J’ai pensé à nous deux. Ce que ça donnerait. Encore. J’essaie de penser uniquement aux bons moments, à ceux où tu as souris en même temps que moi. Les mauvais, j’essaie de les laisser au placard, en espérant qu’ils se décomposent comme un corps mort. Je n’ai pas de photo de toi, mais ça m’importe peu. J’ai des images de toi plein la tête, on dirait les affiches qu’on colle sur les panneaux dans la rue, avec les plis, et des affiches qui s’empilent par dessus, qui essaient de faire oublier les évènements passés, et qui, malgré tout, restent collées. Maintenant, le premier souvenir qui me revient en pensant à nous, c’est sur le sofa, à la lueur d’une faible lumière, à côté du piano, ma tête sur tes genoux. Le spaghetti que tu n’as pas fait collé. Mon disque de Coltrane qui jouait «Everytime We Say Goodbye», et je t’ai prise dans mes bras, danser un slow, le premier et le dernier que j’aie jamais dansé.
Les nuits d’été, mon corps en sueur par dessus les couvertures. Les matins avec les griffes d’Edgar sur mes orteils. Le disque de Damien Rice qui te faisait pleurer, celui de Bran Van que je t’ai acheté. La rupture que je repoussais sans cesse, «Now’s not the right time. Attendons après le Pow Wow…» Tu m’as pris de court, en citant Forest, du Loup. «L’illusion de ce bonheur n’est-il seulement que l’habitude?» Et moi qui a pleuré toute la nuit, maudissant Allen et sa Barcelone de t’avoir mis cette idée en tête. On s’est quitté, on s’est disputé, on a baisé, on s’est détruit, et cette nuit-là, à des kilomètres de nous, à quelques mètres de ta collègue newly-wedded, je t’ai fait écouter Duet Tacet, ta tête sur mon abdomen, we started to kiss. De toutes le fois, je crois encore que c’était la plus honnête. Tu savais que je n’avais qu’une blonde un peu cruche en tête. But we did it anyway. Et c’est ce qui a fonctionné. Sans amour, c’était plus simple ainsi. Mais ce soir, dans ton appartement, sur ton ordinateur, j’ose écrire une fois encore… Que serions-nous, aujourd’hui, si nous étions encore «nous»?
Sans le physique, sans les autres, sans tes amis ni les miens (je n’en ai plus, de toute façon), sans le stress de l’école, sans ton boulot, sans mon écriture… Si on effaçait tout, retirer chaque affiche sur la rue pour ne laisser que la nôtre, couper les plis à l’exacto, donner une nouvelle couche de vernis. Would you believe this is real? I’m asking you, because I know… I know you’ll never read this. Parce que j’ai peur que ta réponse soit positive. J’aime penser que je suis le seul à rêver. Que j’étais le seul à te respecter comme tu le mérites, à jouer le grand frère avec ta petite sœur, à blaguer avec ton père et partager une bière à ses côtés. Tu dors… J’en profite pour te piquer la dernière Boris. Et partir comme un voleur, sans faire d’erreur. No love messages this time. But I’ll admit, I like you, kid.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire