lundi 26 septembre 2011

26 sept - Reliure ou email

Je m'ennuie des lettres que j'envoyais et recevais de ma copine de Québec. Sa calligraphie, mais aussi comment elle pliait le papier à l'intérieur, en origami. Comment elle allongeait le J de mon prénom, sur l'enveloppe. Et son parfum...
Un auteur sur Caracteres.ca a écrit sur le sujet, et j'ai senti à nouveau le fumet doux amer de cette fille qui m'est maintenant si lointaine...
J'avais publié mon code postal sur Facebook pour recevoir encore une preuve de la matérialité de l'écriture... Mais bien sûr, tout le monde préfère le monde virtuel, l'impersonnel, aussi sincère soit-il.

Hier, ou avant, peu importe, je vu Frédéric Beigbeder présenter son dernier bouquin à TV5. Voici sa participation. En bref, il évoque la beauté d'un livre, imprimé, relié, palpable, contrairement aux e-books. Je comprends l'argument des défenseurs de ces derniers: on ne s'encombre pas de milles volumes, en partant en voyage, c'est le même texte, on peut même y faire des annotations. Oui d'accord. Mais n'avez-vous jamais pris le temps de toucher les pages d'un livre? Voir la coupure, passer le doigt sur les pores d'une page d'un Gallimard? Sentir un livre neuf, sentir un livre usagé?

J'hésite toujours à passer des livres à des amis. Une sauce à spag dans un sac, ça s'ouvre facilement (salut Méli). Ou des notes à la fin, dans les marges (salut Lay). Et pourtant... J'ai acheté "Littérature et Psychanalyse" de Jean-Noël Bellmin, édition 2002, à la boutique Volume, rue Ste-Catherine. Usagé, il va sans dire. Des notes, probablement d'étudiant qui a recalé, dans les pages, il y en a. Et bon sang que c'est jouissif.
Dans les bibliothèques, je regarde toujours mes livres fétiches pour voir ce que mes pairs y ont trouvé d'intéressant. Peut-être quelque chose que je n'aurais jamais aperçu si ce n'était d'eux. Même un livre saucé me raconte une parcelle de l'ancien(ne) propriétaire.

Beigbeder raconte: "Vous êtes dans un train, un avion, un bus, peu importe et vous voyez une jolie fille lire un bouquin. Vous pouvez essayer de voir le titre et ensuite, engager la conversation. Alors, voilà, sur un iPad, on peut pas faire ça!"

Comment ne pas être séduit par un argument si romantique? ;)
---
Lundi, 26 septembre 2011, 23h15

26 sept - Écrire

Écrire. Éviter le regard des autres, tout en restant voyeur.
Je ne comprends pas ceux qui écrivent en collectif. N'ont-ils pas ce besoin de recueillement? Le partage, oui. Mais après, et non pendant. Comment une plume devient-elle soi si on la prête au milieu d'un mot intime? Non loin du sacré, l'écriture se doit d'être personnelle, à la limite cachée du reste du monde, une cicatrice qu'on n'ose montrer qu'à ceux en qui l'on a entière confiance.

Je bois pour écrire, tout en déconfiture... Je relis, la fierté monte, puis s'apaise avec le sommeil et l'assurance que personne ne lit de telles idioties. Deux jours plus tard, on me remet le nez dedans "Regarde ta cicatrice! Vois comme elle est sincère", et je bois à nouveau, entre l'euphorie nombriliste et la honte (forme de modestie extrême), devant une blessure que je n'osais pas pointer moi-même. J'écris pour moi, pour vider ma mémoire, créer du papier, pour mieux les renfermer dans des tiroirs. Sortir le crachat de ma tête, et mettre la clé, physiquement et mentalement.

Je crois que c'est Helene Cixous qui écrivait: "Écrire pour ne pas oublier". Les deux sont possibles. Il y a de ces phrases en moi qui n'ont étrangement pas cette censure qu'offrent les rêves; celles qui font mal parce qu'elles disent vrai alors qu'on tente à tout prix de le fuir, le vrai. Fuir. Fuir. Fuir. Loin. Loin. Loin. Toujours ces deux mots. Éviter le regard qui me rendrait soit égo-narcissique et imbu, soit l’extrême opposé.

---

Paradoxe. Lorsque je sens le besoin d'être dans un lieu public, anonyme, pour apprécier ma solitude. Et lorsque la maison se vide, voilà qu'elle se remplie d'une, puis de plusieurs familles et entourage, leurs têtes invisibles au dessus de mon épaule qui frissonne. L'angoisse de ne pas vouloir appartenir à un groupe qui voudrait de moi comme membre, paraphrasait Woody Allen, dans Annie Hall. J'avais écrit, pour le jour de mon anniversaire, que je buvais pour être sobre, que je criais pour taire mes mots (maux). Et maintenant, ces mots, je les entends dans la chanson "Le manoir à l'envers" de Leloup. *Merde, quel con. C'est "Le Castel Impossible"...*

Je ne comprends les gens heureux de vivre dans l'écriture. Autant elle exorcise, autant elle détruit les fondations du monde autour. Elle permet trop d'univers pertinents, trop de réalités aguichantes. Comment supporter le trop plein de réel qui replonge en soi, en sortant la tête de sa plume? Existent-ils vraiment des personnes assez saines pour ne pas souffrir de leurs mots? Elles n'écrivent peut-être pas, alors. Elles jacassent, frivolent, caracolent. S'empêchent de toucher à la membrane douloureuse de la création qui, comme une côte flottante, accroche les poumons, colle au cœur à en pleurer, soir après soir.

---

Trop près de la réalité. Un ami avec qui la pinte de rousse coule toujours à flots, il me raconte une nouvelle qu'il écrit pour moi. Le type regarde une fille dans le métro. La belle lui rend ses yeux, il se déniaise, elle lui ouvre la porte grande ouverte, s'embrasse jusqu'au lit, pour comprendre qu'ils sont seuls, se masturbant chacun de leur côté en pensant à l'autre. Nul besoin de dire que j'ai toujours été friand de happy endings, et que j'en eus les larmes aux yeux d'une telle réalité possible. Le problème avec Raphaël, c'est son désir de passer un message. Le mien est de pleurer sur mon sort.

-Buckle up.
-What? That's it? You're an international reknown psychiatrist, and all you got for me is "Buckle up"??
-... Well... Buckle up, sissy pants.
- ...nice. Thanks mom.

Je joue sur la beauté du moment. D'intervenir serait la détourner , la faire fuir (encore). Je préfère m'en tenir aux fantaisies, aux discussions infinies qui rarement finissent en engueulade, ou déconnade. Ma femme bourgogne, elle n'a besoin de rien d'autre pour être superbe, sous son étole. C'est pourquoi le narrateur s'est délibérément retiré de son champ d'attraction, qu'elle lui ouvrait volontiers. Parfois, le contact a tellement été source de déceptions, je me contente de supposer la perfection imaginée, plutôt que d'oser. Oser serait risquer le moins que parfait, le subjonctif en permanence.

J'ai réinventé la fille de mes rêves, pour lui donner des attributs qu'elle n'aurait jamais pu avoir si je l'avait empoisonnée de ma présence. J'écoute Blood Bank. La neige sur la voiture où sont pris un homme une femme. Dans mon univers, c'est elle, dans la voiture. Moi et elle, le soir où j'ai mis une croix sur son cœur, le soir où jouait à la radio de sa voiture "Endless love". Des moments comme ça, ça ne s'invente pas.

Bon Iver. C'est une autre solitude. Celle-ci très récente. Mon ex avait pris congé pour trois semaines, dont une qu'elle utiliserait pour aller se réfugier dans le nord avec sa grand-mère et sa(ma) petite sœur. J'ai accepté de m'occuper de son appartement, de nourrir son chat. La veille de ma première ronde, j'avais recommencé les "Short Stories" de Salinger. À peine une page, pas davantage, juste pour me remettre dans le bain. Le premier jour, le livre collé aux mains, j'ai lu pendant le trajet d'aller. Par fragments seulement. ...Trop ému devant les non dits d'Uncle Wiggly, je ne pouvais me permettre de pleurer devant tous ces gens dans l'autobus. Regarder dehors, en haut, pas trop cligner des yeux. Dans l'appartement, avec une caisse de Boris mojito, je me suis installé dans la chaise pouf, une bouteille et boite de mouchoir à mes pieds, cigarettes et livre dans chaque main. Et j'ai lu. Toute la détresse, à travers la mélancolie de Re:stacks, parce que ça me rappelait Montmagny dans le temps des fêtes, et que c'est triste, Montmagny sous la neige, le soir. Seul, sur ce balcon qui n'est pas mien Tous ces non dits avaient été lus. J'ai repassé les lignes fortes. Me forcer à sortir le lacrimosa.

Alors j'ai bu jusqu'à ce que ça sorte. Parce qu'il le fallait. Parce que jamais je ne m'accorde le droit de ne pas pleurer; jamais je ne me permet de ne pas souffrir. J'ai passé trop de temps à dire que j'étais content d'être un imbécile heureux, derrière mon comptoir de Couche Tard. J'ai subi trop de revers amical pour apprécier un amour qui pourrait se révéler sincère.

Alors j'écris pour oublier d'oublier. Je bois pour être ivre de sobriété. Je vis le kaléidoscope brisé qui ne déforme plus rien. Mes mots s'entrelacent, et mes bras ne trouveront que moi dans mon lit.

---
Lundi, 26 septembre, 21h
Jean Derome



dimanche 25 septembre 2011

25 sept - Coua coua quoi les KarkwAcarde

Mardi texto de mon ex "Tu veux voir le show avec moi et Lisi? A va être contente de te voir!" J'avais plus ou moins envie, mais de voir ma petite sœur, l'envie grandissait. En même temps que la pensée "C'est malsain... Dis non." Mercredi, la maladie, elles annulent. La mienne s'efface d'un coup, celle qui me poussait à voir une fleur de bientôt 15 ans parfaitement In Bloom, voire nirvana.

Jeudi j'y suis. Ras de marée de jeunes en casquettes vintage, lunettes à grosse monture, cheveux rasés sur le côté, avec les débardeurs bruns. Enterré parmi les Xavier Dolan uniforme de la foule, déjà dans les sous-terrains de la Place-des-Arts. Montréal, la pleine. En sortant, Karkwa chante, fait rouler les riffs de guitares, lousses, précises, justes. Trop? Un écran projette Cormier et compagnie pour la rue Ste-Catherine, où je m'installe dans les marches, pour sortir l'enregistreuse.

Six ou sept gamines s'esclaffent, téléphonent fort pour trouver d'autres rieurs. Un regard inquiet dans leur direction, j'espère que le rock va les couvrir... Toujours assis, l'écran reste visible. Par moments. Minute après minute, ça coule devant moi, comme une rivière sans fin, s'abreuvant à la bière 5,25. 37 minutes et déjà Merci. Place-des-Arcade.

Dans les marches, côte à côte, coincé comme une sardine. Moi toujours assis, mes voisins se redressant. Ça va commencer. Rec? Non pas tout de suite, attends... attends. Message étrange qui résonne dans l'arène des disciples. Ok go, pars l'enregistrement. Toujours assis. L'écran a disparu sous les gens qui applaudissent vers la Catherine. Une chanson que je ne connais pas, so be it. Puis... Keep the car running. Montée d'adrénaline que je conserve pour ne pas bousiller le son. Ce soir, ça donne. Même avec la voix, quoique française, agressante de la chanteuse frisotée, les fréquences font trembler mes tripes de joie. S'en suivent succès sur succès qui me sont inconnus, parsemés de No Cars Go, et autres Intervention sorti tout droit d'une église. Enfin, je me lève. Faut bien voir le spectacle, non? L'écran diffuse, mais aucune lumière en dessous... Où sont les musiciens?? Ne te pose pas de question, concentre toi sur les sons. Le regard sur les images projetées. Damn, j'ai manqué ça! Mais encore, je cherche la scène... Les images ne sont pas synch avec les mélodies, ça gâche un peu.

Seul, à endurer fans anglos, commentaires insipides, et danses étranges, à travers les brumes d'une musique juste, envoutante. Les freaks sont rois, ce soir. On se croirait dans l'univers de Everybody Wants To Leave du Deadwolf... "Un son massive, huge, big, on the edge (on the edge)". Soudainement, l'enfant qui dansait, sautait partout, pendant Karkwa, il me manque... Après une heure et demie, le band s'éclipse. La marée se dissipe difficilement. Une femme à ma droite: "Est-ce que c'était le rappel? (Je hoche de la tête, toujours en train d'enregistrer les dernières vibes de l'orgue spatial) C'est par où le métro? Juste par là (stop la machine)". Je réalise que la scène était de l'autre côté complètement. La musique plein la tête, n'en connaissant que le cinquième, comme un zombie, je marche station PdA, puis me ravise. Plutôt prendre Place-d'Armes. ...dont la sortie est bloquée. Trop de flics, trop de barrières, trop de gens. Direction Square Victoria, à travers les milliers de gens, les nuages qui vaquent et le dos en compote.
J'appelle pour dire que je rentre, que je suis trop vieux pour tout ça.

---
Vendredi, enfin. Après la répétition du vieux Loup qui semblait en pétard contre l'écho du Rialto, on allait enfin savoir ce que ça donnerait, devant une salle pleine, ou presque. Plus petite que le Métropolis, plus intime, tout en conservant le problème du Colisée Pepsi, allait-on avoir droit à des remarques assassines, comme trois ans plus tôt? On nous promettait le meilleur show de notre vie, pour les deux évènements. Accompagnés de deux louveteaux, ça pourrait facilement tourner au fiasco...

Je m'installe sur le côté droit de la scène, quelques mètres en arrière, la machine sur le rebord d'un box où sont assis sur leurs gros derches jeunes et vieux croulants. Surveillant mes arrières, craintif d'être repéré, je laisse l'appareil rouler dans son boitier pour ne pas attirer l'attention. La musique de fond s'estompe, Jean, David, Virginia, Mathieu, Alain et Charles prennent place. Seul à la guitare, quelques riffs apaisantes. La solitude parfois est immense... Les frissons d'entendre la chanson de mon enfance. Qu'il en récite plusieurs vers, entrecoupé d'autres parcelles, ça s'annonce merveilleusement bien. Le piano s'ajoute, la batterie, la basse. À moins de dix mètres du groupe, facile de voir leur sourire, sans aucun besoin d'écran géant pour plaire à tous et toutes. Coua coua corbeaux, ils reviennent sans cesse, réminiscence de Milady, nouvelle formule.

Leloup n'est pas une playlist. C'est une envie de jouer, de célébrer. Slalom entre vieux matériel (Laura date de '89, quand même), et plus récent (Invisible Time, Voyageur, La chambre à gaz), et révision (With my love, refrain qu'on associait surtout à l'intro de Faire des enfants, de la tournée des Fourmis jusqu'au Big Band).

La salle, réceptive. Je n'avais encore jamais vu ça, d'un concert du guitar-hero. Clap au bon beat, saute comme des défoncés pendant La Vie est Laide, chante pour lui "Les gens aiment bien quand ça fait mal et ya pas d'mal à s'faire du bien"! La symbiose, parfaite synchronicité.

Partie, la moue bougonneuse de Jean, le malaise de Virginia qu'on apercevait lundi. Le gros fun noir, comme c'est pas permis. Personne pour nous dire qu'on jou(i)e trop fort, pour nous dire d'aller nous coucher. Des jams à n'en plus finir sur Cookie (me faire aimer cette pièce, en plus d'un solo de basse, fallait le faire). Tant de moments parfaits, pas trop tassé dans mon coin sombre. Je hais les gens qui gueulaient autrefois "ON T'AIME JEAN!", mais ce soir, l'envie montait en moi de le crier du plus profond de mes tripes. La retenue, pour un enregistrement clean, brut comme un diamant.

