mercredi 20 mars 2013

16 mars - Vent d'Ouest


     À une certaine époque, ils formaient le couple chéri. Elle avait 17 ans, lui en avait 20. Elle s’était démarquée rapidement avec son attitude très légère, certains auraient dit frivole. Sophia était une jeune fille très démonstrative. Il n’était pas rare qu’elle embrasse quiconque rendait sa journée joyeuse. Pour Philippe, ce genre de marque d’affection pour le moins étrange, mais ne pouvait s’empêcher d’être charmé par une telle joie de vivre.
     Après un certain temps, ce charme s’était changé en cauchemar pour Philippe qui ne sortait que de plus en plus rarement en ville avec elle. Les nuits passées séparément les avaient finalement transformés en personnes amères, entre eux. Malgré leur attraction mutuelle, Philippe mis fin à leur relation, après deux ans. Tentant d’essuyer la fermeture qu’affichait celui qu’elle aimait malgré tout, Sophia a profité de ce hiatus pour quitter le pays, sac au dos, avec un vague itinéraire de l’Europe écrit à la main.

     L’été dernier (ou s’agissait-il de l’automne? Il pleuvait à seaux, très certainement), j’avais invité des amis à faire du camping en Gaspésie, aux abords d’un chalet prêté par un oncle. Des répondants, deux étaient des copains de collège, dont Philippe. Nous avions bientôt tous 26 ans, et les bouteilles de scotch irlandais avaient remplacé depuis longtemps les canettes de Pabst, autrefois adulées pour nos portefeuilles d’étudiants cassés. Au cours de la semaine, quelques uns de mes répondants (surtout des collègues du bureau) commençaient à quitter le campus pour retrouver la vie de famille déjà établie, me laissant avec mes deux copains les soirs suivants. Donc, ce soir-là, installés au bord du fleuve, Simon avait alimenté le feu avec de l’essence à briquet, ce qui nous faisait bien rigoler à priori. Jusqu’à ce que je vois le visage de Philippe figer, de l’autre côté du feu. On commençait à entendre une petite voix haut perchée, au loin, suivi d’un grondement plus grave. Ayant les yeux d’abord fixés sur les flammes, il me fallu un temps pour décerner un corps bouger rapidement vers nous, coupant le reflet de la lune dans l’eau. D’un même regard, nous accueillîmes Sophia dans un silence respectueux.

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     Quelques mois à peine après sa disparition du globe, je reçu une lettre de sa part, avec une adresse à laquelle je pourrais toujours la rejoindre. Étrangement, les échanges allaient de bon train, et son départ de la vie de mon ami n’entacha d’aucune manière mes propos, pour ne pas dire carrément que je l’admirais pour son courage et sa vivacité. Au cours des dernières années, elle mettait beaucoup de temps à répondre, mais j’envoyais tout de même un petit mémo ici et là pour la garder informée de la petite vie de notre groupe, de plus en plus distant, que j’essayais de reformer, entre autres à l’aide de cette escapade dans l’Est. Loin de moi l’intention de l’inviter (saurait-elle seulement se rendre à temps, j’en doutais), mais sa présence me manquait quand même un peu.

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     Elle s’était mise à courir vers nous aussitôt que la barque accosta sur le sable de la berge. Arrivée à notre hauteur, elle sauta au-dessus du feu de joie et atterrit sur Philippe pour l’embrasser passionnément.
     -Salut vieux punk. Faisait longtemps que je t’avais pas vu la barbe.

     Tandis que ses bras (devenus plus fermes, avec l’expérience des voyages, sans doute) serraient encore son ancienne flamme, un corps continuait d’avancer dans la nuit noire. Elle nous expliqua qu’ils avaient eu une panne d’essence vers la fin du voyage Irlande-Québec, les obligeant à pagayer le reste du temps, pour finalement nous tomber dessus, par hasard.
     -Mais tu me connais, mon beau Phil. J’ai jamais vraiment cru au hasard. On était dus pour se voir… AHH! Chu contente de te revoir, man!

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David avait les cheveux auburn, frisés, le teint basané, avec la taille d’un sauveteur de plage. David gardait sa main immense sur la taille de Sophia, tous deux alors installés face à nous, derrière le mur de feu. Quand sa main à lui ne cherchait pas à tirer sur la ficelle de sa culotte à elle, il essayait de la faire rire en agrippant fermement son sein gauche, geste qui sembla atteindre son but, à notre étonnement général. Plus près de Philippe que de Simon ou moi, Sophia jetait constamment des regards toujours aussi pétillants, pleins de sourire, à son ex copain.

