lundi 31 janvier 2011

31 janv - Sur mon radeau

Second exercice d'Atelier d'écriture - Le Mouvement (prose + haïku)

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À ma gauche, une femme passe avec sa petite fille. Je déteste avoir à marcher dans de telles situations. Avec la cigarette au bec, j’ai la jauge de culpabilité qui monte dans le tapis. Le moindre sourire sur mon visage, à la vue de la petite écharpe rouge baiser de la jeune fille, me fait passer pour un vrai pervers. Alors je continue ma route, les deux yeux pochés, laitue bacon, l’odeur de bière pas chère qui ne partira pas avant une bonne douche, et l’armée de poils de chat, longs, blancs, et frisés qui ont envahit mon beau complet pendant mon sommeil d’une couple d’heures.

Je suis parti peut-être trop tôt. J’aurais au moins pu cogner, glisser ma tête dans le cadre de porte et dire salut. Au lieu de ça, je suis parti comme un voleur. Les petits bas glissant sur le parquet de bois grinçant, je suis parti sans faire d’erreur, je crois, sur la note que j’ai laissée sur la table. Je n’ai même pas regardé l’heure. Juste de sentir l’odeur du soleil frais sur mon visage, c’était suffisant pour me faire décoller. Sur la rue Saint-André, j’ai vu des fantômes prendre leurs couleurs. Un couple dans la trentaine qui se rendent au boulot en petite voiture, un vieillard qui cherche des mégots dans les petits bancs de neige, et mon énorme pif de juif qui rumine toutes sortes de questions.

Quand je ne marche pas, je coure, je prends le métro, l’autobus, encore la marche, puis la bicyclette. Toujours la tête droit devant. Il ne faut pas que je me mette à penser : elle s’est retournée ou non? Est-ce que mes cheveux sont peignés? Qu’est-ce que la communauté va penser? Les stations passent et sous mon stylo, qui perd son sang sur une feuille de calepin, se dessinent des gens qui ne se regardent pas, qui préféreraient rester chez eux plutôt que de travailler, qui perdent trente ans de leur vie à se demander ce qu’ils mangeront pour souper.

Et lorsque je reviens à la surface de la terre, deux enfants font des huit sur la neige fraîche avec leur bicyclette. Pendant le trajet qui me ramène à mon port, cette image se superpose sur les maisons identiques qu’on passe, les restaurants, les itinérants, les hôtels chics, l’école primaire de mon enfance. Une grande cour, deux parcs multicolores, un petit train, des tubes, des grilles rouillées, des passages en gravel, de la neige mouillée qui a réussi à s’infiltrer dans le foulard rouge et jaune d’un petit garçon qui a les doigts complètement gelés, mais qui n’en tient pas compte et qui préfère lancer une boule de neige à sa sœur, ou sa copine, peu importe.

Il me faut cinq minutes de marche rapide pour enfin me décider à sortir mes mitaines de leur protection ainsi qu’un polaroid. Un arbre, gris, froid, oublié, fantomatique et pourtant magique. Déclic et la pellicule sort. Je secoue à travers d’horribles petits tremblements de mains tandis que je finis ma marche. Apparaissent tranquillement les pigments :

Ce petit matin

la lumière arrive

- douceur glaciale.

3 commentaires:

  1. WOW I like it very much! Sérieux c'est superbe! T'aurais du mettre la toune inspirante avec, ça fitte sérieux^^ Love love love! S'ti que t'écris bien quand tu bitch pas moi!^^

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  2. Quelle toune? J'écoutais rien de particulier...

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  3. ahhh pourtant y'a du leloup qui ressort en salle dans ton texte... comme d'hab pt dans l'fond

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