---

Karkwa / Arcade Fire: Band tight, musique juste, sûrement note pour note, comme sur les albums. Bref, clean, sans dérapage. Mais derrière un océan de hipsters, derrière plusieurs écrans, pour flasher, pour faire big shot. Peut-être trop propre, quoi...

Leloup et The Last Assassins: Musique lousse, incertaine, et pourtant vibrante, sentie. Le but était d'avoir du fun. Or, gros fun sale et sexy il y avait, à la tonne. Sans oublier la danse de Virginia "Let's lose some gigely!"

Verdict: vaut mieux voir un band s'amuser et faire milles et une variation avec un répertoire pratiquement infini, que de seulement entendre des musiciens faire une job de jouer prudemment leurs petites chansonnettes.

samedi 17 septembre 2011

17 sept - Guerre

Entre moi En me torturant. Une chanson pour me punir. Pour un bonheur mille malheurs, disait le clerc. Je n'ai pas droit au sentiment, qu'au ressentiment. Tout pourrait aller pour le mieux, je préfère le pire. Le temps avance, s'arrête recule à une vitesse exponentielle. Heureux pour un café à verser des gouttes sur la napkin maltraitée.

Avec un ami dans un Tim, dans un appartement, devant des inconnus. À m'ouvrir comme je l'ai fait, être surpris devant l'écoute, agréable, puis je me relis... God que je suis prétentieux, je suis si important, à pontifier, mes histoires, Pourquoi je suis moi. Je suis guerre.

Entre éthique et morale, guerre à moi-même de m'avoir trop menti, de m'être trop écouté parler. Wolf contre Napalme, dans mon cœur, dans ma tête.

Refuser de voir des groupes pour voir des gens seuls, pour me retrouver. Peur de m'amuser, de m'assumer. Un autre texte sans aucun sens, que je vais regretter.
---


Sérieux, folks. Bientôt, je vais devoir renommer ce blog "Cabinet du cinglé naufragé". Ou "Dysthymie". Donnez-moi des numéros de bons docs de la cervelle. Ça va pas, là.

vendredi 9 septembre 2011

9 sept - La Honte (Les nuits que je n'ai pas dormies)

La honte. Celle qui me garde éveillé la nuit. To eat or not to eat, there is no question... La honte qui m'empêche d'aller voir un médecin pour un orteil troué depuis plus de deux ans. Le honte de ne pas avoir donné d'effort pour des cours qui en valaient plus que la peine, et cacher les résultats.

Préférer aller dehors, regarder les enfants patiner sur la glace de janvier; au loin pour qu'on ne me traite pas de pervers. Au loin pour ne pas montrer des larmes. Préférer rester dans l'ombre plutôt que d'assumer. Les choix faits, ceux évités, de peur d'avoir de mauvais résultats. Et quand même en avoir...

Écouter la pluie soupirer à la fenêtre. Un fond de piano en arrière pour se sentir moins coupable, de quoi, d'on ne sait quoi. Aimer la nature pour son ouverture au monde, ses crises d'angoisse comme ses joies. Plutôt l'envier, en fait. La détester d'être aussi honnête. Comme une vieille copine qui nous dit qu'on n'était pas aussi méchant, avant. Ou un copain qui nous rassure en mentant que rien n'importe au point de s'en faire autant. A mouthful of meaningless words, qui calme la tension entre les deux omoplates, congestionnées.

Tourner, se retourner de bord, dans un lit neuf, et se réveiller les yeux en sueur, missing the old one. Parce que tant de souvenirs sont partis si vite, sans dire au revoir.

Une toux, une pluie, une évasion. L'imagination d'un monde aux couleurs impossibles. Une fantaisie pour m'aider à mieux dealer avec la réalité. Parce que tous les soirs, depuis plus de deux ans, je me couche seul, sans personne à qui me confier sans sentir la légèreté d'être, le bonheur de se construire des rêves infaisables. Sans le mensonge, je n'ai plus rien. Que la réalité de ma solitude que personne ne veut partager.


Les nuits que je n'ai pas dormies, je les ai passées à trop penser la vraie vie qui m'étouffe. Qui me tue.