Les gars sont partis prendre un verre au bistro Wilde. C'est jeudi soir, je décline l'invitation. Même si je n'ai plus de cours jusqu'à lundi, je suis crevé de l'intérieur comme de l'extérieur. Mes pas sont lourds et mon dos est courbé par l'effort de passer au travers d'une semaine exténuante. Seul devant mon ordinateur portable, je prends une bière et j'écoute Superheroes pour me donner un petit sourire. Évidemment, la musique me passe dessus comme de l'eau qui coule sur un roc solide, immuable. Le soleil est déjà couché depuis quelques heures. Savoir que l'hiver est là, à m'attendre comme un faucon attend sa proie, ça me traumatise, je suis pris de panique...
Par la fenêtre ouverte, le vent glacial se jette sous ma chemise. Encore trop effondré et impossible à bouger de mon siège, je reste là à subir mon sort. La mort me souffle dans le cou que j'essaie de couvrir de mon possible. Mais toujours, je reste en place et me dit qu'après tout, c'est probablement ce que je mérite. Il est passé 22h, et intérieurement, je sens un minime souhait qu'un signe extérieur m'appelle. N'importe quoi pour me sortir de la noirceur, du grabuge qui m'habite. Par pitié, faites qu'un quelconque colporteur sonne à ma porte. Ne serait-ce que pour me lever, ouvrir et répondre d'une voix monotone: "ne me dérangez pas"...
22h10. J'ai de petits faisceaux qui descendent de mes yeux. Les voies nasales sont submergées puis éclaircies. J'ai dans la tête des histoires de bonheur qui n'ont ni queue ni tête, des souvenirs de bons moments puis des terribles catastrophes qui me restent collées au fond du cœur de pierre. Je vois des démons, des flûtes de champagnes, des fêtes détruites par des nazis, des filles éventrées et violées, des gars dont les mains ont été coupées. 22h30. J'ai les yeux secs, un goût amer de métal dans la bouche, et ce qui restait de ma force s'est complètement dissipé. Plus rien ne me vient en tête, je ne fais que jouer au Solitaire. Et je me dis que c'est bien un jeu fait pour moi...
Je ne vois plus le temps passer, et une personne frappe à la porte. Au même moment, le téléphone vibre dans ma poche. Les gars n'étaient pas au bistro. "Vient, dude. On va te payer un drink au Dal." J'ai envie de les remercier et de renoncer, mais je suis trop faible pour décider quoi que ce soit. J'ai envie d'être dans les bras d'une fille qu'eux deux trouveraient trop superficielle et trop niaiseuse à leur goût. Juste pour les faire chier.
Mais disons que pour ce soir, je vais faire comme si j'étais content de les voir, et les appeler des Superheroes qui m'ont sauvé de la mort. Juste pour ce soir, j'va faker d'être content de les voir. Parce que, tout simplement, il n'y a que lorsque j'ai besoin d'eux que je ne veux pas les voir...
Allez savoir...
dimanche 26 septembre 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire