dimanche 5 décembre 2010

5 déc - Comme un seul homme, pt. II

Seul à la naissance. Seul dans son habitacle de verre. Branché de partout. Seul dans les bras d'une mère déjà vieille. Seul à faire ses premiers mots. Seul à faire ses premiers pas, effrayé. Seul dans son lit. Seul à se défendre contre son grand frère. Petites batailles d'enfants. Seul à guérir de ses blessures. Seul devant la mort de son grand-père. Seul devant les brutes de la cours d'école. Seul face à sa peur de la bicyclette. Seul dans la chambre d'hôpital, les aiguilles à tricot dans les oreilles, pince-tire-arrache. Seul devant une bassine. Seul au primaire, quand le plus grand est au secondaire. Seul à réciter ses leçons. Seul avec des amis qui regardent Bleue Nuit. Seul à se demander pourquoi il ne rit pas comme les autres. Seul en camp scout, à faire de la vaisselle, les pieds dans le phantex. Seul à pleurer, à m'ennuyer à mort d'être seul. En famille, seulement. Seul devant l'autel, à faire une prière. Seul à demander pardon. Seul à voler. Seul pour se cacher. Seul devant une grande métropole. Seul contre tous, sous un dôme gigantesque. Seul de sa ville à affronter les moqueries. Seul et recueilli par des amitiés empoisonnées. Seul à nouveau, l'année d'après. Seul devant ses croyances brouillées. Seul devant ses échecs. Seul derrière un écran d'ordinateur. Seul face à la distance. Bataille perdue d'avance. Seul quand le cœur se déchire en mille morceaux. Seul en voyage, à regarder l'horizon. Seul à chanter leur chanson. Seul à s'imaginer dans ses bras. Même en revenant à sa ville natale, seul à nouveau, après tant d'années. Seul pendant un moment. Seul devant le choix de faire le bon ou faire le con. Seul dans son badtrip. Seul devant un corps inerte, trop de bière, g-string. Bon ou mauvais choix. Seul parmi des amis de longue date. Seul après le décrochage de plus d'un. Seul devant des enfants. Seul devant ses vingts ans. Seul même au creux de ses bras. Seul sans son regard. Seul à voir tout s'écrouler, sans dire un mot. Seul devant la fin imminente. Seul, peut-être libre. Seul pendant des mois. Seul en portant le cercueil de la grand-mère. Mais où t'étais... Seul au comptoir de la job. Seul pendant des heures. Seul devant la chair offerte à prix élevé. Seul à boire tous les soirs. Seul à discuter de ce qui tracasse l'esprit. Seul, les fenêtres ouvertes d'octobre, le frais, et le piano. Seul à écrire la solitude, la nostalgie. Seul à penser en fonction binaire. Oui, Non. Seul à vouloir se tromper, à se mentir. Seul, visage pâle, aucune sortie, soleil en tête. Seul devant des copains à ne pas perdre de vue. Seul devant un amour perdu. Seul face à de nouvelles connaissances. Seul quand on annonce le mariage. Jamais plus il n'y aura de petites batailles d'enfants. Seul à boire trois bières, deux vins, un scotch, ground zero. Seul à en mourir.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire