Vendredi 26 février 2010.
Je quitte la maison. C'est le bordel avec Cynthia et ses deux bébés qui gueulent comme des défoncés. Et moi je quitte la maison. Avec mon pad de dessin, crayon, efface et stylo. Dans le froid et la bourrasque, je reviens comme toujours à mon école primaire. Sur le terrain de soccer, ya un banc où je m'assieds. Je pose le pad dessus, et je trace les contours à la mine avec le stylo, mais le froid me fait dévier de la ligne. Déçu, et triste comme jamais, je marche plus loin, cherchant un abri contre le vent.
Sur le trottoir, on me prendrait pour un fou. Je tient la main à ma petite soeur Phoebe qui n'existe pas, je lui parle, lui demande de m'aider à aimer les enfants même s'ils ne sont pas tous comme elle, discrète et compréhensive. C'est normal: elle a 8 ans, et eux ont 3 ans. Ils n'ont pas été à l'école, et n'ont pas autant de vocabulaire que tu le souhaiterais.
Finalement mon abri se trouve à être un arrêt d'autobus. Celui-ci ne passe pas bientôt. J'abandonne, et retourne chez moi. À deux pas de ma maison, cependant, j'hésite... "Et puis non. C'est décidé: j'irai au Château Laval, prendre enfin la décision d'entrer et prendre un café. Et finir mon dessin." La marche dure une éternité. Sur le boulevard Ste-Rose, au coin de la rue Des Charmes, l'espace de verdure et de pylônes est noir et parsemé de picots blancs. La rafale de neige est si belle, j'aimerais capturer cet instant... Après environ une heure de marche, j'arrive enfin à bon port. Je vérifie l'heure de l'autobus qui me rendra chez moi en moins de deux, et mets enfin le pied à l'intérieur du sanctuaire. Un café, pour commencer.
Je pose le pad sur la minuscule table. Sucre après sucre, je fini par poser mes mains sur la tasse qui me réchauffe grandement. Pris de vertige, je l'appelle. Je demande non pas un refuge, mais une voix rassurante. Ce que j'obtiens. Même si elle est avec quelqu'un. Je la dérange. Je me refuge dans mes dessins que je complète. Et puis, avant de l'oublier, j'écris une dédicace à ce monsieur qui m'avait parlé, avant d'aller à un spectacle.
La deuxième tasse est finie. Elle m'avait demandé de venir coucher chez elle, mais j'ai hésité. Je voulais dormir dans mon lit, seul. Elle rappelle pour me dire d'oublier ça, que c'est mieux pas. À l'heure qu'il est, de toutes façons, je n'ai pas l'intention de faire 2h de trajet... Mais le rejet est dur. Pas tant, mais un peu. Je reste à l'intérieur le temps que l'autobus arrive. Je fini par payé mon café, avec un tip près du 90%, je sors, m'allume une cigarette en face du restaurant. Le petit couple, qui est entré il y a une demie heure pour demander du change, est à l'intérieur de l'abri-bus. Alors pour ne pas les entendre, j'allume mon pod. Et j'écoute pour la première fois Sade, de Bran Van. Et c'est ce qui joue en boucle jusqu'à ce que l'autobus arrive, 20-30 minutes plus tard. Et ça joue toujours quand j'en sors. Et ça joue toujours quand j'arrive devant la maison. Là où la voiture de Cynthia est toujours. En fait, c'est celle de son chum qui est venu pour la ramener. Ils sont au salon, devant un film de Disney, avec les enfants.
Et il faut que je me rappelle à quel point cette chanson m'a aidé à passer au travers de cette soirée sortie d'un univers parallèle.
Bran Van 3000 - Sade (album: Rosé)
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Samedi 6 mars 2010, 19h55
Ca fait du bien de retomber sur ce blog une fois de temps en temps :).
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