     -Tu sais, je t’ai jamais oublié, hein. Tsé, j’ai encore la bague que tu m’avais faite, avec les minéraux que tu collectionnais quand t’étais ti-cul… Riez pas, vous autres! C’était fucking cuuute!

     Elle lui prit la main, et au même moment, David tourna sa petite tête joyeuse avec sa gigantesque main de grizzly pour lui insérer sa large et humide langue dans la bouche. Ce à quoi elle répondit avec autant sinon plus de bave, suivis de quelques gémissements. « J’t’aime aussi, teddybeer ». À ce point, il m’était dorénavant impossible de ne pas étudier la réaction qu’aurait mon ami à la vue de ce spectacle, et ce que je vis m’étonna : il souriait.

     Il est vrai que Philippe n’avait jamais partagé ma tendance à la jalousie ou la vanité, mais d’une telle scène j’aurais au moins espéré (qu’on me pardonne ma malice) un signe d’insatisfaction, un quelconque malaise. Assister à une telle démonstration d’élégance et de classe sans autre réaction qu’un sourire m’intrigua davantage.

     Après qu’elle nous eut raconté une grande partie de ses voyages, elle s’est levée en s’appuyant sur son colosse, feignit de prendre le membre de Philippe, lui répétant une dernière fois « I miss you », puis retourna vers le vaisseau errant sur la côte, pour y baiser avec sa copie de Hasselhoff (des multiples cris poussés au loin pour le reste de la nuit). Le silence brûlait encore notre envie de retourner au bon vieux small talk, mais il fallait que je lui demande quand même, le pourquoi de son sourire. « C’est parce que tu t’rends compte à quel point est rendue cruche, c’est ça », j’essayais d’expliquer tout en voulant comprendre, riant à moitié. « Faut pas que tu te laisses bummé par son attitude… »
     Il émit un petit rire, court, mais sans que ce soit par l’impression d’être interrompu d’une quelconque manière. Sans malice. De sa poche, il sortit un petit couteau de poche et se mit à aiguiser une branche de bois.

     -J’ai souri, parce que je me suis rappelé la journée que je lui ai faite sa bague. Il s’arrêta à nouveau, son sourire s’épaissit. Y avait rien de spécial, mais je me rappelle juste que j’avais passé une bonne semaine, que j’étais à ma place, dans mon appart, avec ma blonde que j’aimais. Pis aussi qu’au moment où j’ai commencé à gosser sur la pierre, ya une toune d’Animal Collective qui a parti à ‘radio. C’est juste ça. Je me souviens juste d’une mémoire le fun, de quand c’était cool avec elle. C’est en masse. Pis, tsé, c’est correct, qui qu’a doit dater ou non. J’suis pas son pèèère, haha! À la limite, j’trouve ça cute.

     Sa bonne humeur devint contagieuse, mais je continuais d’être titillé par la présence de cet intrus qui se tapait vigoureusement ce qu’on pouvait en quelque sorte considérer comme notre sœur à tous les trois. Philippe a dû voir ma mine perplexe, m’envoya une autre bouteille au dessus des flammes. « Définissez votre propre bonheur, les gars. Pas celui des autres. »

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16 mars 2013
7517, L., a.4
Léjande.tumblr.com

mercredi 13 mars 2013

13 mars - L'année du dragon

Revisite d'un texte précédent, version 2013
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            Elle s’est assise sur le divan, et aussitôt le chat s’est blotti contre elle, tandis qu’il buvait son café devant les annonces du journal. Cherche mécanicien, min 1an exp; Cherche secrétaire, avec clientèle établie; Cherche homme bon à marier… Quelques gouttes font encore leur chemin sur la porte coulissante, se faire entendre au travers du silence perdu de l’appartement de Claude et Isobel. Que le soleil se soit couvert d’une nappe de nuages ne les dérange pas, ni la grisaille, ni les pas qui passent et qui reviennent du locataire d’en haut. Elle s’est fait une tasse de thé qu’elle sirote parcimonieusement, accompagnée d’un livre longtemps oublié dont elle avait décidé de reprendre la lecture dernièrement. Lorsque sa main ne cherche pas aveuglement sa tasse, elle passe et repasse sur le ventre du félin bientôt endormi. Mais Claude ne voit pas le temps passer, et oublie de partir pour le travail. De son côté de la table à manger, face à Isobel, il relève la tête, les doigts sur l’anse, absent. Après deux ans de vie commune, le regard partagé se fait de plus en plus rarement, comme des gouttes de pluie qui ne tombent jamais très loin l’une de l’autre, mais qui n’atterrissent jamais exactement au même endroit.

            Il fronce les sourcils, plus pensif que contrarié.
            -Would you marry me?

            Isobel sort progressivement de sa lecture. Son regard passe des lignes de texte au rebord supérieur du livre. Elle ne s’attendait pas à telle question, mais se dit qu’après tout, a-t-elle déjà donné l’impression qu’on devrait lui demander autrement que de manière simple, posée, lors d’une journée où le silence fait oublier d’aller au travail? Puis elle se renfrogne : aurait-elle dû être plus explicite et demander clairement une demande de fiançailles dans les règles de l’art, dans un restaurant chic, avec l’agenouillement classique? Mais, non. Elle sait qu’au fond, un tel geste ne démontrerait pas plus qu’un cliché mort et désuet, et qu’en réalité ce que Claude lui propose, ce n’est pas un spectacle de fumée, mais bien un acte réfléchi, sincère, avec autant de classe.
            -I think I would, yes.

            Elle tourne la tête vers lui. Ils échangent un bref moment, un sourire subtil. Peut-être ne s’agit-il qu’une simple question, une éventualité à préparer. Cela leur importe peu. Les deux retrouvent leur lecture, leur tasse. Claude ferme les yeux, la bouche semi ouverte. Il éternue. « Bless you », camouflée derrière son bouquin, moquant de ne pas vouloir être contaminée.
            Un voisin de pallier claque la porte. Claude sort de sa rêverie, constate l’heure tardive, se lève pour embrasser Isobel, puis quitte.
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LGND
13 mars 2013

jeudi 18 octobre 2012

18 octobre - The Monster inside

C’est jeudi et personne ne me l’a dit! C’était aujourd’hui que je devais commencer les auditions pour une nouvelle amie de cœur, comme disait un de mes oncles. So, who’s ready?
Mes caractéristiques:
Je suis sarcastique, cynique, et gratteux (bien que j’insiste toujours pour tout payer, pour que les gens m’aiment pour mon fric et non pour ma personnalité). Je m’habille avec plus d’élégance qu’il y a un an, voire toutes les années précédentes, ce qui ne m’empêche pas de m’adonner au plaisir odieux de garder une main dans les boxer, just for the feel of it, je préfère parler musique et politique plutôt que de décoration ou de bouffe, j’aime aussi la mode (j’étais accroché à la télé chaque fois que passait FashionTv, avant qu’on coupe l’émission), les chats et pas les chiens (sauf s’il s’agit d’un labrador et qu’il soit silencieux), la marche rapide, même si j’aime prendre mon temps. J’aime les filles qui portent fièrement la (les) tresse(s) mais pas les frisottis, les cheveux courts mais surtout les longs, ceux qui vont jusque dans le dos. I enjoy strip clubs, not dancing ones. Je fume abondamment, chain-smoker tbh, et je ne tousse jamais. Je suis aussi ultra-mince comme un minipad sanitaire, et aussi léger, ce qui ne m’empêche pas de me plaindre à propos de ma “bédaine” de bière.
Je recherche:
Une fille qui réussira à me complexer par rapport à ma vision décalée du monde, des valeurs qui ne sont pas partagées par les autres, ainsi que de la sexualité en générale. Elle doit être plus petite et avoir moins de connaissances que moi, pour me faire sentir intelligent et augmenter mon égocentrisme pathétique, tout en ayant mille fois plus de couille et de caractère pour me ramener à la réalité et me donner un bon coup dans le bas-ventre à chaque regard partagé avec une représentante du sexe faible (reste à savoir si c’est les hommes ou les femmes). Elle devra aussi comprendre mes envies de m’habiller en vraie salope et d’essayer de coucher avec chaque mec qui porte la barbe juste bien faite et qui parle de Julia Kristeva sans rire. Les soupers incluant du pesto seront essentiels pour me rappeler à quel point je ne sais pas me comporter dans un restaurant. Les soupirs sont requis, en tout temps. Le port de fourrure (manteau, bottes, écharpe, chapeau), quoi qu’optionnel, est fortement encouragé pour me garder dans ma dépravation et mes fétiches louches et mal regardés par la société. By the way, I cry a lot. So, if she’s willing to call me baby names, like “wuss” or “sissy”, that’s perfect too.
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Vous pouvez envoyer vos CV par message privé. Attachez-y une photo de cheveux, de vos yeux, et de votre sourire (better be cute, not like a horse smile. Salut Jessica Parker). The rest, I don’t really mind.
-The monster.

dimanche 5 août 2012

5 août - On les aperçoit gisant



Un soir d’automne, après un spectacle de bar en compagnie d’une belle amie de ma blonde, on voguait sur De Lorimier et Viger sous l’air frais du pont, se faisant mutuellement des frayeurs. “Faut pas rester ici, on va se faire tirer dessus! Haha!” D’une fenêtre d’appartement pas trop loin, ou était-ce une voiture passante, une musique glaçante a percé ma chemise… Dans la brume Sous la brume Jusqu’au bout de ma plume, Tu restes avec moi… Une ombre a bougé. Je l’ai prise par le bras, une fraction de seconde penser l’utiliser comme bouclier, puis raisonner et tenter de la protéger. Faire mon show off, quoi. Mais après s’être tapé un festival de David Lynch, les ombres, on les interprète de dizaines de façons horrifiantes. Un bum, un éclopé, un être déformé, un monstre. Ç’aurait pu être le Diable, pour ce que j’en sais… Tout ce qui sortait de l’obscurité terrifiante, c’était un râle silencieux. Un putain de souffle angoissant qui l’a fait se glisser entre mes bras frigorifiés, ses cheveux fins et noirs de jais son mon menton. Ç’aurait pu n’être qu’un putain de chat possédé par Satan, avec une grosse boule de poil dans la gorge, qu’est-ce qu’on en savait. On a figé un instant avant qu’elle ne me sorte de ma rêverie: “On s’en va, please…maintenant.” En toute sécurité ou à l’article de la mort la plus brutale, allez savoir, faut toujours que je reste conscient le plus longtemps possible. Dénouer les mystères. Ou en créer, peu importe. Mais sa joue contre la mienne, ses lèvres fines qui murmuraient: “…Now…”, mon éthique des relations en grande bataille intérieure contre mon érection grandissante, j’ai cédé.

On a couru, d’un trait, droit, continu. On s’est arrêtés dans une grande avenue où une église affichait un néon quétaine sur les péchés. J’ai souri, complètement essoufflé, mais satisfait de notre course. Elle, par contre, son visage, blanc comme un œil de murène. J’avais surement manqué un détail qui l’avait frappée… Ses jambes se sont bloquées momentanément, un frisson parcouru sa peau sous son petit chandail en laine. Dis-moi. “J’ai vu mes yeux reflétés sur la lame du couteau.” Sous la lune, dans la brume, j’te prends dans mes bras. J’suis là.
Après le plus long et le plus étranges des baisers que j’ai jamais échangé, elle m’a reconduit jusqu’à l’appartement de ma copine dans un silence absolu, mais parsemé ici et là de main glissée sur une cuisse. En sortant de la voiture, elle a prononcé mon nom. “Tu lui as jamais fait ça, hein?” Non. C’était la première fois, ce soir. “Le couteau, je veux dire… Elle, a le prendrait pas comme moi. Utilise-le juste avec moi, ok?” Ok.
God do I date masses of weirdos, like me…

lundi 23 juillet 2012

22 juillet - Making amends, part 2



J'ai coulé à répétitions deux cours de cinéma, au cégep, simplement parce que les profs ne me convenaient pas, ou j'étais trop paresseux, blasé de tout, sans conséquence directe sur ma vie. Mais j'ai continué à foncer dans le tas, plutôt que d'abandonner et fouiller ad nauseam dans d'autres départements. Je voulais faire comme Moreti et tourner seulement des paysages en mobylette, pas créer un climax au deuxième nœud et détendre le tout avec une mauvaise blague. Je jalousais mes potes de La Plaine qui faisaient n'importe quoi tout en retirant une quelconque gloire, un hype créé entre nous, c'est tout. Mais hype tout de même. J'ai compris en tournant mon premier vrai court métrage que jamais je n'arriverais à supporter un acteur qui ne joue pas exactement la scène comme dans mon esprit; qu'il fallait que je me débarrasse des acteurs/actrices médiocres. Et, contrainte oblige, il ne me restait plus que la route qui m'a bercé depuis mon plus jeune âge. Contaminé ici et là de ces gens que j'avais idolâtrés.

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J'ai quitté la première fille que j'aimais vraiment, parce que ma solitude me manquait plus qu'elle, et qu'un simple "On devrait arrêter là" ne suffira jamais à créer un gouffre aussi solide entre nous deux que ce que j'ai pu lui sortir comme bêtises. Parce que je préfère que les gens me détestent pour me foutre la paix. Les amis, ils insistent, ils restent, ils collent... pénètrent ma bulle. Et ma bulle va à des kilomètres à la ronde. Je l'ai quittée, elle et ses multiples remarques à la "Ouais elle, j'la baiserais bien, humm!". Elle et sa volonté envahissante de se croire aux deux sexes. Je l'ai quittée parce qu'elle écoutait les chansons de Leloup, mais pas ce qu'il avait de plus précieux à dire à propos de son enfance, ce texte qui m'a traversé à jamais. Je l'ai quittée un matin de mars 2008, parce que j'avais pu de job, en plus du film à finir, et qu'elle ne voulait plus prendre ma main. Je l'ai quittée sur du Coeur de Pirate, une toune de Malajube, une autre de Alegria, encore une autre de Bran Van 3000. Laisse-Moi avant que je m'en aille, Rester m'étouffera toujours comme le mot amour; c'était avant que ça sorte en CD...
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Toi, tu m'auras appris à m'habiller avec goût, tu m'auras fait goûter milles saveurs, toutes plus délicieuses les unes que les autres, moi qui se rebutais sans cesse aux pizzas/hot-dogs/sandwich margarine moutarde jambon. Mais surtout, je n'ai jamais risqué d'écouter de la musique avec toi. Et je t'en suis grandement reconnaissant. Je n'ai encore jamais souffert d'écouter une chanson qui me rappelle toi. Et pourtant, tu m'habites encore comme personne ne m'a habité. Je suis la maison de souffre, dans laquelle tes pieds n'ont jamais allumé quelque feu. Mes Bon Iver sont réservés à Soleil, mes Leloup et Pirate à Lune, mes Pink Floyd à CouCassé, mais toi, tu n'as laissé aucune trace musicale qu'un Cohen qui m'a passionnément endormi, un Watson qui ne m'éveillait rien, et des Smiths qui m'ont tout simplement irrité. J'ai encore mes Boards of Canada qui me ramène à la banlieue de Saint-Hubert, fin 89; mes Massive Attack entourés de potes du cégep; et mes Gainsbourg qui ont éveillé mes nuits montréalaises en compagnie de mon frère de plume.

Te souviens-tu, à peine une semaine avant que tu ne fasses le premier geste... J'avais innocemment publié une chanson hip-hop, en écrivant: "Avant qu'on ne devienne quelque chose, apprend ça par cœur et je t'aimerai tout de suite". J'aurais trouvé ça amusant, une fille qui semble pognée à première vue et qui, finalement se met à te rapper dans la figure les paroles de Daddy G et Del Naja...

Je te l'ai déjà dit, tu n'écoutais pas, tu n'écoutais jamais, mais je le répète: ce que tu m'as apporté comme bien, jamais personne ne l'avais fait avant. Ça prenait des couilles d'acier pour me faire bouffer un sandwich avec de la putain de mayo et que je l'apprécies. Pareil pour le look. Je vais juste citer Jack dans Fight Club, pour la suite... "I'm grateful! Thank you! For EVErything you've given me!... But this is too much!!! This is not what I want!!" Tu voulais tout contrôler à ton image. Alors que la clé avec moi, c'est de me laisser faire, en poussant tranquillement. Ouais j'suis encore un gamin. Quoi, t'as arrêté de l'être entièrement toi?

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Merci pour tout, mais non merci. Voilà comment je pourrais résumer l'entièreté de mes expériences. Ou presque. Pas ma job. Rien ne me fera détester mon boulot. J'ai couru après pendant trop de temps, j'ai trop chialé contre les shit-jobs qui ne gratifiaient pas ma petite personne, s'il fallait que je crache sur le seul emploi qui m'a fait sentir au sein d'une deuxième famille, en plus de se sentir gratifié et gratifiant à chaque journée passée là-bas.

