Je sort mon livre et met ma musique; le trajet dans l'autobus va être long.
Non, c'est faux. En voiture, avec mon père, j'ai une crise d'angoisse. En quelque part, j'aurais plutôt souhaité être en bus et être dans ma bulle, mais au fond j'ai de la chance d'avoir un lift de mon père. Le problème c'est quand vient la crise d'angoisse. Les idées qui se bousculent à toute vitesse, mon cerveau qui ne sait plus quoi penser, des histoires et des anecdotes qui sortent de nulle part et qui n'ont aucun rapport entre elles, la dramatisation... et l'émotion.
De nulle part arrive un sentiment d'incapacité. Comme si tout mon être, toutes les parcelles de mon esprit se retournent vers moi pour me dire: voilà, tu n'arrives à rien, tout te tombe dessus et tu ne contrôle rien, tu ne fais rien pour t'en sortir, tu vis un vide. Tu es vide. Mélangé à un épuisement continuel (le sommeil vers 2-3-4h du matin) et à une alimentation tout-sauf-saine (mal bouffe en permanence, incapacité de voir même de la bouffe santé), c'est la concentration à son taux le plus bas. Avec des images en tête des copains qui se soulent et qui fument le pot à longueur de semaine, ça donne le cafard à cet enfant qui ne connais que son quartier et qui, même à 21 ans, ne sent pas le besoin ni nécessairement l'envie de voir ailleurs, ni de faire comme ses ados de "copains". J'ai la top, ça me suffit bien. Pas besoin de "tripper" dans un autre monde, moi j'ai jamais compris le trip, c'est pas pour moi. Et de voir des enfants plus jeunes que moi qui tombent dans ces ptits tours de manèges, à plusieurs reprises ça me tourne le cœur. Et pourtant, je n'aime vraiment pas faire la leçon... Mais quand je vois une personne, que j'en ai une vision d'innocence et de bonheur simple tomber là dedans, que ce soit une fois par 3 mois, ça reste une image qui ne correspond pas à ma fiche mentale. Et ce qui ne se correspond pas, ça devient une source de conflit intérieure. Et ça finit par détruire mon moral. Alors, source de conflit directe avec les personnes concernées. Encore là, pas mon rôle de faire la morale. Je pensais pas passer un chapitre la dssus. Désolé.
Dans la voiture, ça me prend tout pour retenir mon souffle de désespéré chronique en repensant à tout ça. J'ai le lacrimosa facile à ce moment-là... Je retiens, je contiens, je maintiens... ça va, ça va. Ça va passer...
Rendu à bon port, "Merci merci, Merci beaucoup pour le lift, j'aurais pas été capable d'être au party finalement, j'tais trop pu dans le mood avec eux, Ce sont mes amis, oui, mais on a pas les mêmes goût sur plusieurs choses, je crois. J'voulais bouffer du bon graisseux et un ptit tabac, eux du subway-santé pis de l'herbe en grosse touffe..." ....Papa est seul, ce soir, maman est partie avec ses copines faire le party de la St-Jean. Phoebe dormait au moment où papa venait me chercher. Ses cours sont finis depuis hier, elle était plutôt énervée, et donc elle était fatiguée aujourd'hui. À notre retour, papa propose d'aller au Harveys, fêter entre nous trois. Elle se réveille et a plutôt faim, la petite. Moi aussi. Le repas est relativement silencieux, au snack: je repense à mes "amis" qui font le gros party entre eux, mon père doit penser à sa femme qui s'amuse avec ses copines, et ma p'tite soeur est encore un peu endormie, mais mange quand même avec appétit.
Dans ma chambre, l'estomac plein à craquer, ma fatigue et ma dépression plus présentes que jamais, je fond à l'écoute de "Sometimes" de My Bloody Valentine suivit de "I Will Sing You Songs" de My Morning Jacket. Je sors un livre que j'essaie de lire tous les jours sans y arriver, trop ailleurs et dans ma bulle musicale pour aller dans un autre univers. Trois heures plus tard, il est près de 11h du soir, et je suis dans un état léthargique. Je ne sens plus grand chose, et je m'emmerde royalement. Je passe la porte de ma chambre, et observe, juste en face, celle de Phoebe. Je cogne, même si elle n'est pas fermée. Elle est à son petit bureau, toute éveillée cette fois. Elle a plein de feuilles mobiles étalées, mais en ordre, devant elle: des dessins et des mots, des phrases, des lignes de phrases. Ma petite sœur, c'est mon soleil, ma preuve que la pureté existe encore. Peut-être, Elle, saura-t-elle me redonner un peu le goût de vivre...
-Phoebe... dis-moi quelque chose...
-Tu veux que j'te dises c'que j'ai fait hier?
-Hum hum, dis-moi.
-Bennnn, j'ai été à l'école, pis là, yavait Josée, pis là, c'tait la kermesse faque yavait plein plein PLEIIIN de jeux! Pis..
-Ah oui? Comme quoi?
-Attend! Tu m'as coupée! ..Ben yavait des couurses, piiis des jeux sur place comme la corde à danser...
Phoebe me parle jusqu'à l'aube.
Autant que j'en ai envie, ou qu'elle en a envie, on parle et on atteint un bonheur que personne d'autre ne peut nous donner... Phoebe m'a souvent sauvé la vie ainsi, si seulement vous saviez...
-Jean Derome-
Jeudi 25 juin 2009, 2h19am
---remixd---
mercredi 24 juin 2009
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