dimanche 25 septembre 2011

25 sept - Coua coua quoi les KarkwAcarde

Mardi texto de mon ex "Tu veux voir le show avec moi et Lisi? A va être contente de te voir!" J'avais plus ou moins envie, mais de voir ma petite sœur, l'envie grandissait. En même temps que la pensée "C'est malsain... Dis non." Mercredi, la maladie, elles annulent. La mienne s'efface d'un coup, celle qui me poussait à voir une fleur de bientôt 15 ans parfaitement In Bloom, voire nirvana.

Jeudi j'y suis. Ras de marée de jeunes en casquettes vintage, lunettes à grosse monture, cheveux rasés sur le côté, avec les débardeurs bruns. Enterré parmi les Xavier Dolan uniforme de la foule, déjà dans les sous-terrains de la Place-des-Arts. Montréal, la pleine. En sortant, Karkwa chante, fait rouler les riffs de guitares, lousses, précises, justes. Trop? Un écran projette Cormier et compagnie pour la rue Ste-Catherine, où je m'installe dans les marches, pour sortir l'enregistreuse.

Six ou sept gamines s'esclaffent, téléphonent fort pour trouver d'autres rieurs. Un regard inquiet dans leur direction, j'espère que le rock va les couvrir... Toujours assis, l'écran reste visible. Par moments. Minute après minute, ça coule devant moi, comme une rivière sans fin, s'abreuvant à la bière 5,25. 37 minutes et déjà Merci. Place-des-Arcade.

Dans les marches, côte à côte, coincé comme une sardine. Moi toujours assis, mes voisins se redressant. Ça va commencer. Rec? Non pas tout de suite, attends... attends. Message étrange qui résonne dans l'arène des disciples. Ok go, pars l'enregistrement. Toujours assis. L'écran a disparu sous les gens qui applaudissent vers la Catherine. Une chanson que je ne connais pas, so be it. Puis... Keep the car running. Montée d'adrénaline que je conserve pour ne pas bousiller le son. Ce soir, ça donne. Même avec la voix, quoique française, agressante de la chanteuse frisotée, les fréquences font trembler mes tripes de joie. S'en suivent succès sur succès qui me sont inconnus, parsemés de No Cars Go, et autres Intervention sorti tout droit d'une église. Enfin, je me lève. Faut bien voir le spectacle, non? L'écran diffuse, mais aucune lumière en dessous... Où sont les musiciens?? Ne te pose pas de question, concentre toi sur les sons. Le regard sur les images projetées. Damn, j'ai manqué ça! Mais encore, je cherche la scène... Les images ne sont pas synch avec les mélodies, ça gâche un peu.

Seul, à endurer fans anglos, commentaires insipides, et danses étranges, à travers les brumes d'une musique juste, envoutante. Les freaks sont rois, ce soir. On se croirait dans l'univers de Everybody Wants To Leave du Deadwolf... "Un son massive, huge, big, on the edge (on the edge)". Soudainement, l'enfant qui dansait, sautait partout, pendant Karkwa, il me manque... Après une heure et demie, le band s'éclipse. La marée se dissipe difficilement. Une femme à ma droite: "Est-ce que c'était le rappel? (Je hoche de la tête, toujours en train d'enregistrer les dernières vibes de l'orgue spatial) C'est par où le métro? Juste par là (stop la machine)". Je réalise que la scène était de l'autre côté complètement. La musique plein la tête, n'en connaissant que le cinquième, comme un zombie, je marche station PdA, puis me ravise. Plutôt prendre Place-d'Armes. ...dont la sortie est bloquée. Trop de flics, trop de barrières, trop de gens. Direction Square Victoria, à travers les milliers de gens, les nuages qui vaquent et le dos en compote.
J'appelle pour dire que je rentre, que je suis trop vieux pour tout ça.

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Vendredi, enfin. Après la répétition du vieux Loup qui semblait en pétard contre l'écho du Rialto, on allait enfin savoir ce que ça donnerait, devant une salle pleine, ou presque. Plus petite que le Métropolis, plus intime, tout en conservant le problème du Colisée Pepsi, allait-on avoir droit à des remarques assassines, comme trois ans plus tôt? On nous promettait le meilleur show de notre vie, pour les deux évènements. Accompagnés de deux louveteaux, ça pourrait facilement tourner au fiasco...

Je m'installe sur le côté droit de la scène, quelques mètres en arrière, la machine sur le rebord d'un box où sont assis sur leurs gros derches jeunes et vieux croulants. Surveillant mes arrières, craintif d'être repéré, je laisse l'appareil rouler dans son boitier pour ne pas attirer l'attention. La musique de fond s'estompe, Jean, David, Virginia, Mathieu, Alain et Charles prennent place. Seul à la guitare, quelques riffs apaisantes. La solitude parfois est immense... Les frissons d'entendre la chanson de mon enfance. Qu'il en récite plusieurs vers, entrecoupé d'autres parcelles, ça s'annonce merveilleusement bien. Le piano s'ajoute, la batterie, la basse. À moins de dix mètres du groupe, facile de voir leur sourire, sans aucun besoin d'écran géant pour plaire à tous et toutes. Coua coua corbeaux, ils reviennent sans cesse, réminiscence de Milady, nouvelle formule.

Leloup n'est pas une playlist. C'est une envie de jouer, de célébrer. Slalom entre vieux matériel (Laura date de '89, quand même), et plus récent (Invisible Time, Voyageur, La chambre à gaz), et révision (With my love, refrain qu'on associait surtout à l'intro de Faire des enfants, de la tournée des Fourmis jusqu'au Big Band).

La salle, réceptive. Je n'avais encore jamais vu ça, d'un concert du guitar-hero. Clap au bon beat, saute comme des défoncés pendant La Vie est Laide, chante pour lui "Les gens aiment bien quand ça fait mal et ya pas d'mal à s'faire du bien"! La symbiose, parfaite synchronicité.

Partie, la moue bougonneuse de Jean, le malaise de Virginia qu'on apercevait lundi. Le gros fun noir, comme c'est pas permis. Personne pour nous dire qu'on jou(i)e trop fort, pour nous dire d'aller nous coucher. Des jams à n'en plus finir sur Cookie (me faire aimer cette pièce, en plus d'un solo de basse, fallait le faire). Tant de moments parfaits, pas trop tassé dans mon coin sombre. Je hais les gens qui gueulaient autrefois "ON T'AIME JEAN!", mais ce soir, l'envie montait en moi de le crier du plus profond de mes tripes. La retenue, pour un enregistrement clean, brut comme un diamant.

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Karkwa / Arcade Fire: Band tight, musique juste, sûrement note pour note, comme sur les albums. Bref, clean, sans dérapage. Mais derrière un océan de hipsters, derrière plusieurs écrans, pour flasher, pour faire big shot. Peut-être trop propre, quoi...

Leloup et The Last Assassins: Musique lousse, incertaine, et pourtant vibrante, sentie. Le but était d'avoir du fun. Or, gros fun sale et sexy il y avait, à la tonne. Sans oublier la danse de Virginia "Let's lose some gigely!"

Verdict: vaut mieux voir un band s'amuser et faire milles et une variation avec un répertoire pratiquement infini, que de seulement entendre des musiciens faire une job de jouer prudemment leurs petites chansonnettes.

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