vendredi 10 décembre 2010

11 déc - Hivernale

Musique par Peter Salett

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Tout en douceur. La couleur pâle, le nez chatouillé par les poils du parka, et une légère valse. Regarder les maisons s'étendre au loin, ce soir, me semble si différent, si agréable, comparé aux années précédentes. J'y vois la beauté du pinceau, les subtiles touches de rouge, de bleu, sur une longue tapisserie crème.
Le vent coule comme une rumeur, incendie ma tête. Le tracas se fait sentir, mais une voix résonne, basse et aiguë, à la fois, teintée de chaleur: "T'es mieux de venir". Je n'ai rien dans l'estomac, sinon qu'un café et quelques bouffées d'air frais. Bien qu'impatient d'arriver à la station, ici, dehors, je profite du paysage nocturne, les gens qui se rassemblent au loin, se tenant au chaud.

Sous la terre, dans le serpent de fer, l'angoisse, la peur, le mal de cœur, inspire-expire-inspire-expire, sans s'empirer ni s'améliorer. La mélodie change, il faut garder la tête haute, penser à des forêts, des montagnes et des déserts. Avec un beat gitan en arrière, ça calme l'atmosphère. Des kilomètres depuis la tempête de joie qui m'envahissait à l'extérieur, je croule sous les pensées hasardeuses. "Faites que ce mal disparaisse". M'imaginer devant une seule goutte de liqueur me gruge l'intérieur, le monde imaginaire s'intensifie au fur et à mesure.

Marchant à nouveau à la surface, les respirations haletantes reviennent. Un souffle, deux souffles, un rire discret. C'est si typique, sortir pour revenir si vite. N'entrer que pour dire: "Voilà. Je l'ai fait." Et la musique reprend. Parce que t'as les yeux bleus, que tes cheveux s'amusent à défier le soleil. Et pourtant, tu te fonds si bien à la douceur hivernale, on se sent prêt à laisser à jamais le soleil. Oublier un instant tout ce qu'on pensait trouver embarrassant. Retrouver les palettes de bleu, de rouge, c'est revenir des kilomètres plus tôt, attendant à l'arrêt avec la pensée, la petite voix qui chuchote, sourire paisible: "Voilà un moment de bonheur."

Et le souvenir qui se dissipe, je le laisse glisser lentement. Ne reste que les yeux clos, une légère brise, un courant chaud. Les soucis qui reviennent peu à peu laissent intact ce sentiment de bien être.



Ce soir, tout en douceur.
Comme une petite laine sur le cœur.



(Peinture: "Balade hivernale", par Michel Perrier)

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