vendredi 30 avril 2010

Binaire (lire lentement)

"Un feeling qui dure plus longtemps qu'une page, ce n'est plus un feeling. C'est une réflexion."

------------------------------

LGND se regarde dans le miroir.
Il voit une gueule terne et triste.
Es-tu satisfait? Oui. Non.
Il ouvre la porte de la salle de bain, se dirige vers la cuisine et se sort une cigarette.
Tap tap tap sur la table, pour arranger le tabac à l'intérieur.
Je l'allume? Oui. Non.
Assis devant son ordi, il est passé minuit, et c'est vendredi.
Tap tap tap sur les touches de l'ordi.
Aimes-tu ce que tu écris? Oui. Non.
Il passe en revue tous les profils des ses amies.
Après deux minutes, il passe à autre chose.
Veux-tu mettre de la musique? Oui. Non.
Le tic tac tic tac de l'horloge le ramène à lui. Il enlève les batteries.
Ça ne te dérange pas de ne plus avoir l'heure? Oui. Non.
Il sort sur le balcon, fume une autre cigarette,
écoute les voisins, au loin, qui font une petite fête tranquille.
Un courant d'air frais passe. Il rentre, prend son veston et ressort.
Les pieds dans le vide, du haut du 3e étage, il se couche sur le petit tapis.
La tête dans les nuages.
Ça va mieux? Oui. Non.
Un son de l'ordinateur résonne, à l'intérieur.
Il se lève lentement, marche en traînant les pieds et s'écrase dans sa chaise.
Un email d'un magasin de disques qui montrent les nouveautés.
Veux-tu prendre un verre en quelque part? Oui. Non.
Il se lève de la chaise et s'enligne vers son lit où il se laisse tomber de dos.
Il allume la télévision en espérant trouver quelque chose d'intéressant.
N'importe quoi.
C'est tes amis qui te manquent? Oui. Non.
Il ferme la télé et tente de dormir.

La barbe pousse. Le ventre prend de l'espace. Le regard est vitreux. Les jours passent. L'été arrive, mais c'est loin d'être du Soleil Plein La Tête.
C'est elle qui te manque? Non. ...oui.

---
DM
vendredi 30 avril 2010, 17h53
retouché le dimanche 19 décembre 2010, 21h
(musique, au besoin)

samedi 24 avril 2010

Une clope (sam 24 avr 2010)

L'important c'est de se dire que tout ça n'est que du passé. Ne pas s'enfler la tête avec tout ça et penser à autre chose. Prendre les choses comme elles arrivent et les laisser au passage. Et surtout se dire: "Tout ça, c'est que du passé."

Le nez cassé, un sac de glace sur la tête, le corps bourré de tylenol et autres comprimés pour faire passer le calvaire, je regarde ma bouteille d'eau, la tête basse. J'ai pris le taxi, parce que, contrairement à tous mes autres potes, j'ai pensé que c'était une mauvaise idée de rester dans ce bar maudit. Le sang coule moins, mais le chauffeur s'inquiète (il a peut-être peur que je souille sa moquette).
- Tu devrais aller à l'hôpital, ça semble sérieux...
- Nanon, ya pas d'problème, jm'en occupe. Le mieux c'est d'arriver en vie chez moi.

Après un court silence, il me dit qu'une voiture le suit depuis bientôt quinze minutes. Je commence à avoir encore plus la chienne. J'ai le malheur de regarder en arrière... Le skin croise mon regard. Il fonce et percute le taxi qui dérape aussitôt. Il est trop tard pour faire ma prière, le Bon Dieu est de son bord. C'est lui qui a la crowbar. Allez, on va danser le Nazi Rock Nazi... Un beau grand slow collé, comme je faisais là-bas, une heure plus tôt, avec cette belle blonde. Sauf que lui a tout l'attirail pour me faire valser jusque dans les prés, jusqu'aux simagrées les plus ridicules. Pour vrai, vous n'aurez jamais vu quelqu'un autant chialer comme un bébé que moi. Les flots, je vous dis. Il m'a fait regretter mon avortement qui n'a malheureusement jamais eu lieu. Le chauffeur, un 'nègre', il a eu droit au coup du classique du cinéma: la tête sur le trottoir, plus balles dans la tête. De toute beauté, je vous dis, je vous jure.

Au réveil, tout est flou, tout est blanc. Pendant un court instant, j'espère que c'est la lumière du grand Salut, et puis je me ressaisi et réalise que je suis avec d'autres patients, sur un lit. Cette fois, j'étais bon pour l'hosto. Les dents cassées, le visage cabossé, tous les muscles de mon corps sont recourbés vers l'intérieur... Avec un brin d'humour, je me dis que ça pourrait être pire: on aurait pu me couper les cheveux... Qu'importe si je suis démoli; l'important est d'apprécier le fait que, ben maintenant, j'ai toute une histoire à raconter! La fille à côté de moi, elle s'est fait renversée par une voiture. Séquelles? Aucune. Un vrai petit miracle sur deux mognons! Non, c'est une farce; aucune séquelle, pour vrai. Elle se fait chier rare et pour passer le temps, elle zappe sans arrêt les postes de télévision. Enfin, son regard se tourne vers moi, fait une mine du genre : "ishh... ouin, tu l'as pas eu ruff, ta soirée". Elle finit par me dire: "T'as essayé de t'battre avec une marmotte pis a l'a gagné?"
- Haha, très très très très drôle...
- En tout cas, tu serais mieux de lâcher la bière, c'est pas bon pour toi.
- Tsé, ya encore tous les postes spécialisés que t'as oublié de zapper...
-... t'as tu une clope?

Après tout ce temps, c'est là que je réalise que je suis en chemise d'hôpital. Mon linge est plié à côté de moi, sur une chaise. Vous vous en doutez, je n'arrive même pas à bouger un doigt. Pas seulement à cause de mon squelette fracassé, mais aussi parce que la frousse m'habite encore. Elle voit mon jeans, le prend, en sort le paquet et le briquet. Deux cigarettes... pas une mais deux... Elle exag... Oh... Elle me fout une des deux clopes au bec et me l'allume. Je puff, à petites doses.

- Merci...
- Crisse, fait cinq heures j'ai rien fumé. J'commence à pogner les nerfs, solide. ...Pis en plus, tu fais pitié en tabarnak.
- Faut tu j'dise merci à ça aussi, coudon' ?

Elle sourit. Me dit qu'elle s'appelle Valérie. Jean. 'Plaisir. Au fur et à mesure, les douleurs s'estompent, je réussi à bouger suffisamment pour toper ailleurs que dans mon cou, ce qui la fait rire. Je lui dis qu'elle a vachement de la chance d'être intacte après son choc, mais elle s'en fout, elle était sur autre chose (elle a pas voulu dire quoi). Et là, au loin, mes amis sont tranquilles, au bord de la marina, une bière à la main, et ne se doute de rien. Et encore plus loin, cette fille aux cheveux d'or, elle s'ennuie à mort, et je me dis: "bah merde, pourquoi je les ai suivis eux, et pas elle..." Et pendant que je jase avec Valérie la junkie, je pense: "Tout ça, c'est que du passé."

---
LGND
samedi 25 avril 2010, 3h05 du matin.
Après la Marina Commodore.

lundi 19 avril 2010

Petits Dessins. Merci Lucien.

Oui oui, ça s'en vient, les 3 volets du Naufragé. En attendant, gâtez-vous avec des ptits croquis. Le message sera peut-être modifié pour rajouter les 3-4 pages de pseudo poésie déssinée.
.
. Chez Raph, en m'emmerdant...
.
. "Chui ta Gueule!" "Ah putain, t'as grandi... t'es dégueulasse.."
.
. Un ami disait, ce soir là: "Ouin, j'aime les femmes" avec le grand sourire...
.
. Merci pour la musique.
.
. Everything Is A Balloon.
.

Stay tuned for more Stickin' Around!
DM aka LGND
19 avril 2010, 14h

vendredi 16 avril 2010

La Colline

Toute la violence qui a pu m'habiter cette nuit. Toute l'animalité, l'esprit bestial et festif... La soif et l'envie...
Et puis on sort, et je sens encore son odeur sur moi...
Et puis, je prends l'autobus. Symphonie... non, ce n'est pas une symphonie. Mais oui, il y a quelque chose de saint... Et non pas de ses seins à elle. Mais ces prières réunies, ces voix si douces et innocentes, suivi d'un souffle du vent par dessus la colline. Toutes mes prières auront été vaines, il fallait que j'en écoute des vraies pour enfin être absolu, pour voir passer un ange. Une brise douce de fin d'été. On venait à mon secours et j'en suis reconnaissant.

Ses seins, sa peau de satin, ses cheveux de lin, son odeur, son ardeur. Elle devait être sur la méthadone, ou quelque chose du genre. Aucune âme. Pour un pauvre pécheur, c'était la séduction instantanée. Aucune inhibition, let's go, on danse. Et voilà, les doutes reviennent. Non, je ne suis pas fait de bois. Mais où se trouve la limite? Les doutes, les mauvais sentiments, le besoin d'agressivité, la douceur, la violence, les complexes clarifiés, écartés et qui reprennent du service à nouveau. Enfin j'ai ce que JE MÉRITE: une taille de guêpe qui me tourmente, tout en me prouvant que oui, ça existe. J'en ressort comme on sort d'un rêve en plein milieu de l'action. Le ventre à l'envers, non ce n'est pas la bière ni le burger que je ne digère pas. C'est la place... Lieu de perdition, me disais-je sans cesse répétant à tout va ma petite pensée qui pourrait me sauver. Le temps ne règle rien. J'ai compris.

Son odeur qui me suit, l'odeur de la Ville me suit, mon haleine, les vidanges, les clochards, les pubs miteux. Tout me pue, me rit au nez, me regarde marcher droit devant, la tête baissée. Humiliation, peut-être. Non pas vraiment. J'avais tout prédit: la joie, l'excitation, l'aveuglement, le sentiment du mal être, les pleurs. Tout ça était écrit. Selon Seymour, je ne devrais pas écrire ces mots, mais les voici: je suis né pauvre pécheur.

Toute la violence, au cours de ma très petite vie, j'ai essayé de la canaliser de plusieurs façon, physique ou mentale. La prière n'est d'aucune aide lorsqu'on s'y approche seul. Il faut un guide, un fil conducteur. Il ne faut pas passer sa vie à chercher. On est suivi de proche par un vent qui nous berce légèrement, et il suffit d'une brise et de s'en rendre compte pour profiter de ce qui passe. Tout moment a son pesant d'or. S'agit-il de péché ou de moment de recueillement? Peu importe, il suffit d'être en accord avec cet instant. La débauche? Non, pas vraiment. La sérénité d'un cloître? Je n'crois pas. Vanité, vanité, tout n'est que vanité. Cesse de te plaindre et savoure.
Pendant que ça passe, tsé.

Moi, finir prêtre? Crisse, t'es malade... J'va pas demander pardon à chaque fois que j'rentre au confessionnal. Je compte pas en abuser non plus. Mais pour ce soir, je vais garder son odeur... Je la laisserai partir demain, et j'oublierai. J'oublierai son odeur, mais pas son existence. Ensuite, on verra. Pour l'instant, les vagues bien au-dessous de la colline, je les laisse me bercer tendrement. Et je n'oublierai pas que cette larme versée à cette écoute est de la même source que celle que j'ai posée sur sa joue, au moment de notre dernier ébat...

LGND
Vendredi 16 avril 2010, 1h am du mat
Après les Totons, tsé



jeudi 8 avril 2010

Anon delivas

Ceci n'est pas un manifeste. Ceci n'est pas un acte de rébellion. Ceci n'est pas un livre des Évangiles.

Ceci est une voix parmi d'autres. Ceci est une déclaration d'indépendance. Ceci est mon pays.

Je rêve de champs verts à perte de vue, comme on en voit dans Lily Chouchou, avec la musique de Debussy qui souffle comme le vent. Je rêve d'emmener ma fille loin du bruit et de la torture, loin de sa mère et du reste de sa famille qui l'incommode avec ses valeurs perverties. Je rêve de pouvoir lui faire découvrir le vrai plaisir de la vie, de lui construire des jouets qui ne périront jamais, de lui lire des contes qui ne mentiront pas, sans toutefois lui montrer une réalité démoralisante. Je rêve de cette campagne où les bicyclettes sont le seul moyen de transport, et où la bonne entente règne dans la communauté. Je rêve d'un jour où je n'aurai plus à répondre devant mes actions en tant qu'homme simple et seul. Le jour où l'on cessera de me dire: "c'est parce que t'as pas encore trouvé la bonne personne." Je le souhaite, ce jour, non pas par égocentrisme, mais par acceptation de ma solitude.

Jeune, j'ai vu de nombreuses contrées verdoyantes et pures. Les images que j'en garde sont plus ou moins intactes, dû à de nombreuses confrontations à une réalité qui n'est pas la mienne. C'est pourquoi je souhaite donc léguer à une future génération ces images dans un contexte qui ne sera jamais mis en danger. Partir là où la sagesse échappe à la corruption et aux fausses idoles. Là où on ne gave pas l'enfance de rudesse et des valeurs controversantes. Je ne souhaite pas pousser ces gens à la rébellion ni à la chasteté la plus frustre. Je veux simplement que quelques uns quittent cette Terre avec des images qui donnent confiance en l'être humain. Des idées de confiance et d'amour, de paix et de sagesse, d'intelligence et de raison.

Ceci n'est pas un Évangile. Mais c'est ce en quoi je crois. C'est ma religion en quelque sorte.

---
Jeudi 8 avril 2010, minuit 24