jeudi 14 octobre 2010

Slide to Dream (jeudi 14 oct 2010)

Je suis à l'arrière de la voiture, la ceinture qui me coupe la respiration. À l'avant, du côté passagé, un ami semble aussi anxieux que moi, mais pour d'autres raisons. Que sais-je...
Je vis un rêve; reste à savoir s'il tournera au cauchemar ou non.

La porte s'ouvre du côté du conducteur. Ni rassuré, ni en danger, ma tête fait de petits sauts à l'intérieur du crâne. Entre malaise et confort, je laisse la voiture nous guider vers nulle part. Le regard tombe souvent dans le vide pour chacun de nous trois et je commence à me demander: "Mais, on va où, là, au juste?". Tous trois silencieux, tous le regard au loin ou sur ses genoux. Puis, on me propose de donner la prochaine destination. Dans mes pensées vagues, je souris, fais semblant d'avoir compris la question, et pointe dans le vide. La voiture prend alors un tournant...

Au moment de changer de direction, je me retrouve soudainement sur la banquette avant de la voiture, mon ami maintenant à l'arrière. Ni à la place du passager, ni totalement au volant, je regarde droit devant. La musique me berce, l'odeur ambiante change. Je vois tout à coup de magnifiques paysages, peu visibles de l'arrière. Mon visage rougit, je deviens plus serein et je sens le volant se glisser légèrement sous mes doigts. I grip the steering wheel as hard as I can. À moitié en cuir glacé et moitié tissu carotté, je prend le contrôle qu'il me permet d'avoir pendant de courts instants avant de repartir dans un autre sens, revenir et repartir, toujours et encore. La musique qui joue me fait planer, un morceau puis un autre, puis un autre, puis un autre. L'émotion me prend au cœur, j'en ai des sueurs, je suis pris de vertige qui me fait voir pour la première fois que je suis maître de mon rêve! Après toutes ces années sur le siège arrière, je suis enfin capable de diriger la voiture là où je souhaite aller... Certes, il faut suivre le code de la route, et heureusement, je suis assez éveillé pour le suivre. Mais on m'incite implicitement à dévier quelques fois, me laissant dans une euphorie sans borne... Le nez collé sur le volant, j'hume le parfum enivrant jusqu'à ne plus voir clair... Les paysages défilent, et se ressemblent, mais sont toujours d'une beauté inouïe.

Après avoir voyager par moi-même une bonne demie-heure, je décide de reléguer le volant à mon ami, presque épuisé, sur le bord de me laisser bercer dans un profond sommeil rêveur au fond du premier rêve. Je suis soulagé, vanné, et émerveillé. Et tout ce temps, jamais je n'ai vu le visage de cette personne qui me passait le volant... Mais tout ça n'a plus d'importance.

Pour la première fois, je conduisais mon rêve selon ma volonté. La hantise n'est plus.
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JD
jeudi soir, 14 octobre 2010, minuit

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