Marre des vieux cons
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On n'enseigne que les Auteurs, avec un grand A. Les incontournables, les grands penseurs, les grands théoriciens. "Mais tu sais, on parle de Deleuze, tu sais, le rhizome, mais je repensais à cet autre texte de Roland Barthes...." Merde, je lis vos textes, Auteurs de la prudence et du respect, et des graaaandes théories, et je baille, messieurs. Je baille. Vous vous prenez tellement au sérieux... Même quand c'est pour foutre le bordel comme msieur Sokal qui fait un graaaand texte qui ne veut rien dire, juste pour narguer les scientifiques, c'est ennuyant à mort. On pourrait pas arrêter les graaands mots, et juste parler simplement? Pour être franc, l'époque des p'tites cuillères et du gruau autour de la cheminée à concocter des théories sur Aristote, et sur la première guerre mondiale, moi ça me laisse complètement de glace.
"Est-ce que ça t'intéresse, l'histoire?" vient-on de me demander.
"Ben l'histoire de qui?" je répond. "L'Histoire. Avec un grand H ". Oh... alors c'est non... pas vraiment. "Moi jtrouve ça extraordinaire de savoir, de comprendre comment les grandes civilisations anciennes vivaient, ou pensaient. C'est teeellement beau, les textes de ..."
Ok tu pourrais m'en parler pendant dix ans, de tes fameuses cités d'or, mais serais-tu capable de m'expliquer le phénomène grunge, dans les années 90? Ou l'évolution de la musique électronique au fil des années, le sampling, tout ça? Serais-tu intéressé que j'te raconte pendant 10 heures la musique de la génération X? Probablement pas. Et pourtant, j'en parlerais avec la même étincelle dans les yeux que toi avec tes graaands Auteurs, qu'on ne cesse de revoir ad nauseam à l'école.
Génération Z
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J'ai l'impression d'avoir constamment affaire avec un problème de génération. Mon père, de par son classissisme, ses études classiques, son éducation avec le Cinéma de Papa, le ciné français bien leché, bien tranquille, sa musique jazz et opératique, j'ai l'impression qu'il ne jure que par la justesse, le propre et le bien-fait. Alors que dans mon cas, je ressens un besoin total de rejet de cette propreté. Chez la plupart des auteurs (livres, cinéma, bd, musique) qui m'intéressent, c'est la saleté qui prédomine: à go, on tourne caméra à l'épaule, tant mieux si ça shake; on écrit comme un jeune attardé; on parle de junkies; on met un gros fuzz dans la guitare... Comme un besoin incontrolable d'autodestruction, de jouer avec le flou plutôt qu'avec le clair et net. Je ne cherche pas le sang et l'explosion à l'écran. Juste le sentiment que telle réplique ou telle scène n'était pas prévue. Et puis oui, le plan coupe sec, et puis oui, le raccord n'est pas clean cut. Parfait. Feed me. Peut-être est-ce parce que je suis jeune, mais mon besoin de chaos ne cesse que très rarement.
"Si tu veux faire un film policier, ya quand même certaines règles à suivre, si tu veux pas perdre ton audience..." Ok, mais le gars qui a fait un album jazz-alternatif-fusion avec uniquement des synthétiseurs, ya tu suivis une règle? Euh, jcrois pas.. Le type qui fait un film avec ses propres moyens (18$ mettons), ça lui tente tu de faire comme il veut? Euh, oui. Fuck la production habituelle. T'as tu vraiment besoin d'engager des AAACTEURS PROOOfessionnels, payés 8 milles tomates la seconde? J'vais demander à des chums qui ont autant de talent, sinon plus, pour moins que l'prix d'une pizz divisée en gang. Si j'veux écrire, j'ai tu besoin d'un fournisseur de pousseux d'crayons? Euh non. J'va écrire sur ma page, pis c'est tout. Au pire, si ya quelqu'un qui fait la piasse avec c'que j'fais, j'vais juste être honnoré. "Wow, ya quelqu'un qui reprend mon idée." Je suis sûrement naïf, mais honnêtement, si tu penses que ça me fais un pli, tu te trompes. Radicalement. Tant que tu me parles d'un sujet qui m'intéresse. Let's go, les road-trips dans les films, l'auto-fiction, les albums conceptuels et trames sonores, les vidéoclips... Là, tu me pars sur un sujet pendant des heures, et j'vais finir plus bandé mentalement qu'avec une p'tite pouf. qui va juste me complexer davantage sur mes besoins de primate.
