Tout est silencieux. Le père dort dans la chambre. Claude est sur le bord de l'eau. Et les souvenirs reviennent, s'entrechoquent. "On est loin, loin des amours de loin", chantait Bashung. Et pourtant, son image est aussi claire qu'un ciel d'azur un après-midi de mai. Il y a ces souvenirs pas si lointains, et ceux de chaque année, lorsque l'on revient ici. Un château de vieux, avec un relookage plus jeune. Les saintes écritures sont effacées par la nouvelle couche de peinture. La marque de notre premier passage, disparu, comme s'il s'agissait de notre première visite. Ceci dit, comme tout bon château, il y a les ducs et les pages. Je ne me plains pas, je sais toujours très bien à quoi m'attendre à chaque année. Le pont levis tombe rapidement, le banquet est servi pour tous, puis on oublie les sujets et on passe à la décapitation. Pour rigoler, vous savez. Bon, certes l'image est poussée. Tout de même, une certaine amertume se place au cœur petit garçon qui revient toujours avec ses deux vieux.
Vous savez ce qui manque à ce haut lieu? Une princesse. La reine vient faire son tour pour le dernier banquet, mais une princesse serait de mise, un jour ou l'autre, ne pensez-vous pas? Les gens vont se rebeller et crier à la trahison: "Dehors, femelles immondes! C'est une réunion de MECS ici!". Certes, la réaction est probable, mais tout de même, j'y songe... Et si ce château était transférable?
Je vous montre la scène. Mon père et Claude se connaissent depuis le collège classique, ils sont maintenant âgés de 65 et 70 ans, et Claude a son chalet depuis quelque chose comme dix ans. Claude est du type comique, bavard, et qui se balance bien de ce qu'un autre peut dire, tandis que mon père est plutôt dramatique avec un sens de l'humour assez pincé, qui peut aussi être sec, tout en étant un être sensible. Si j'applique cette relation sur le plan de ma vie sociale, nul doute que d'ici 20-30 ans, je me retrouverai avec mes copains de collège, dans un chalet, avec mon enfant et rigoler en groupe tout en se moquant bien de ce qu'il peut raconter. Surtout s'il se met à se foutre de nos gueules de vieux cons.
Je ne veux pas nécessairement dire que je souhaite transmettre un souvenir amer à mon enfant à propos de mes amis, mais seulement me dire que maintenant n'est pas si pire, et que vieux, on doit bien en rigoler.
Et puis... z'imaginez si j'avais une fille? Ouf, c'est presque sûr que les malaises seraient plus intenses!
That's all folks. For now...
---
Jean, 18h29
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire