lundi 31 janvier 2011

31 janv - Sur mon radeau

Second exercice d'Atelier d'écriture - Le Mouvement (prose + haïku)

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À ma gauche, une femme passe avec sa petite fille. Je déteste avoir à marcher dans de telles situations. Avec la cigarette au bec, j’ai la jauge de culpabilité qui monte dans le tapis. Le moindre sourire sur mon visage, à la vue de la petite écharpe rouge baiser de la jeune fille, me fait passer pour un vrai pervers. Alors je continue ma route, les deux yeux pochés, laitue bacon, l’odeur de bière pas chère qui ne partira pas avant une bonne douche, et l’armée de poils de chat, longs, blancs, et frisés qui ont envahit mon beau complet pendant mon sommeil d’une couple d’heures.

Je suis parti peut-être trop tôt. J’aurais au moins pu cogner, glisser ma tête dans le cadre de porte et dire salut. Au lieu de ça, je suis parti comme un voleur. Les petits bas glissant sur le parquet de bois grinçant, je suis parti sans faire d’erreur, je crois, sur la note que j’ai laissée sur la table. Je n’ai même pas regardé l’heure. Juste de sentir l’odeur du soleil frais sur mon visage, c’était suffisant pour me faire décoller. Sur la rue Saint-André, j’ai vu des fantômes prendre leurs couleurs. Un couple dans la trentaine qui se rendent au boulot en petite voiture, un vieillard qui cherche des mégots dans les petits bancs de neige, et mon énorme pif de juif qui rumine toutes sortes de questions.

Quand je ne marche pas, je coure, je prends le métro, l’autobus, encore la marche, puis la bicyclette. Toujours la tête droit devant. Il ne faut pas que je me mette à penser : elle s’est retournée ou non? Est-ce que mes cheveux sont peignés? Qu’est-ce que la communauté va penser? Les stations passent et sous mon stylo, qui perd son sang sur une feuille de calepin, se dessinent des gens qui ne se regardent pas, qui préféreraient rester chez eux plutôt que de travailler, qui perdent trente ans de leur vie à se demander ce qu’ils mangeront pour souper.

Et lorsque je reviens à la surface de la terre, deux enfants font des huit sur la neige fraîche avec leur bicyclette. Pendant le trajet qui me ramène à mon port, cette image se superpose sur les maisons identiques qu’on passe, les restaurants, les itinérants, les hôtels chics, l’école primaire de mon enfance. Une grande cour, deux parcs multicolores, un petit train, des tubes, des grilles rouillées, des passages en gravel, de la neige mouillée qui a réussi à s’infiltrer dans le foulard rouge et jaune d’un petit garçon qui a les doigts complètement gelés, mais qui n’en tient pas compte et qui préfère lancer une boule de neige à sa sœur, ou sa copine, peu importe.

Il me faut cinq minutes de marche rapide pour enfin me décider à sortir mes mitaines de leur protection ainsi qu’un polaroid. Un arbre, gris, froid, oublié, fantomatique et pourtant magique. Déclic et la pellicule sort. Je secoue à travers d’horribles petits tremblements de mains tandis que je finis ma marche. Apparaissent tranquillement les pigments :

Ce petit matin

la lumière arrive

- douceur glaciale.

mardi 25 janvier 2011

25 janv - GRAND CONCOURS DE DESIGN DU QUÉBEC

Fatigué de la bannière grise et sans saveur de son blog, Johnny Lemonade fait appel à tous les designers de la région et de l'extérieur afin de lui procurer une nouvelle image, fraiche, jeune et appétissante! Participez en grand nombre!!!




(Je vous ferai de la pub gratis! Pensez-y)

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JD, 25 janvier 2011, 21h

25 janv - Ce matin

Ce matin, j'ai envie de te dire: débrouille toi toute seule. Je ne veux pas être ton accotoir, ce matin, ta peluche, ou ta béquille. Parce que te voir, toute seule dehors, les yeux faibles, cernés par des heures de recherches, ça me rend triste. Quoi que c'est probablement plus de la pitié que de la tristesse, en fait, que je ressens pour toi.

Oui, moi aussi je trouve ça plate, de sortir fumer et qu'il n'y ait personne pour sortir avec nous et jaser. Comprends-moi, ce n'est pas par peur d'être jugé ou quoi que ce soit. Ce n'est pas une question de honte. Tout ce que je souhaiterais vraiment, c'est que plus de personne mettent la main à la pâte, qu'on n'isole pas les deux seuls qui se lèvent, qui parlent. Si je n'ai pas envie d'être à tes côtés, ce matin, c'est parce que je ne supporte pas l'idée d'être le seul contact humain que tu as, dans la journée. Je préfère être loin et m'imaginer que tu es entourée de plusieurs personnes qui te parlent.

J'ai déjà assez donné, au secondaire, de ce côté-là. Tout comme dans la vie, en général. Quand on sortait au Dallas, mes chums et moi, et qu'un type louche nous partait sur l'histoire des immigrants Irlandais au Québec. Ok, mauvais exemple; ce genre de discussion ne m'allumait pas du tout, contrairement aux moments partagés avec toi. Ceci dit, c'est plutôt le feeling général dont je parle qui est similaire. J'ai toujours l'impression d'être le gentil garçon qui veut écouter les histoires de madame pendant que les autres s'ennuient à mourir. Faut dire aussi que tu ne donne pas souvent l'impression d'être allumée, même si tu l'es. Je comprends qu'il y ait des conflits d'horaire et tout, on est surbookés, mais bon... On l'est tous un peu, tu sais.

Bref, non. Ce matin, je te dis, désolé, mais non. J'espère sincèrement qu'à mon retour, il y aura eu d'autres personnes pour se lever et pour te parler. Peut-être même pour sortir fumer avec toi. Je ne veux plus être ta béquille.


Désolé de te l'apprendre par le silence...

lundi 24 janvier 2011

24 janv - Pas vivable

En compagnie d'une amie, au cinéma, au lieu de penser à ce qui serait normal (regarder le film, parler avec mon amie, ou lui faire les yeux doux), je me retourne et fixe les deux pies qui jacassent jusqu'à ce qu'elles se rendent compte de mon regard sur elles. Je me fous de paraître asocial auprès de mon amie; ce qui m'importe, c'est de faire taire ces deux pies.

En marchant dehors, je ne me soucie pas tant de rester à ses côtés. Je marche vite, t'es mieux de me suivre. Je n'ai pas le réflexe "Sois gentil et attends-la". Il faut qu'on me le rappelle. Je n'appelle personne non plus. C'est toujours les autres qui m'appelle, et j'ai toujours la surprise: "Mon dieu, c'est vrai, j'ai un téléphone... My god que c'est chiant, le mauuudit téléphone."

Dans le lit, je ne me colle pas. C'est toujours elle qui me demande: "Est-ce que je peux me coucher dans tes bras?" Et j'ai toujours la surprise: "Mon dieu que j'suis don' pas à l'aise avec les contacts humains." Dès qu'elle dort, je me retire de l'emprise, et me refuge au bord du lit.

Au restaurant, je deviens Juif. "Alors donc, moi, j'ai pris le... spaghetti bolognaise, à 14$, et toi c'étaiiit... le steak à 23$, c'est bien ça?" Et je parais davantage niaiseux quand je cherche les toilettes pendant cinq minutes, en tournant en rond dans le restaurant, pour finalement me rendre compte qu'elles étaient juste devant moi.

Je fais des crises pour des raisons stupides, pour toutes ces choses qu'elles ont dit en pensant à d'autres et que je m'imaginais adressées à moi. Je place un opinion très strict sur telle ou telle autre personne, ou sur une attitude, peu importe, et un quart d'heure plus tard, je parle d'autre chose en contredisant mon premier point. Je me cale sans cesse, à force de m'exprimer, à force de m'expliquer. J'ai une hygiène qui en font fuir plus d'une. J'ai une alimentation qui répugne près de 85% des gens que je connais. Je fume et je bois, ce qui semble jouer beaucoup contre moi. Lorsqu'on me parle de sujet qui ne m'intéresse pas, je m'enferme dans mon monde et oublie les autres. J'ai des sautes d'humeurs totalement imprévisibles: un tiers événement d'importance extrêmement mineure qui joue contre moi, peut me faire péter un plomb, tout comme un simple bonjour inattendu peut me rendre euphorique pendant des heures. Il faut savoir à quoi je pense, ce dont j'ai besoin, car je suis incapable de communiquer mes pensées aux autres. Et lorsque j'y arrive, souvent je blesse les gens.


Voilà, c'est dit. Je suis invivable, pas sortable, pas date-able. Je suis une cruche vide sans fond, une contradiction vivante.
Excusez-là!
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JD, lundi 24 janvier 2010, 11h40 am

dimanche 23 janvier 2011

23 janv - Individualisme de société

Ce billet est une réponse, très en retard je l'admets, à ce speach tenu l'été dernier.
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Je comprends ce que tu voulais dire. Mais voilà ce que j'ai à dire là-dessus.
Oui nous sommes une génération individualiste. Depuis les années 80, la société s'est renfermée sur elle-même, avec les premiers lecteurs cassettes portatifs, puis avec l'internet, les iPods, les cellulaires, et ainsi de suite. Seulement, il faut comprendre quelque chose: vous avez vécu à une époque où c'était la communauté qui était prônée. Ce n'était pas rare de voir des familles de dix enfants, des gens se réunir en masse à l'Église, ou devant un filet de hockey au milieu de la rue.
Ma génération, quant à elle, a grandi à travers le phénomène du divorce, du "moins d'enfant possible, disons 3 maximum", et du renfermement global. Et bien que tous branchés sur notre lecteur de musique portatif, qui dit l'heure, qui appelle/sms tes chums et des centaines d'autres applications, bref isolés dans notre bulle, nous sommes quand même une des générations les plus informées, les plus regroupées, si je peux me permettre le terme.

Ok, on ne semble pas se rassembler comme une communauté, en présence physique, mais cet univers électronique, lui, est bien présent. Pour ce qui est de la religion, oui nous avons de multiples références, du "bricolage" comme tu dis, de façon plutôt péjorative d'ailleurs. Mais nous ne le percevons pas ainsi. On se comprend et on se respecte dans nos choix et nos valeurs divergentes. Tout comme on accepte votre style de vie. Faudrait respecter notre choix. Nos choix. De citer des passages du Coran, tout en pensant à la philosophie bouddhiste, cela fait-il de nous des êtres moins intelligents? On s'ouvre au monde, selon notre vision personnelle. Que cela vous plaise ou non, monsieur.

Vous parlez de l'importance du partage social, l'aspect de la communauté. Dites-moi: vous trouvez ça sympa de voir tous ces gens dans la salle, la gueule allongée, ennuyés à mourir, alors qu'on leur récite des textes magnifiques qui parlent d'amour? Je vous trouve hypocrites, messieurs, de prétendre que ces gens vous apportent de quoi, alors que vous ne serrez la main qu'à deux ou trois personnes, la gueule tout aussi longue et ennuyée. Il faudrait que vous considériez qu'à notre époque, les gens (les jeunes) sont plus ouverts et acceptent davantage de principes et valeurs de vie. Il y a aussi le concept de l'après-vie, que vous nous mettez sur le dos. Attention, faudrait pas dire n'importe quelle connerie qui vous passe par la tête. Si nous sommes multi-culturels, je pense que pour au moins 80% de ma génération, on ne croit pas au fameux concept de l'after life. Nous sommes dans le concret, nous aussi; la vie maintenant. Combien de jeunes dans la vingtaine partent en voyage, faire le tour du monde? On en profite en sacrement! Ce sont les fanatiques qui croient en ce concept de l'après.

Croyez-moi, cette génération que vous dites "pognée", messieurs, l'est beaucoup moins que la vôtre. Lâchez vos livres deux secondes et allez écouter une vraie discussion sur le sujet entre deux ou trois jeunes. Ouvrez donc votre esprit, un peu.

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JD, dimanche 23 janvier 2010, 13h30

vendredi 21 janvier 2011

21 janv - Hackerz

Entrer dans le code source
Trouver la faille
-Rien ne m'arrêtera!

Les yeux fixés sur le radar, je vérifie chaque modulation avec soin. À la moindre anomalie, je saute dans le réseau. Il faut profiter de chaque milliseconde qui nous est offerte. Je m'assure que mon IP est renouvelé à chaque minute. Une minute, c'est le temps minimal et maximal qu'il me faut pour entrer dans le système et le faire crasher, le tout sans me faire repérer. Le but? Foutre le trouble. Peut-être laisserai-je l'information libre à tous... ou peut-être je la garderai pour moi seul...

Ça y est, un utilisateur se délogue. Retracer son adresse IP, la copier, identity theft ouais, j'ai tout. Compte bancaire, adresse email, mot de passe, log in. Enter. Première porte: MySpace. On commence à petite échelle. Insert cartridge, fait. Bit.lie inséré, j'ai maintenant accès à des millions de comptes. Select Invert, clic. Tous les comptes sont maintenant hors d'usage. Parfait, ça fonctionne. Allons sur une base plus imposante. YouTube. J'entre le code principal de la page d'accueil, je ne change qu'une seule lettre et c'est le Big Bang. J'ai assez de temps pour m'allumer une cigarette. Erase data of origin. Fait. Il ne faut laisser aucune trace.

La minute est écoulée. Je suis évacué du système. Pour le moment... J'attends ma prochaine anomalie, la cigarette au bec. Prochaine étape: Facebook. Tiens, une personne vient de s'inscrire et joue avec ses paramètres de sécurité. Désolé mon vieux, j'ai mieux à te proposer. La liberté, ça te dit? Je suis à nouveau à l'intérieur. Charge le fichier Bit.Lie, mais étrangement, ça prend plus de temps. Ce doit être à cause du nombre croissant d'utilisateurs... Je n'ai pas de temps à perdre. J'insère ma clé ultime. Accélérateur du processeur, on diminue la vitesse des internautes, et voilà! Let's go, on va mentir à tout le réseau. Invente de quoi, vite. "Réseau surchargé. Veuillez réessayer plus tard." Ça devrait suffire. Durée? Disons deux jours. Ça devrait attirer leur attention, ces gros cons.
Merde, déjà déloggé.

Bon, enfin un signe de rébellion chez les patrons. On essaie de me retracer avec des codes sans nom. Ah les salauds! Chaque IP qui se logue ou se délogue est automatiquement rejeté! J'essaie de contourner le mur avec une adresse déjà à l'intérieur... mais quoi? Il me faut un logiciel qui permet d'aller à l'intérieur, en y étant déjà... MSN! Log in... OUI! Ok, pas de temps à perdre. Effacer le code source du compte, réinitialiser les paramètres du fournisseur à zéro et foncer vers ma prochaine victime. Celle-là est immense, mais a déjà montré plusieurs signes de faiblesse. Ça prendra du temps, mais une fois dedans, ce sera comme voler une sucette à un bébé! Cette fois, pas le temps de m'allumer une autre clope. Ton heure de gloire est finie, Google. Je vole directement jusqu'au cœur allié du système. Seul les amateurs vont au centre permanent; ça identifie automatiquement le support utilisé et l'emplacement de l'utilisateur, sans parler qu'il n'y a qu'une seule donnée, complètement inutile (le nom des créateurs). Le cœur allié, lui, contient tout: relevé de tous les comptes email existant, chiffres de la Bourse, et données concernant la force de l'Intranet. J'insère à nouveau mon fidèle Bit.Lie, et il ne suffit que de changer les milliards de chiffes en un simple zéro, et tout s'écroule.

Maintenant que tous les services sont à mes pieds, je n'ai qu'à entrer le mot magique et tout est à nouveau ouvert. Imaginez: des millénaires à construire des maisons, des abris nucléaires, pour se protéger de son voisin, tout en prenant soin de laisser des fenêtres pour épier ces derniers, et puis, soudain, tous les abris sont réduits au ras du sol. Toute l'information est là; libre à vous de la prendre ou de l'éviter. Mais dorénavant, plus personne ne pourra se cacher. Les vieux croutons, leurs dossiers immense de pornographie juvénile au grand jour; les états fédéraux, leurs dossiers top secrets sur n'importe quelle guerre, aux yeux de tous ceux qui ont souffert de votre incompétence; et les jeunes filles de quatorze ans, vos photos de camping sauvage, elles serviront pour de milliers de kilomètres de semence de vieux croutons dégueux.

Prenez le temps de vous regarder en face. Et dites vous que devant Bit.Lie... vous ne pourrez plus mentir.

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DeadMachina


jeudi 20 janvier 2011

20 janv - RoseBeth, ou l'Aventure des Sept Malchances

De grande famille et petite de nature, RoseBeth était une sale ordure. Batifolant ici et là dans les centre d'achats, RoseBeth était un vrai piège à rats. Entre les allées des magasins, elle s'affichait d'une tenue grossière et indécente, la jupe descendant jusqu'au nombril, et un top montant jusqu'au torse. Inutile de préciser que, les seins à l'air, la vulve bien dévoilée, elle n'était pas voilée.

Ses deux parents, grands argentiers, bien au courant de ses habitudes d'habillement,

mardi 18 janvier 2011

18 janv - Les mots écrits avant

T'es partie avec une partie de moi
Qui me manque vraiment
T'es partie et depuis j'me demande
J'vais continuer comment

C'est correct tu t'es menti
J'me suis menti aussi
Tout ça c'est du passé
Pourtant je reste là accroché

Et même si je voyage
Je suis toujours à la même page
Je sais plus voir la beauté
Avec toute la peine que j'ai

Mais sûrement que dans un temps
S'effacera notre histoire
Comme une gloire
Qui s'envole des mémoires

En attendant le monde tourne fort
En attendant j'm'en remets pas encore

Je sais plus vers quoi me tourner
Les vieux fantômes me hantent
Dans la maison abandonnée
J'ai le cœur dans 'tourmente.

J'ai retrouvé une lettre
Sortie d'un autre temps
Dommage que les mots écrits avant
Ne puissent plus rien dire maintenant


Et même si je voyage
Je suis toujours à la même page
Je sais plus voir la beauté
Avec toute la peine que j'ai

Mais sûrement que dans un temps
S'effacera notre histoire
Comme une gloire
Qui s'envole des mémoires

En attendant le monde tourne fort
En attendant j'm'en remets pas encore
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V.V.

samedi 15 janvier 2011

15 janv - Confession

Dans le cadre de l'Atelier 2, création littéraire (UQÀM)

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I- Toi

Hiver de gris solitaire, dans lequel nous avions décidé de fêter à notre manière. Pour l'occasion, tu avais acheté des haut-parleurs pour défoncer les murs de la chambre à coup de cent-vingt décibels et de Jack Daniel. Comme à chaque évènement qui me sortait de ma solitude, j'avais apporté ma petite caméra et quelques feuilles. Avais-je prévu que cette soirée finirait comme un de nos plus forts souvenirs commun?
Je t'ai fait lire un de mes poèmes, même si je n'avais aucune confiance face à toi. Tu as souri, m'en a demandé d'autre, tandis que tu enregistrais ma voix frêle et brouillonne réciter un brouillon qui me faisait honte. On écrivait ensuite chacun de notre côté avant de reprendre la folie par les cornes. Format seize-neuf, en noir et blanc, on réussit encore à distinguer tes cheveux blonds de ma crinière noir de jais. Nos chemises longues, prêtes à faire honneur à une pâle copie de Morrison. C'était avant que le Meddley ne ferme, et nous avions 18 ans. Tu dansais dans la chambre, pendant que je filmais la bouteille presque vide.

La cassette avance, recule, pour s'arrêter sur ma main qui ne cesse de gribouiller. L'odeur de la liqueur me revient, la flamme du besoin d'écrire tout ce que nous voyions de notre fenêtre. Il n'y avait que moi et le désir. Peut-être même en ai-je déjà eu pour toi? Je revois mon sourire moqueur et gêné, pétrifié par le fait d'être à jamais capturé dans ta mémoire. "Peut-être que tout ça, au fond, n'est que mascarade", répétais-tu sans cesse, au cours de notre récit poétique. L'image de ces murs beige n'était qu'une sombre illusion d'une chambre enflammée par le besoin de créer. Sur la nuit sauvage qui se terminait, tu dormais de tout ton long sur le lit, alors que je restai éveillé jusqu'à l'aurore pour enfin ne jamais cesser d'écrire.

Et comme je te maudissais, visage derrière la boîte à image, de ne jamais répondre à mes questions. Et je me détestais de continuer à improviser, jouant avec ton silence. Et pourtant, rien ne fût plus divertissant que ce moment, à créer à tes côtés.

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II- Toi

Dans la brume des bars, tu passais devant moi. Aux yeux de toutes, tu semblais comme toujours le préféré. Bien que portant tous deux le veston, tes cheveux blonds et frisés avaient l'avantage sur ma coupe timide et légère. Et pourtant, en aucun cas tu n'as profité de ton apparente célébrité. Tu ne semblais qu'avoir une envie: discuter avec un vieux copain. C'était vendredi saint, et la chaleur nous collait à notre chaise, alors que sur la piste de danse, tous nos fantasmes se laissaient aller au rythme de la musique pop.

J'avais besoin de sortir fumer, alors tu m'as accompagné. Bien que je passai devant, je sentais tous les yeux tournés vers toi, des yeux envieux, tandis que je fixai le mur noir où était inscrit les mots "More than a friend" en blanc. La cigarette au bec, j'enviais le regard massif qui se posait sur toi. Et je te détestais d'avoir cette attention en permanence, mais ces quatre mots revenaient dans ma tête. Les scénarios fusaient de toutes parts. T'avancerais-tu auprès de cette punk aux cheveux rasés sur le côté? Feriez-vous l'amour comme des animaux? Lorsque ce fût elle-même qui s'avança pour te parler, les images que j'avais en tête s'effacèrent. C'était moi, en fait, qui s'effaçait de notre bulle. Je suis devenu moins qu'un ami, plus qu'invisible, jusqu'à ce que tu repousse son amitié et décide de revenir à l'intérieur du bar avec moi.

À notre table habituelle, j'étais rendu nerveux. Ma bière a glissé et, pour rire, j'ai fait semblant que j'avais uriné. Mais le stress était trop présent en moi et mon sourire a vite disparu. En revanche, toi tu paraissais à l'aise, presque confortable. Au bout d'une autre heure, nous sommes ressorti. Deux jeunes filles nous ont parlé. C'était la première fois de la soirée que j'existais. Jusqu'à la sortie des bars, nous étions deux gars et deux filles qui discutions de vêtements, de sexe et de gorilles. En quittant l'établissement, j'ai cru bon suivre nos nouvelles amies. Cette fois, c'était toi qui semblait nerveux. Savions-nous qu'à ce moment, toute cette soirée ne serait qu'un chapitre d'un très long récit? La nuit nous a emmené sur les pistes d'un crime de ruelle, où deux types, arme à la main, cagoule sur la tête, nous ont assurés qu'ils s'étaient occupé des Arabes qui trainaient dans le coin. J'étais saoul, et je n'ai pas senti ton regard tueur quand j'ai dit à voix haute et plein de sarcasme: "Ouais, ben, vive le KKK, hein!"

Tu m'as donné un coup derrière la tête et m'as dit de te suivre. On coupait alors la route avec nos copines pour trouver refuge dans un café quelconque, sur Saint-Denis. Cahier de dessin à la main, j'ai commencé à rédiger furieusement le premier esquisse de cette soirée inattendue. J'avais envie de partager avec toi ce souvenir. Chacun notre calepin, notre vision de l'aventure...


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III- Toi

Près de toi, les mots s'envolaient. Sur les pages blanches, les seules paroles qui semblaient s'y coller n'étaient qu'orduriers et sans propos. Avec toi, sous les couvertures, les minutes paraissaient des heures. La fatigue, l'ennui, le mépris, les sanglots sans relâche. Puis, une année entière nous sépara avant de retrouver une vraie magie.

Il suffisait d'une séparation pour que tu désire enfin venir avec moi au Lac-de-Mai. Chacun de nous baladait sa caméra, capturant chaque moment de la longue marche qui nous rapprochait. Tu as cueilli une vingtaine de ces fleurs en cloche, puis tu les as posées dans le creux de ma main. "C'est pour ta mère". Et tu as continué à marcher devant moi. Ce n'était pas seulement le soleil du printemps; tu rayonnais à part entière. Aucun mot ne fût prononcé de tout le trajet. Le son des vagues était suffisant pour nous remplir la tête de mille images. Tu avais envie de prendre des photos de l'étang, alors tu as marché jusqu'au fond, renfonçant tes espadrilles dans la grande marre boueuse. Tu es revenue à mes côtés le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Je connaissais un coin parfait, au bord de l'eau, mais comme c'était un terrain privé, tu as voulu demander au propriétaire si on pouvait s'y promener. Avec ton soleil de sourire, c'était déjà dans la poche. On a descendu les marches en bois qui menaient directement à la berge. À peine avais-je eu le temps d'enlever mon veston que tu avais les deux pieds dans l'eau. J'avais soudainement envie de me baigner, mais j'avais aussi terriblement peur. Alors tu m'as regardé et tes yeux m'ont dit de te suivre. On n'est pas allé très loin. Juste assez pour être mouillé jusqu'au torse. On s'est assis sur une roche qui sortait de l'eau, dos à dos, et on a laissé le silence nous remplir les poumons.

J'aurais aimé souligné chaque mot que je voyais sur les vagues qui berçaient les milles iles, mais je n'avais rien pour décrire autre que mes yeux étourdis. Comme un vide d'expression, comblé de mille pensées inédites.

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IV- Toi

Tu étais déjà très loin. Je t'avais effacé de mes mots, après une overdose de toi, de ta chevelure blonde cendrée, de tes cils parfumés aux yeux bleu de mer foudroyée. Le feu était pourtant toujours allumé, et malgré toute les cendres que j'entassais, toujours les étincelles restaient. Mon père était revenu de Paris depuis près de deux semaines et nous étions au chalet de son ami d'enfance. Je refusais de penser à toi. Le refuge en pleine nature était là pour ça: écrire pendant cinq jour de tout et de rien, loin de toute résonance des derniers mois auprès du soleil que tu étais. Sur le balcon, le troisième jour, j'écoutais mon père et son ami discuter alors que nous buvions notre deuxième bouteille de vin de l'après-midi.

J'ai fait une gaffe en prononçant ton nom. Mon père n'a rien dit, mais Claude a tout de suite demandé si je t'aimais. "J'ai fait une croix, parce que, bon...", mais mes explications ne l'intéressaient pas. Il voulait savoir si je te portais encore dans mon cœur. Mes milles paroles cachées à ton égard me sont revenus en mémoire, mes vingtaines de proses endolories que je n'ai jamais su te dire, elles m'ont envahi. Et j'ai menti, prétendant que c'était fini, les rêves. De l'amour, il n'y en aurais plus que pour mes mots.

La chaise devint inconfortable, l'alcool me montait à la tête, et le soir, j'ai senti le besoin urgent de t'écrire mes sentiments sur une feuille de calepin, pendant que sur l'écran géant jouait un vieux film qui faisait rire les deux aînés. Et une goutte de glisser sur l'encre noir, ma tête dans le goudron, l'acide dans les poumons, je t'ai écrit ma seule lettre d'amour, dont je conserve encore le brouillon dans un coffret en métal, cadeau de mes six ans.

Jamais une personne ne m'auras inspiré tant de scénario que toi. Puisse-tu trouver une meilleure fin que celles de mes tendres illusions.

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V- Toi

Tu avais déjà froid et ne voulais pas sortir. Tu as pourtant été facile à convaincre. "Viens, on va rire" et tu m'as répondu: "Seulement si tu y es aussi." Avec une telle simplicité, comme si nous nous connaissions depuis longtemps, alors qu'on ne s'était parlé pour la première fois que ce soir-là. Dans mes écouteurs, jouait sans cesse une ballade instrumentale à la guitare qui me guidait silencieusement à mon arrêt. Il fallait le voir de ses propres yeux: des maisons rangées à perte de vue, se laissant couvrir tendrement par un fin voile de neige. Le temps s'est arrêté alors que tout n'était que blanc, tes yeux bleus et ta laine rouge dans ma tête.

Tandis que l'angoisse de bien paraître me tuait lentement jusqu'à mon arrivée, tu te préparais langoureusement, encore bien au chaud chez toi. Après ton message, j'ai cru bon arriver plus tôt à la fête où attendaient plusieurs de nos amis. La ville était glaciale et les gens, répugnant. Le vent soufflait la désertion et le malaise. Et tandis que nous en étions à notre deuxième pichet, comme un ange de porcelaine tu débarquais enfin. L'espace était restreint, alors tu t'es assise plus loin avec un ami. Sans savoir pourquoi, j'évitais ton regard, discutant avec tous et chacun. Mais ma tête refusait de ne penser qu'à autre chose qu'à tes petits cheveux blonds, tes yeux d'azur, et ta grosse laine rouge. Tu ressemblais à une enfant dans un monde d'adulte.

Du doigt, tu m'as demandé d'approcher. J'ai fait le bouffon, comme d'habitude, en pensant pouvoir t'amuser. Ton regard triste parlait plus que toi. Et déjà, je sentais pour la millième fois dans ma courte vie que les plus belles choses que j'aurais pu te dire, c'était en fermant ma gueule. En t'écrivant un conte hivernal, doux comme le voile de neige, froid comme tes pupilles, chaud comme ta laine rouge. Pour toi, j'écrirais une mer de bateau voguant au fond des eaux, des récifs perdus que seul le temps rend beau.

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JD, samedi 15 janvier 2011, 16h

jeudi 13 janvier 2011

samedi 8 janvier 2011

8 janv - Psychose paranoïaque

Suite des notes du docteur Hemerzwaltz Jones

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Aujourd'hui, j'ai vu un homme dans la cinquantaine. Troublé comme jamais je n'avais vu auparavant. Bien qu'appréciant peu moi-même la compagnie des femmes, de toute ma vie je n'avais connu de personne si haineuse envers le sexe faible. Il m'a raconté des histoires que je n'ai pu retranscrire, tellement mes mains tremblaient... Un batteur de femmes, névrosé depuis son enfance, qui ne sait aucunement diriger sa colère.
"Petit, on me frappait sans raison, ou alors peut-être seulement parce que j'étais petit et sans défense", disait-il, sa voix résonant encore dans ma tête. "Je ne parlais jamais, à personne. À force de se taire, on finit par éclater. Alors je tape sur tout ce qui passe."

Cet homme n'a jamais évolué. Forcé par sa propre volonté à s'imaginer un monde imaginaire où tout est sous sa gouverne, il est incapable de comprendre que le vrai monde ne fonctionne pas comme sa tête. Chaque remarque, peu importe qu'elle soit constructive ou non, flatteuse ou ingrate, qu'il reçoit, il l'a percevra comme une insulte à sa personne et réagira de manière destructrice.
Je lui ai fait remarqué qu'il se créait des avatars pour se sentir supérieur et que cela ne changerait rien à son mode de vie réel, et aussitôt la remarque faite, il m'a menacé de me battre au premier sang. Si la victime de ses menaces baisse la garde, l'agresseur contient sa haine, obnubilé par une certaine joie d'avoir vaincu. Mais peu de temps après, il semble regretter son geste... Avoir continué à lui dire ce qu'il ne souhaitait pas entendre, il aurait pu m'étrangler jusqu'à l'asphyxie. Cette attitude "berserk" n'est bon ni pour lui, ni pour quiconque.

Il faut l'interner avant qu'un malheur ne se reproduise.

Le chien ne fait plus seulement qu'aboyer... Il commence à mordre. La seule solution reste la piqure...

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©Dr Hemerzwaltz Jones, 1981

vendredi 7 janvier 2011

7 janv - She Woman

Too little too late... vis avec les conséquences...
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Assez de temps a passé pour remettre le texte original.
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When I think about it... She really was the one I was searching, I think. Beautiful long hair, most beautiful eyes, and she was shinning like the sun. And not only was she pretty but she was this fragile kind of girl, never pretending to know more than anyone. Humble. And sweet, too. Like a kid who wouldn't bother to admit she didn't knew something. She was my sun.



And when you say she did something wrong to someone you knew, surprisingly, I don't give a damn. If she meant something bad to you or your friends, what do I care? ...Well, if she said anything about you... I dunno... When people talk shit in your back, I always try to cover your back... But it's seriously getting on my nerves, nowadays. You’re a good girl, but the way YOU talk shit about everyone else, at every moment, it just pisses me off. And yet you say you still love me...

Do you remember the first time we broke up? Do you remember some detail?
The first time. It was you who started it. "I feel like it's a habit to be with you." I cried that whole night. That week, we weren't suppose to talk to each other. But you broke the seal and talked to me. Until that day, I was getting used of not being with you anymore, so I became uncaring, sort of. I was not "in love" anymore. Disillusioned again. A friend who wouldn't bother to catch every glimpse of your glare anymore. And you said that was the thing that made you fall for me, in the beginning. So apparently, we came back again. But then I was changed... You called the break, but inside, it was me who told you "This is over."

Do you remember the second time? Any detail in particular?
I don't recall the break up thing, but I do remember when I came back to you, just before that concert. I almost told you: "I made a mistake by breaking up", but never said it. Why? Because it wasn't. That, I remember telling you. "I can't say it was a mistake because it wasn't". I felt angry and lonely, and that's why I broke up the second time. Rejected, almost. If there was a mistake, it was to come back with you. To finish something, or whatever, I don't know... At that time, I should've known things weren't like back then, that I changed, that you changed... Or maybe we were just the same but some things we knew out of each other, and that this knowledge was slowly killing us.

Do you remember the third time? The real last one? The one where you were just crying while I had to watch you? That time when touching you was the worst insult I could do to you? And when I just looked my watch and said: "So? Are we doing this, or what? Come on, already. Let's break before class, I don't wanna be late."
Don't cover your eyes; this story was long gone. Don't pretend like you loved me anymore at that time. If you did, you would have let me touch you. Just grab your hand, a pat on the shoulder... Touching someone while not dating another person, THAT, I'm okay with. But not even be able to touch the person you're already with... That's something I'll never understand. So why pretending it hurt you when I was cold as hell while giving you the bye finger? You were just as cold as me! It - was - over - already. And you knew it.

And so, I became that regular guy again. Beyond disillusion is regularity. Yes I admit jealousy caught me when I knew you were dating the biggest dumbnut in the neighborhood. Because, down there, I still could tell you deserved better. Or maybe was it just that I couldn't stand the fact that some fat fish like you could date someone good looking. When you say the word "slut", believe me, it's the last word I'll think about you. At least to me, sluts are decent good-looking women, unlike you. But beyond the looks, you're a possibly good person. And that is what's killing me. I would've loved to see you with that other fat pig who's a big loving guy too. Big heart and sensitivity.

Did I have to date you again to dump you a fourth time? Of course not! I could've mourn on my lack of love-life, or whatever it is. And don't call it lack of sex, for Christ's sake. To your world, it makes sense, but not in mine. If only I've known how it would end, that time...
For God's love! Even I thought the third break up was clear enough! Apparently not... It was only then, that I felt not attracted anymore.

Do you realize? Only then, physic became something that played against you, in my head.

And only now do I realize... She.
She was the good looking, not so smart but innocent girl I was searching all along. Whatever she may represents to you, she was the One. For me. The one that could learn from me, and not bitch all day and tell she's got the golden truth.
What happened? It's simple: I gave up on her. I've reached that thing I've lost while dating you two useless times: disillusion. I've lost the love. And it's gone forever. "Too little too late, sunny boy; yeah you realized too late she was the one. Now, you gotta live with the fact that you don't love her anymore, that she means almost nothing to you since you broke the seal in your head."


So please. Stop saying stupid things like " Fuck, why do I still love you?" Just open your eyes and think about the fact that we are completely unmatchable, understand? Yes there are some good memories. But seriously... shove it up your ass, and try to think twice before saying shits like that. Remember: it - wasn't - a - mistake - to - break - up. We were never alike, and we never will. And I can't deal with being with someone as insubordinate as you are.

So please. Fuck off.
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7 jan. 2011, 19h35

jeudi 6 janvier 2011

6 janv - Holes pt1

Angel told us to wait in front of the store while he'd get the beer. I tried to rule out the idea that I should never trust someone that would told me to wait outside. There was a heavy smell of pot coming out from the side of the store, and I wasn't sure I wanted to check if someone else was there. He finally came out with a 24. Maybe he just wanted us not to fool around or anything in there.

When we got in the car, Jay started preaching about his new favorite band, some local preppy boys that sounds like everyone else. He put the CD in the player and made air guitar solo or some shit like that. I tried to smile but the music was so loud and annoying, I frowned and showed a subtle grin. Angel told us he got a great spot to deal some pills, downtown. What choice did I had? We were already miles away from the city and, for all I know, this could have been the first step to an incredible adventure.

Past nine, we stopped at some creepy local gas station, all doped as hell. I already had like six beers and I wanted to take a leak but Angel said no one should go out for the next ten minutes. I couldn't wait so I started to pee in one of the empty bottles. It soon became full, so I had to open the door of the car to finish. But as soon as the door opened, making that awful loud bang, I heard steps of someone running. Angel's face appear out of the darkness, underneath the only lamppost in town. The goddamn look on his face... Like if he's seen the creepiest porn on the net, or whatever. And then, another loud bang! Some motherfucker from behind shot the fuck out of Angel, so Jay and I freaked out and tried to start the goddamn van and leave those sick fuck dealing with their shit alone. Fuck Angel, whatever he was trying to deal to those assholes...

"Anybody knows what's going on?" I can barely hear my own voice, and I don't know if it's the beer, the pcp, or whatever. Vicky finally wakes up, trashier than ever. It's three in the afternoon, and we try to hide from the cops. Earlier, Jay managed to speak in a phone booth with his girlfriend, wanting to let her know that Angel was gunshot, but the only thing he got out of this conversation was that someone mentioned the serial number of our car, and now we're like O.J. freakin' Simpson. Jay and I haven't slept since and I can feel we're both quite weak, but still can't think of letting this dumb girl riding us out of this shithole. She doesn't even ask about her dead boyfriend... We drive into a small bridge and stop for a few minutes, just to get things straight. I'm pretty confident by now that no one has followed us, but still have this rash on my hand and it keeps me nervous as I scratch it furiously. At this moment, though, there's a cold breeze running down my back and suddenly feel much less heavier. I walk toward the little pond of water and pour some on my face and neck. With the sun hitting on it, it looks just like a millions of diamonds... Vicky jumps out of the car and asks for Angel. None of us answers back, so she starts yelling. Obviously, the fresh air doesn't calm her. Jay proposes her to take another pill while we drive her back home. "Look, she doesn't know anything. She's no harm to us, right?" I feel awkward and nauseous, but there's no better idea I can come up with. So I agree. Before getting back in the car, I grab two hands of mud and try to cover the serial number, hoping for the sun to dry it out as fast as possible.

I sit in the back of the car while Jay does all the driving thing. I want to check out the news on my phone but the connection is dead around here. To distract myself, I ask Vicky some stuff about the deals Angel was doing, before... "Before what? Where the FUCK IS HE, anyway? WULYA TELL ME?" Jesus sweet fuck, that girl is doing a fix just besides me, yelling with her goddamn belt between her teeth. I don't want to be grossed out, but the sick shit she's doing just makes me turn blank while she gradually slips from the back seat. I grab her skinny body and try to put it all across the seat, her legs on my lap. And there's this fucking weird moment where disgust and boner meet in my belly and pants. She faints several times as we get into town again. "At least tell me you know some shortcuts around here, man... Just in case the cops are around..." Jay doesn't answer, but I don't want to get my eyes off of this tiny little body I've got in my arms, and so I make myself believe I've never asked anything.

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Stay tuned for more
JD
Vendredi 6 janvier 2011, minuit 46

lundi 3 janvier 2011

3 janv - Une vie subtile

Vivre, c'est de mettre sa vie en jeu. Donner aux autres la responsabilité de veiller sur nous. En tout temps.

Sur les routes se promènent agents de sécurité, se baladent caméras de surveillance, roulent à toute vitesse des gens que vous ne verrez qu'une fois dans toute votre vie. On se fie à un code de la route. Dans le métro, on se fie aux chauffeurs qui sont censés connaître le fonctionnement d'un train pour ne pas se tromper de ligne, aller à la bonne vitesse, et ainsi de suite. Même chose pour les avions, les bicyclettes, et tout.

Pendant que la grande majorité des gens vont préférer les foires, les manèges pour avoir des frissons l'instant d'une minute ou deux, moi ma fascination, c'est de voir la vie comme le plus long des frissons.

Les manèges ont la prétention de contrôler l'intensité de la peur chez les gens. La vie à elle seule, cependant, est bien plus excitante. Rien n'est entièrement contrôlé. Un jour, je peux marcher dans la rue, décider d'aller au centre, et une voiture passe à 120 km/h au même moment, au même endroit. Imaginer des impacts d'une force incroyable, voilà quelque chose qui me fascine. Rien à foutre des questions sur la vie, "où vais-je" et "quelle trace vais-je laisser". Je préfère le suspense qu'elle offre, cette vie.

"Est-ce que le train va dérailler?", une panne est si vite arrivée, et même en faisant un appel à la rame de métro en arrière, c'est peut-être déjà trop tard, elle est peut-être déjà à fond la caisse, sur le point de défoncer à plus de 100 km/h notre train. "Comment se passerait l'impact?", sans pouvoir avoir le temps de réagir, serais-je assis de manière à ne pas subir trop de dégâts? "Le chauffeur de l'autobus va-t-il s'endormir?" pour continuer tout droit dans la rivière, plongeant une vingtaine de ses passagers pris en cage, sous l'eau. Dans la voiture, avec la famille, le conducteur roule très vite, il se fâche contre un plus jeune qui lui a coupé le chemin sous le nez, "va-t-il tous nous écraser dans le fossé?"

Imaginer ces scènes me donnent des frissons qui me font du bien. Un stress excitant, qui gronde comme un moteur qui tourne silencieusement, puis BANG de nulle part. Tout peut foirer à tout moment sans s'y attendre, contrairement aux montagnes russes dont on voit au loin les pentes ridicules et sans aucune subtilité. Je n'ai nul besoin de me faire pomper (me faire éclater) le cœur à 140 bpm pour apprécier la vie. Je ne suis pas de ceux qui veulent oublier leurs problèmes avec un immense Boo à s'en faire éclater la cervelle, mais plutôt de ceux qui pensent à tout moment à quel point la vie peut flancher d'une seconde à l'autre.

Toujours cette question en tête: de quoi aura l'air l'impact?

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3 janvier 2011, minuit