dimanche 22 mai 2011

22 mai - Vendredi Seins 2: 50 minutes de Summers

Deuxième partie du triptyque écrit en avril dernier

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C’est la dérive du naufragé, sur son radeau enflammé. L’entrée dans le bar se fait en douceur et nous sommes réchauffés par de multiples spots de lumière, des citrons rouges et verts. « Les sucettes » de France Gall joue. Impossible de ne pas sourire jusqu’à m’en fendre les lèvres déjà gercées par le gel. Chaque visage d’ange se transforme en jeune écolière. Ya pas qu’Annie qui est au paradis.

Mitch nous installe à une table au fond sous le regard de la waitress. Il nous faut deux consommations chacun avant de l’apercevoir. Une petite créature au corps filiforme, une branche de céleri à croquis déjà croquée. Ses pas feutrés de chat la dirige vers notre table, et son vent respire l’agrume fraîchement pressé. Vite, fais-moi voir ton sourire.

Des lèvres d’été frais

Une clavicule pamplemousse

Pour caresser mon bonheur

Dans le box, elle murmure. Summers. Au creux de nos mains coule son huile chaude au goût de bonbon fruité. Mes lèvres se rappellent, au contact de sa peau. Les citrons tranchés, au bord de la piscine chez les parents de Michel. Nos gueules d’enfants, déformées par l’essence acide des citrons, à rigoler jusqu’aux larmes pour un rien. Une drogue pour gamin qui a finit par nous rendre amers, les dents serrées, les sueurs incontrôlables, les lèvres brisées et les cernes. Huit ans, et déjà junkies, avides d’un fruit défendu. La cure des cent ans, suivie de la rechute classique et de ses conséquences. Ma bouche qui se ferme sur elle-même, les coins fusionnant, ne laissant qu’une ouverture à peine assez grande pour laisser passer une cuillère à sucre.

Mes paupières sur son épaule plus nue qu’un ver, les glandes lacrymales poussent un léger cri. Summers les entend et pose un baiser pour les faire taire. Trop tard, une grimace fait déjà son parcours sous mon nez. Je paie la citronnade fort cher, une fois encore. Pourquoi est-ce si dur d’être un junkie?

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