L'écriture comme exhutoire
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J'écris pour mieux feeler. Pour me divertir, surtout. Pour partir des discussions (pas nécessairement des débats hein!). Pour avoir enfin l'esprit libéré d'une certaine pensée. "Ça fait longtemps que ça me trotte en tête, cette question, et on dirait que personne n'en a parlé." Eh ben, je l'fais. Voilà, c'est réglé, on passe à un autre appel. Ou sinon, je continue sur le sujet mais en couvrant un terrain ou un thème différent. Mon texte sur Montréal, j'aimais bien l'idée, mais le résultat est moins convaincant que c'que j'pensais que ça donnerais. En fait, le début et la fin du texte est à l'image de ce que j'avais en tête. J'ai dit pourquoi je me souviens d'aimer la ville, mais j'ai passer trop peu de temps à ce que j'aime en elle. Alors ya de grosses chances que j'en reparle. Les complexes relationnels, même chose: on tombe toujours sur une nouvelle madame qui nous fait tourner la tête, et voilà, le caroussel de complexes, d'idées, de scénarios, reprend. Sauf qu'à la longue, on peut s'emmerder de toujours revenir sur les mêmes thèmes. C'est pour cela que, des fois, même l'écriture devient ennuyante. Alors je me tourne vers la composition. Et puis, encore là, je tomberais plus dans la facilité que la complexité: pourquoi composer, quand la réalité elle-même est déjà si riche en sonorités? J'ai eu envie d'enregistrer le son de la ville, de l'université. Les ambiances qui résonnent dans les métros. ...bon, jusqu'à présent c'est pas terrible, mais c'est quand même un procédé qui m'intéresserait de travailler.
Et puis merde, pourquoi j'écris? ....ya personne qui va lire ça...
So what? J'écris pour moi. Même si j'aimerais que les autres lisent, ça les avance à rien.
...Et puis, pourquoi avancer?? Aller sur les côtés, dans les hauteurs et les bassesses, c'est tout aussi intéressant. Connaître les autres, les gens qui m'entourent. Ça m'intéresse davantage que de connaître Barthes, ou de savoir c'que Deleuze a écrit sur la structurisation blablabla.....
JD, 25 nov 2009, 21h.
Edit:
La psychologie de cuisine
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Merci de me dire que c'est bien. Merci, maman papa tite soeur le chien le serrurier. Merci d'me lire. Bon, t'en dis quoi, maintenant? Parce que bon, c'est bien de se savoir lire. Encore faut-il que ça finisse là? Disons que je suis au restaurant avec toi, amigo, et que je te dises tout cela en haut. Tu vas me dire "oui" ? Euhh.... oui à quoi, là? Vas-y, exprime-toi, padre.
Dans mon livre à moi, un post, c'est comme un mini forum: faut que les commentaires rajoutent au texte. Je parle de l'éducation, tu rajoute en parlant de ta vision de la chose. Ou en parlant de quelque chose de relativement connexe. Etcetera.
Quand j'écris, c'est rarement pour partir la discussion de température. C'est souvent pour me sauver de la psychologie de cuisine. Ces genres de discussions qui ne mènent à rien, que pour dire: "ah ben si tu penses comme ça, ça veut dire que t'es ce genre de personne là", ou encore "oué, j'pense comme ça". Et puis c'est tout... On se retrouve seul, face au silence. Tant qu'à ça, laisse faire, c'est pas plus grave, tu retourne ton bureau face au prof, pis on en parle pas. Tout pour m'échapper du petit "sofa-talking", cette expédition au coeur du pays-dla-tappe-dans-l'dos avant de revenir au gros néant solitaire.
Écoute. Si je t'écris de quoi, c'est parce que j'estime que ta réponse va alimenter le sujet. Bref, amigo. N'aie pas peur de l'écriture. Tant qu'à parler pour rien dire, au moins dis-en beaucoup, ça fait plus de matos à lire et à interpréter sur différent niveau! Et là, évidement, je m'inclu dans ce lot. Je suis conscient que depuis 8 à 10 paragraphes, j'écris pour rien dire, pour chialer. Mais jme dis que c'est déjà plus drôle à lire que si j'avais juste écrit: "jm'emmerde en histoire."
Non?
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23h, le même soir.
mercredi 25 novembre 2009
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moi j'te lis...
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Sélé
I like , I like, I like.
RépondreSupprimerj'ai pas fini...
parler de junkies han mon petit jean???
Totalement d'accord avec toi sur pleins de points. Ouais les auteurs sont durs à lire, voir pénible, mais je ne crois pas qu'il faudrait pour autant diss leur shit. La laideur vient d'eux aussi, ok c'est un peu abstrait comme phrase, mais bon.
Ça fait chier les gens qui demande pourquoi on fait pas des films pour plaire à maman et papa.
Bref, j'aime ta vérité poétique, lyrique, philosophique, tictic
L'écriture comme exécutoire.
RépondreSupprimerOuin pis....pour moi léccriture sa maide, cé surement psychologique, mais jécris pis après jme sens mieux. J'écris ce qui se passe dans ma tête pour maider à mieux avancer. Parce que je veux avancer. Parce que je veux pas rester à meme place... Sa peut paraitre con, stupide mais cé pareil sah... C'est vrai, que les commentaires sa rend ce que tu as écrit amplement meilleur. Moi je deteste les commentaires: wowww, cé vraiment beau! Sa ménerve crime...j'écris pas pour quon me dise que cé beau, mais pour quon me parle du SUJET. L'essentiel de la chose. Moi jaime savoir ce que les autres penses sur le sujet x...jaime savoir comment ils réagiraient pis pourquoi ils feraient sa demm... et jaime lire les textes qui sont simple et différent comme les tiens!
Un commentaire comme ça, ça mérite un café. Bon sang que ça me rappelle les discussions d'après-party jusqu'à 4h du matin sur les pourquoi et les comment.
RépondreSupprimerMerci infiniment pour ton appuie, et sache que je te suis aussi dans ton parcours d'écriture!