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Le gris poinçonne le ciel des couples fatigués
La neige molle et humide colle aux chevilles
On en finit là, avant de briser la porcelaine
Pourquoi c’est mars pour toi et les autres quand on se quitte les deux pieds dans la boue? Faut-il vraiment aimer se torturer pour sortir les vidanges sous la pluie d’hiver, du printemps qui n’a pas encore mis sa veste? Les feux d’artifices bloquent les artères des jeunes junkies trafiquant ici et là, la main tendue pour des smacks à la cuillère pendant que j’attends un signe stellaire : « She’s coming as fast as she can. »
On ne pelte plus vraiment, on patauge dans ce qui nous reste d’estime de soi les lundis soirs à vider des pichets entiers de bières pour oublier ou simplement passer au travers d’une mauvaise passe, d’un instant de doute qui nous garde le derrière collé à la banquette du premier bistro qu’on croise. La pluie cruelle plombe sur la neige glacée quand rien ni personne n’arrive à nous sortir de la soupe. Juste l’idée de caler une Cheval Blanc ramène un gars à la réalité qu’il ne sera jamais le preux chevalier de sa constellation. On se rabat alors sur une rousse, généreuse et traitre à la fois, on rejoint des amis de longue date avec qui on partage d’autres breuvages plus tonifiants. Mais quoi qu’on y fasse, on reste avec une plume sur le cœur qui refuse de quitter même après avoir expiré tout son souffle, les doigts fébriles la poussant d’un revers las et qui revient. Ou qui part. La plume finit toujours par disparaître de l’horizon pour un temps, mais on sait tous qu’elle fera surface à nouveau.
Ce mars-là aussi peut exister. Quand la neige fond, qu’on se permet une séance de jogging au lever de l’aurore et qu’une brise nous coupe le souffle, imprévue et pourtant bien accueillie. Ces gens nous affichent alors une grimace entre la joie et la peur. Devrais-je m’investir dans cette chaleur ou simplement couper direct et feindre d’ignorer sa présence?
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