Merci pour les cours de ciné, mais non merci. Pas besoin de savoir que rendu au milieu, les personnages sont censés être établis. M'en fou.

Merci pour les sorties dans les clubs, et pour Leloup, mais non merci. Ton besoin constant d'attention, il m'a trop étouffé.

Merci de m'avoir appris à devenir un homme, en apparence, mais surtout, d'être restée loin de la musique que j'aime écouter. Même si tous les estis de jours depuis le 10 mai dernier, je n'arrive pas à t'enlever de ma tête, pour cesser d'être en colère contre toi. J'avais un closure avec les autres... J'arrivais à être en paix avec elles, après un certain temps. Cette fois, c'était tellement différent... Il n'y a que de la hargne qui s'est bâtie en moi, contre l'image que j'ai de toi. De la putain d'envie de te tabasser avec tes DVD de Sex in the City. Pas étonnant que tu t'identifie avec la fille qui ressemble à un cheval... En me rabaissant, tu m'as appris sans le savoir que je valais mieux. Mais GOD que tu m'as blessé dans ta manière de juger tous ces gens...

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Je veux regarder une fille pendant des heures sans que jamais elle ne dise: "Arrête, tu m'énerve, quessé que j'ai dans 'face?". Parce que j'm'en crisse des totons, quand chu en amour. À la poubelle, les sextos. Je veux des yeux pleins de oui oui, pas des puits sans fond. Des cheveux qui suivent le vent, des sourires pas trop plein de dents, sincères.
Je sais pas si je veux Lili...

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Et voilà maintenant que j'ai adopté une nouvelle soeur. Une qui soit une dyke, une vraie, en plus. Si Lacia et son manque d'athlétisme laissait entrevoir une quelconque attirance ever again, ce n'était certainement pas chez les filles qu'elle allait la trouver, même chez les dykes les plus renforcées.
Bref, au total, un frère transgenre refoulé, une demi-soeur qui prétend être bi et une soeur carrément gaie. Ça me fait penser à la blague du père et ses deux filles gaies. "Crisse yen a pas un dmes enfants qui aime les graines" et le fils de répondre "Moi" *trollface*

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Lundi 23, 6h13 am

jeudi 24 mai 2012

Katherine et Marie-Christine

En partant, Kath a laissé son image, bien encrée dans ma mémoire vive. Était-ce le soir même ou le lendemain, je revisitais en rêve mes histoires de cœur. Et d'un revers puissant, mes souvenirs se sont fondus entre réalité et fantaisie. «Mais non, tu n'as pas connu que ces deux filles-là. Comment as-tu pu oublier que t'étais déjà sorti avec Kath?» De là, les images sont revenus: elle dans mes bras, au milieu de la cuisine blanche, le comptoir, le garde-manger, mon nez dans ses cheveux frais coupés... J'en avais les larmes aux yeux. Comment avais-je pu oublier cette histoire avec une fille d'aussi haut calibre? Quelques minutes ont passé, j'ai basculé du rêve à la réalité, toujours sous le charme de la sublime Kath, et ma joie d'avoir déjà partagé des moments avec elle... pour me rendre compte que tout cela n'était que mensonge.

Ton esprit a fusionné une image récente (cette fille) avec un environnement connu et harmonieux (la maison où habitait autrefois ma première copine)... Le malaise envers moi-même! La honte! «T'as vraiment cru, pendant une bonne demie-heure, que t'avais déjà vécu de quoi, AVEC ELLE?! HA!»


Et bien, à menteur, menteur et demi. Cette nuit, aux bras de Morphée, je profitais d'un autre fantasme, sans me leurrer pour autant. «Je sais qu'elle n'est là qu'en rêve. Qu'importe, j'ai du fun. Je ferai pas semblant d'être triss juste pour que les autres se sentent bien.»

vendredi 27 avril 2012

Changez le champ lexical...

Ces mots, noms et phrases que je ne suis plus capable d'entendre:
-Jeter de l'huile sur le feu
-Parc Émilie-Gamelin
-Nadeau-Dubois, Line Beauchamp, Léo et Nadine
-condamner la violence (ou tout le jargon de la langue de bois)
-CLASSE, FECQ et FEUQ
-casseurs
-pacifiques
-"Ben oui c'est ça, faites rien au cas où quelque chose de pas bien survienne."
-manifestation déclarée illégale

Grévistes, journalistes, changez votre champ lexical. On ne fait que lire la même histoire jour après jour.