Assis, les avant bras sur les genoux, les pupilles serrées, le cœur en étau, sur les marches qui mènent à la réception du mariage. Une vapeur s'échappe de la bouche crispée, entre l'amertume et l'espoir. La musique passe à travers les fenêtres ouvertes. Un slow juste assez doux pour sourire, mais trop belle pour ne pas pleurer. Juste assez forte pour qu'elle s'entende de l'extérieur comme un soupir sous la fine pluie distillée.
Le smoking n'a fait aucune différence. Chandail et jeans n'auraient rien changer; ce n'est qu'une question de formalité. Il n'y a pas de sentiment d'accomplissement. Juste la musique qui traverse le corps, rappelant à quel point on peut se sentir seul, au cours de certaines occasions spéciales. L'estomac serré, la main indécise autour de la coupe de vin, l'autre écrasant un mégot de cigarette. "All I see is your face, All I need is your touch". Fermer les yeux, couper les effluves, ravaler sa solitude. Oublier le couple parfait qui danse au milieu de la piste.
Une personne sort, s'installe. Pas trop proche, ni trop loin. Juste là. Certains silences sentent le malaise à dix mètres à la ronde. Et puis, il y a les silences qui font bien, simplement pour porter compagnie dans un petit moment de douleur à oublier.
-Ça va aller?
L'envie de tout avouer, de verser les blessures en petits mots, de laisser partir une larme ou plusieurs.
Mais, non.
Il suffit d'un hochement, esquisser un sourire d'une milliseconde, renifler, et le message passe comme il se doit. La magie opère sur un rayon d'un kilomètre, il faut croire. Pas d'explication nécessaire, ni d'accolades embarrassantes. Le silence a fait son boulot.
Impossible d'entendre la musique sans s'imaginer la scène au creux des bras de la si jeune mariée. Alors, un dernier regard sincère sur la scène permet de mieux accepter la réalité. "Ça ne sera jamais moi, là, tout simplement, avec elle."
Le ciel s'est emmitouflé sous une couverture bleu marine. Une petite marche nocturne s'impose à travers le petit sentier forestier.
Personne n'y verra tes yeux en vagues. Laisse-toi aller.
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JD
mardi 5 avril 2011, 20h30
(ça faisait juste 3-4 jour que ça me restait collé en tête... encore là, c'est pas aussi génial que je l'aurais souhaité...)
mardi 5 avril 2011
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