J’ai tellement couru après toi. J’ai perdu du temps avant de te parler, j’ai perdu encore plus de temps à tes côtés, j’en ai trop perdu à t’espérer. Et chaque fois que je relançais, t’étais malade où je ne sais quoi, toujours à trouver des excuses, et j’ai encore perdu du temps à me demander si c’était vrai ou n’importe quoi.
Et maintenant, encore, tu reviens pour que quelqu’un fasse le sale boulot pour toi, en échange d’un sourire d’innocente croqueuse de p’tit gars. Pourquoi j’aurais encore envie de faire le carrousel? Je sais que si je n’attends rien, je ne me blesserai plus. Et pourtant, en m’imaginant t’ignorer, tu tombes encore dans mes bras. Tu parlais d’une quickie dans les toilettes, et tout ce que j’y vois, c’est une baise de la mort, et ma tête qui fait « C’est quoi ton problème? T’as pas assez souffert de son indifférence? » et ma queue qui en redemanderait, et je lâcherais un cri de colère, tanné d’être utilisé. J’esquisse un sourire en pensant à la chansonnette de Kraftwerk… « I don’t want to be, tum tumtum, your sex object ». Je n’ai plus envie d’être ta bébelle, point. Tu m’as demandé comment payer mon travail, avec des minoucheries, les yeux doux et des blagues douteuses; j’ai écrit « peace ». Même pas une quickie, ni un café, pas même un câlin, rien d’autre que « Fous-moi la paix ». Sors de ma vie, disparais et ne reviens plus devant moi. « I think you should leave. If you stay, I might hurt you. You don’t want to get hurt, now, do you? » Les mots de Patrick Bateman sortent de ma bouche. C’est dire à quel point ma pulsion de mort s’accentue en pensant à toi.
Je réécoute les albums des Smashing Pumpkins, pour me rappeler l’Université de Montréal, me souvenir du froid qui a poussé en moi à cette étrange époque de ma vie. Ça ne fait que deux ans, et pourtant c’est loin. J’ai tout fait pour oublier, ta petite bouille d’enfant gâtée en céramique. Ça m’a surpris quand tu m’as parlé de la fille aux cheveux mauves que j’avais dessinée. Te les avais-je montrés, ces dessins du Naufragé? Ou as-tu juste fouillé en moi pour les trouver? Dans les deux cas, je reste sur le cul… J’étais tellement gaga pour toi; te montrer ça aurait voulu dire que j’étais prêt à être humilié au centuple… Encore, j’essaie de me contrôler, mais tu réussis à percer la membrane d’indifférence que j’essaie de plugger dans mon ampli brisé. Tes mots minous résonnent, et ça m’énerve. Si seulement tu pouvais la fermer. Être distante et froide, comme l’escorte avec qui j’avais un cours, la session passée… Une grosse enseigne : « I’m too hot for you, forget it. Just forget it », souligné par un pfff de dégoût. God qu’elle se laissait regarder juste pour montrer à quel point personne ne pouvait y goûter. Le message est clair. Très loin de toi.
J’ai hâte d’arriver à Martha, au moment où la guit démolit toute la mélancolie, et que tout devient « screw you, j’vais passer à travers, sans toi. » Si ça peut marcher avec le Soleil, ça va réussir avec le nuage mauve que tu es.
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