre abandonnée du frère. J’ai troqué l’instrument contre une machine à écrire. Et malgré les cigarettes qui nous séparent, ton odeur, ta chaleur ne m’a pas quitté. I still live in the neighborhood. You still do. J’ai envie de jouer Summertime. Retrouver les parcs, jouer un riff de Marvin Gaye, «I know flowers grow from rain, But how can Love grow from Pain!» Tu m’as saoulé, miss Robinson. Did you try to seduce me?

II: les éclopés (28 décembre)

Phil got his thumbs chopped off, at the factory, last day of work. Ce matin-là, il avait été malade. Vomi, dans la corbeille, en allant chez Jay. Il a été assez généreux pour lui offrir son lit, le laisser se reposer, mais après seulement quatre heures de faux sommeil, il s’est senti obligé de retourner au boulot. C’était supposément son dernier quart de travail, c’aurait été trop bête de manquer un morceau de salaire avant de partir dans la vieille capitale avec son copain de toujours. Mais voilà. Il a manqué d’attention trois secondes, le temps de s’endormir et de se réveiller en sursaut, et la machine lui a scié le putain de pouce. C’est le deuxième éclopé du voisinage. L’autre, c’est l’un des deux jumeaux de la dame d’en face, une vieille qui ne sort pas souvent. Lui aussi, c’est à la shop qu’il s’est coupé. Au poignet droit. Dans le quartier, ça jase, entre les matantes. «Les pauvres… Si jeunes, et déjà ruinés…»

My brother once tried to gut me, but instead, all he got was my nutsack. Damn was I crying like a madman. J’ai encore la cicatrice. Je crois. J’ai arrêté de vérifier à premiers ébats amoureux. J’avais peur que ça déchire, à nouveau. Une fois la peur passée, j’ai arrêté de vérifier. Pour me venger, j’avais lancé mon chat déjà vieux à l’époque, j’étais tout petit, avec toutes ses griffes dans le visage de mon frère, à sa grande surprise. C’est de là que viennent ses cicatrices au visage. Mon père, c’est une autre histoire. Le voisin, complètement saoul, s’est pointé dans notre cour en lui gueulant après. «C’TU TOÉ QUI VEUT BAISER A’C MA FEMME? AMÈNE-TOÉ, CALISSE!» Il est sorti juste pour essayer de le calmer. Il s’est pris un coup de baseball bat sur le crâne. D’où sa mâchoire difforme. Elle aussi laide que ma mère, sa femme, en plus… J’ai jamais compris d’où il avait sorti cette illusion. People are crazy bastards, I guess.

The neighborhood is filled with dumb fucks. J’avais un pote, au primaire. Sam. Ses parents étaient témoins de Jéhovah. Jamais su ce que ça voulait dire, avant le secondaire, soit quatre ou cinq ans avant son déménagement, dans le fond de Rawdon. Chez lui, on ne fêtait jamais les anniversaires, ni Noël ou Halloween. Je l’enviais. Mes fêtes finissaient toujours au désastre. J’ai jeté le gâteau par terre, à mes quatre ans, parce que mon père m’a pris en photo contre mon gré. Dumb fuck I was too. À six ans, I bitch-slapped ma meilleure amie parce qu’elle m’a offert le cadeau le plus honnête ever. Un sac de billes, dont une, gigantesque. A smasher, we used to call it. Moi je voulais des Batman, des Power Rangers. La pauvre. Je la dénigrais parce qu’elle avait un bec de lièvre. Mais c’était la seule qui m’avait donné un bisou. Dans sa chambre de fille, avec son fauteuil de princesse Disney, en minou rose. I should’ve married that girl. Boy was she sweet. The neighborhood was full of sweet people too. Mais on était tous paumés, des vrais connards. Des gens comme dans Young Adult de Jason Reitman. On avait tout pour être heureux dans une banlieue crade, mais chacun ses blessures de guerre, des doigts en moins, parfois des poings, sur la gueule, et une queue atrophiée. Ma première copine est partie juste à temps. Je n’ai jamais eu le malheur de lui montrer le désastre. La seconde, elle avait son lot de cicatrices aussi, d’un autre quartier. Elle n’a rien dit, n’a jamais eu peur. Ou sinon, elle vomissait en silence, en retrait. We’re all freaks.

III: les lieux (29 décembre)

On allait aux arcades, aux Galeries Laval. C’était avant qu’ils rayent tout de la carte pour installer les bureaux de Tecnic. La plus populaire, la plus high tech, c’était le simulateur de vol en sphère. Jay et son père tripait à se faire virer dans tous les sens, attachés de tout bord tout côté, tandis que moi, je jouais seul au air hockey. Une fois par deux ou trois mois, on se ramassait dix ou quinze dollars et on ruinait tout à l’Arcade 2000. C’était après la fermeture du Centre 2000, sur Daniel Johnson. Le Centre 2000, avec ses grandes allées vides, où circulaient les balles de tumbleweed, tellement c’était vide. La mauvaise herbe s’installait à l’entrée du cinéma Odéon, là où j’ai eu mon baptême du cinéma, avec Casper, le premier. Puis, c’était Titanic. Le Centre 2000, avec sa machine à gomme géante et ses gommes T-rex, disparues depuis; avec son Dollorama, les figurines de Dragon Ball qu’on collectionnait. We hung out at such dorky places, with the neighborhood… Mais on était bien entouré. La première gardienne dont je me souviens, elle était blonde, avec une couette, et m’aidait à faire mon casse-tête Babar, ou Passe-Partout, avant que ça disparaisse des écrans. Elle est venue seulement une fois, mais je me rappelle encore. Mon premier crush. La deuxième personne qui m’a gardé, avec mon frère, c’était Fred. Fred, qui habitait au coin de la rue, qui jouait aux épées avec nous, au jeu de serpents et échelles, et qui nous a initiés à l’humour de Pauly Shore dans l’armée. Lui est resté plus longtemps, mais paraît qu’il était souvent sous les drogues et tout, et quand ça s’est su… You know, parents’ stuff. «On va vous trouver quelqu’un de mieux.» Chez Jay, il ne sortait pas souvent, et comme on était copains, ça aidait à rester chez eux sans qu’on pleure l’absence de papa maman. Kids’ stuff.

We went to the same places, always, like swimming lessons, tennis courses, the games, the pool. This one time I went for my swimming exam, I was maybe seven or eight, playing with my Batman toys, left it there, pass the exam, like a boss, eyes full of goddamn chloral, getting out of there, leaving Batman behind… Kid cried for a year for his goddamn Batman toy. Never found the bastard. Il y avait cette fille, Marie-Chantale. J’ai toujours eu la mémoire courte, et en plus, avec un prénom composé. Alors je l’appelais «Eille». Un jour, elle s’est tannée. «J’m’appelle pas Eille. J’ai un nom.» Smart kid she was. Elle était mignonne, mais ce n’était qu’une amie de la piscine. Une fille dans le coin de Sainte-Rose. Une fois, j’ai dû attendre ma mère chez elle, on a joué à Duck Hunt au Nintendo. C’était la dernière fois que je l’ai vue. De ce temps-là.

You never really leave the neighborhood. Sometimes, you just meet old people you once knew. Like this girl. Boy did it felt weird when I saw her, last season, in a McDonald’s parking lot. You know, when you want to say hi, but then it’d be awkward as hell, so you just kind of shut up, and look at what they’ve become on Facebook. We still do kid’s stuff. I still search those T-Rex gums. My old Batman action figure… But the Arcade is still down in history. So is the supermall…

«Please… Let me keep this one memory. Just this one.»

-Eternal Sunshine of the Spotless Mind.