Elle a gémit. Doucement. Juste une fois. Ce moment précis où j’ai commencé à regretter. La grisaille des arbres morts aurait dû être suffisante pour me prévenir du mauvais move qu’on allait faire. Moi surtout.
On avait bu du vin. On feelait seuls. Enfin, moi surtout. J’osais pas lui demander comment elle, elle se sentait. On s’est collés. On s’est embrassés. À chaque seconde qui s’écroulait, le poids m’écrasait. I only did this because I love you. You just wouldn’t love me. Elle me dit, dans un soupir. À quoi tu penses? Le courage me manque. Trop de choses occupent mon esprit, les branches claquant sur la fenêtre, le vent qui siffle sous la porte, la chanson qui parle de deux amis qui couchent ensemble et qui ne savent pas quoi dire après. Je comprends pourquoi elle ne voulait pas le faire, plus tôt. Ça joue avec la tête.
J’ai fait l’amour avec elle, parce que je t’aime, mais que je n’ose pas. Parce qu’elle me fait penser à tes airs distants. À la différence que je la connais depuis beaucoup plus longtemps que toi. Et contrairement à toi, elle n’a jamais hésité à me retrouver, en public comme en intimité. Mais jamais comme ça…
À quoi tu penses, toi? Je n’ose pas dire un mot. Je sens en elle la même angoisse. Est-ce que c’est le début de quelque chose? Une erreur? Ça ne s’est jamais passé? Rien. Le silence fait du bruit. Nos souffles reprennent un rythme régulier. J’ai éradiqué toutes mes chances de revoir tes petits pieds enrobés de caoutchouc jaune sans le sentiment de dégoût qui me rempli.
D’un autre côté, avec tes rejets constants, fallait être timbré pour y voir des marques d’affection. Ça et le fait que tu couches sûrement avec Éric. Je m’en fous. M’en crisse. J’ai fait pareil. J’ai couché avec quelqu’un qui m’a séduit, un instant, mais qui ne m’apportera rien. Qui sait, peut-être qu’on ne se parlera plus, après ça, moi et elle, parce que moi et toi, je n’ose pas. Après ça, je n’aurai plus le courage de te regarder avec les mêmes yeux doux et un peu cons.
I only did this because I won’t be able to love you anymore. Ou l’inverse... Je ne pense pas, j’atterris. Laisse-moi de temps de remettre pied sur terre…
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