"Siège élevé sur lequel prennent place souverains et personnalités dans des circonstances solennelles." -Le Petit Robert
Un des premiers livres qu'on m'a lus, enfant, s'appelait "Je veux mon p'tit pot", où le personnage principal avait toujours une couronne sur la tête. Déjà, on nommait la toilette comme trône, l'image ne pouvait qu'être renforcée par cet album. Et pourtant, c'est ridicule si on y pense... Pourquoi nommer un objet (essentiel, oui; pratique, oui oui, mais bon) aussi peu glorieux qu'une bol de toilette, avec un nom qui désigne le pouvoir? S'il y a bien une place où je me sens loin d'être respecté et en total contrôle des sujet (déjà, juste moi, ça serait bien beau), c'est bien sur la cuvette! On y est esclave de sa vessie, de ses intestins qui se vident de toute leur m... Enfin, vous voyez le paysage. Ça fait pas très royal, quoi. Même si on se sent comme un King victorieux en tirant la chasse d'eau, ça reste un aspirateur à déchet humain.
Et pourtant, encore aujourd'hui, on dira: "Ouvre pas! ... J'suis sur le t... j'suis... sur le trône!! (Floccc!)" Le trône... l'étron. Bah, merde alors! Ça ressemble assez, non?
En anglais, ça sonne comme "thrown", lancé...
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Bref, il m'est arrivé de penser à tout ça quand j'étais justement en train de sièger, quand il m'est venu une image.... Disparue de ma mémoire depuis si longtemps, j'en avais le souffle coupé. Cette fois, il s'agissait bien d'un vrai trône. Celui que chaque père a offert à sa fille, du moins dans les années 90. En fourrure rose ou bleue, avec l'image d'une princesse de Disney, sur le dossier.
Petit, il n'y avait que deux filles dans un rayon de dix maisons: Jessica et Cassandra. Si avec Jess c'était plus sportif et excitant, chez Cass, c'était calme, on restait à l'intérieur. C'est elle qui avait ce petit fauteuil, dans sa chambre au deuxième étage. Un jour, on avait invité Jess à jouer avec nous, chez elle. Je savais que ça n'allait pas virer en Batman contre G.I. Joe, mais jamais je ne me serais douter de ce qui se tramait. Elle m'a probablement dit quelque chose comme Toi tu vas être le prince, pis nous on est les princesses, faque assis-toi. Et c'était avant toutes les Britney et Christina de ce monde... Dans le petit fauteuil, les bras maigrelets sur la fourrure rose, je devais fermer les yeux, et j'avais peur, et j'avais hâte, comme une fête surprise.
En même temps, Jessica et Cassandra m'avait embrassé de chaque côté.
À ce moment-là, j'avais un sentiment profond de petit prince. Ce fût les seules cinq minutes de ma vie où j'étais le garçon préféré des filles. J'étais le centre. Aucun autre petit gars ne pouvait se moquer de moi, et on ne pouvait pas non plus me mettre en prison. J'étais seul, avec elles. J'étais dans mon droit, en j'en ai profité. Pendant max 30 minutes, j'avais deux filles pour moi, en toute innocence. J'étais le King, sur son trône en minou, à me faire bécoter par les petites voisines.
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Sur mon siège rouillé, les culottes à terre, ce souvenir m'a frappé en plein milieu de ma morning glory, pour me ramener 18 ans en arrière, avec une des plus belles images de mon enfance. Image que j'avais totalement oubliée, jusqu'à hier.
Mon humilité m'a rentré dans le mur, solide. J'avais la plus grande honte, entre cette action basse et primaire, et ce souvenir des plus purs de la tendre enfance. Si bien que j'en pleurais, dégoûté de ma petite personne, sur son p'tit pot.
Je faisais enfin le lien entre mes envies d'aujourd'hui et leurs origines. Tout en comprenant à quel point ces fantasmes sont rendus impossibles à recréer.
C'est tellement le chaos dans ma tête, je ne sais même pas comment écrire tout ceci... Comme une image qui entre, pendant une fraction de seconde, et qui laisse derrière elle un million de petites pensées, couvrant tous les sens à la fois. Pas un seul avant ni après, mais tous en même temps. Mes premiers amours, premières expériences sexuelles, douces et sans arrière pensée aucune. Que la naïveté. Suivies de mes récentes explorations, suivies des multiples déceptions qui ne font que s'accumuler avec les ans.
Parce qu'on pense trop, toujours. Réfléchir l'amour au lieu de le vivre. Et réécouter Comme des enfants. Pour pleurer les amours mortes.
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Rappelle-toi ce soir-là où tu sortais du Renaud-Bray avec Joëlle et Myriam qui t'ouvrent les portes de l'extérieur en même temps. Souviens-toi d'avoir ressenti ce même sentiment de pure joie pendant quelques secondes.
RépondreSupprimerIt's not dead, Johnny honey, you still got it.