dimanche 26 septembre 2010

Superheroes

Les gars sont partis prendre un verre au bistro Wilde. C'est jeudi soir, je décline l'invitation. Même si je n'ai plus de cours jusqu'à lundi, je suis crevé de l'intérieur comme de l'extérieur. Mes pas sont lourds et mon dos est courbé par l'effort de passer au travers d'une semaine exténuante. Seul devant mon ordinateur portable, je prends une bière et j'écoute Superheroes pour me donner un petit sourire. Évidemment, la musique me passe dessus comme de l'eau qui coule sur un roc solide, immuable. Le soleil est déjà couché depuis quelques heures. Savoir que l'hiver est là, à m'attendre comme un faucon attend sa proie, ça me traumatise, je suis pris de panique...

Par la fenêtre ouverte, le vent glacial se jette sous ma chemise. Encore trop effondré et impossible à bouger de mon siège, je reste là à subir mon sort. La mort me souffle dans le cou que j'essaie de couvrir de mon possible. Mais toujours, je reste en place et me dit qu'après tout, c'est probablement ce que je mérite. Il est passé 22h, et intérieurement, je sens un minime souhait qu'un signe extérieur m'appelle. N'importe quoi pour me sortir de la noirceur, du grabuge qui m'habite. Par pitié, faites qu'un quelconque colporteur sonne à ma porte. Ne serait-ce que pour me lever, ouvrir et répondre d'une voix monotone: "ne me dérangez pas"...

22h10. J'ai de petits faisceaux qui descendent de mes yeux. Les voies nasales sont submergées puis éclaircies. J'ai dans la tête des histoires de bonheur qui n'ont ni queue ni tête, des souvenirs de bons moments puis des terribles catastrophes qui me restent collées au fond du cœur de pierre. Je vois des démons, des flûtes de champagnes, des fêtes détruites par des nazis, des filles éventrées et violées, des gars dont les mains ont été coupées. 22h30. J'ai les yeux secs, un goût amer de métal dans la bouche, et ce qui restait de ma force s'est complètement dissipé. Plus rien ne me vient en tête, je ne fais que jouer au Solitaire. Et je me dis que c'est bien un jeu fait pour moi...

Je ne vois plus le temps passer, et une personne frappe à la porte. Au même moment, le téléphone vibre dans ma poche. Les gars n'étaient pas au bistro. "Vient, dude. On va te payer un drink au Dal." J'ai envie de les remercier et de renoncer, mais je suis trop faible pour décider quoi que ce soit. J'ai envie d'être dans les bras d'une fille qu'eux deux trouveraient trop superficielle et trop niaiseuse à leur goût. Juste pour les faire chier.
Mais disons que pour ce soir, je vais faire comme si j'étais content de les voir, et les appeler des Superheroes qui m'ont sauvé de la mort. Juste pour ce soir, j'va faker d'être content de les voir. Parce que, tout simplement, il n'y a que lorsque j'ai besoin d'eux que je ne veux pas les voir...

Allez savoir...

samedi 25 septembre 2010

dimanche 19 septembre 2010

You know, sometimes... you just try too hard...

Sometimes, you just say things I don't understand. You go left and you go right. Sometimes, I just want you to fall in a trap. Most of the time, we made the traps ourselves. Maybe some day, you'll learn from your mistakes. There's so fucking many of them... I know I shouldn't talk, since I've made so many, myself. Though it's so painful to watch you walk away and then come back and so forth.
Maybe we're both of the same kind: afraid of the cold. Fall's coming, and we are chilly and sore, and we just want to come back in our warm bed. This bed we once shared. That once shattered us... You use to say I was such a kid. And I used to hide away in the sheets. And we were so confused... But we still are, and still have the right to.

But, jeez, get a hold of yourself. Straighten up, sis.
J'pensais à la toune d'automne, et j'me dis que la personne qui a écrit ça était trop sympatique... Faudrait lui brasser la cage, à la fille. Lui dire que la vie est parsemée d'embûches solides et plates, mais que ça forge le caractère.

...j'suis tellement papa. ok j'arrête.

mardi 14 septembre 2010

Le refuge (13 sept 2010)

Texte écrit dans le cadre du 1er exercice de création littéraire. Thème: le lieu.
---

Dès le premier pas posé dans l’appartement, les souvenirs reviennent. Les murs n’ont pas changé : il y a toujours ces cicatrices laissées par mon frère et sa copine, les traces de poings dans la charpente. La peinture est la même, bourgogne et beige, délavée par le temps et les excès de rage du couple. Le plancher craque sous mes pas, le bois à moitié moisi, comme auparavant. L’entrée qui donne directement sur la cuisine conserve cette odeur nauséabonde laissée par les dizaines d’animaux qui restaient ici, les plats de thon qui pourrissent dans l’évier ou dans les gamelles. Lorsque je commence à m’habituer à l’odeur, je passe par le salon, où se trouve ce vieux fauteuil antique griffé par le chien, pour m’installer sur le balcon du troisième étage. Je me retourne pour étudier en détail ce qu’il reste du refuge. Outre le fauteuil, un meuble pour la télévision comble le vide du salon. La vitre du meuble est brisée, et je ne sais pas si je devrais la changer. Plus loin, dans la cuisine, je vois qu’une tasse à café est restée sur la table, celle que mon frère a volée à la pizzeria du coin. Je décide de revenir à l’intérieur pour vérifier si la tasse contient encore une quelconque substance. Le fait qu’elle soit vide me rassure l’instant d’une seconde. L’appartement est encore meublé et pourtant, tout est vide. Dans la chambre, les rideaux sont tirés, le lit, défoncé, et le bureau d’ordinateur est tout aussi amoché. C’est comme si plus aucune vis ne tient en place dans ce taudis hanté par les fantômes d’un couple sur le déclin. Assis sur le lit penchant, je remarque que la porte du garde-robe est éventrée et, aussitôt, je revois mon frère, son katana tenu à deux mains au-dessus de sa tête, visant l’amant de sa copine. Décidément, même après ces cinq années d’inhabitation, le propriétaire n’est toujours pas résolu à changer la défragmentation du lieu. En me levant, je détourne enfin la tête du triste dégât. Les mains dans les poches, j’avance à pas feutrés à travers la cuisine et inspecte l’état des électroménagers; la crasse s’accumule à vue d’œil et, malgré tout, rien ne semble aussi misérable que dans mon souvenir. Les fondations sont bonnes à jeter, mais je n’arrive pas à m’y résoudre. Les armoires, les tiroirs et les étagères vides me donnent l’impression que tout ceci possède un vécu, mais aucune mémoire. Seul à ressasser les éléments du passé, je passe un doigt sur la surface d’un comptoir et j’y vois la triste réalité : tout est éphémère. Sur le frigo repose une note sur laquelle est écrit : « Je t’aime, n’amour! On se voit ce soir. » Comme je n’arrive pas à savoir s’il s’agit de lui ou d’elle, j’enlève la note et la dépose dans la poubelle. C’est le premier pas vers une nouvelle ère, celle où les fantômes de la rancune et du désespoir ne laisseront aucune trace aussi visible sur les murs. Les empreintes de mains ensanglantées sur le mur beige que j’ai peint autrefois, je compte les recouvrir de teintes bleutées, afin d’y voir clair pour la première fois depuis leur rupture. Ce lieu doit retrouver sa nature : un refuge pour ceux qui ont peur du malheur.

---
Jean Derome, lundi 13 septembre 2010, 23h

mardi 7 septembre 2010

News from the radio

Le texte des nonnes s'en vient. Ça fait quand même 2 semaines qu'il est écrit, il me faut juste le temps de me concentrer là dessus au lieu de jouer au Solitaire...

Deux autres histoires sont en préparation, pour l'instant: un type et sa copine, un jour grisâtre dans leur appart, le type demande à la fille "would you marry me" pendant qu'il prend un café à la table et qu'elle soit au salon à moitié dans la lune; la deuxième histoire m'a été inspiré par un très récent évènement: il s'agit de deux frères âgés (un, trisomique, l'autre en mauvais état) trouvés morts. Je veux écrire leurs derniers jours...

Pour l'instant, on verra si ce premier cours à l'UQÀM va pouvoir m'aider dans ma démarche.

Bonne nuit les petits.

-La Légende
7 septembre 2010, 10h35 am